Plusieurs théories ont été imaginées sur la légitimité du gouvernement, qui vont de l’anarchisme (aucune justification possible pour la légitimation du gouvernement), à l’autoritarisme, en passant par l’utilitarisme (conséquences de l’action, qui servirait le plus grand nombre de la population au dépend de la minorité). Mais la thèse la mieux acceptée dans notre monde moderne est celle du « contrat social », qui lierait un peuple avec une autorité gouvernante. A noter que le « contrat social » n’équivaut pas forcement à la démocratie : il peut bien exister un « contrat social » dans un pays à parti unique ou monarchique.
C’est sur cette base de « contrat social » que nous pensons apprécier aujourd’hui l’autorité et la légitimité des régimes qui se sont succèdés en Mauritanie.
A mon avis, c’est la une vision erronée de notre part. Et si nous continuons de raisonner de la sorte, nous ne pourrons jamais résoudre les problèmes qui se posent à nous en Mauritanie.
Certains historiens disent que la Mauritanie est un Etat fictif, qui a été créé par le colonisateur français sans tenir compte des réalités sociales du pays, au détriment de sa composante noire. Certes, mais le plus grave c’est le comportement de la France et les idéologues arabo-berberes qui abusent l’opinion à laquelle on fait croire que le peuple noir avait conscience de la situation et que dans sa majorité, il acceptait le projet de cet Etat qui est la Mauritanie sous sa forme actuelle.
Malheureusement, nous mêmes, noirs du pays, naïvement et inconsciemment, nous continuons de nous réclamer de cet Etat sur l’avenir duquel notre peuple n’a jamais eu son mot à dire, depuis sa création. Je veux dire qu’il n’y a jamais eu d’accords entre la population noire et les différents régimes qui se sont succédé dans notre pays. Il n’y a jamais eu d’accord explicite ou tacite entre les différentes parties. Ceux qui étaient conscients du problème dans les années 60, au moment de l’indépendance, ont été elimninés de la scène politique mauritanienne, par les moyens de l’exil pour les plus chanceux, alors que la majorité était réduite au silence du fait d’une oppression sanglante qui caractérise le système discriminatoire mauritanien. Pendant la période des années 70-80 la majeure partie des noirs jouant à « l’intellectualisme » était soit obnubilée par l’intérêt individualiste, soit charmée par les thèses populistes du communisme qui mettait l’accent sur la lutte des classes noyant ainsi la question vitale des rapports du gouvernement avec la communauté noire.
A partir des années 80, la conscience noire semble renaître mais l’action sera affaiblie par l’acharnement de certains noirs à privilégier l’aspect culturelo-linguistique du combat au détriment de la revendication politique, qui constitue la base de la résolution de tous les autres problèmes. Bien que l’enseignement des langues nationales soit important dans la vie de tout peuple, la méthode utilisée et le temps choisis se sont avérés inappropriés pour le règlement du problème principal de cohabitation ou de non cohabitation des différentes communautés de la Mauritanie.
Les régimes quant à eux procédèrent à l’élimination systématique de cette conscience noire, par les arrestations, des tueries et déportations.
Depuis les années 90, nombreux, parmi les noirs soit par ignorance, par égoïsme et/ou par défaitisme veulent coûte que coûte participer aux programmes politiques initiés et conduits par les différents régimes qui gouvernent la Mauritanie sans tenir compte au préalable de cette question de base qui est le « contrat social » entre le peuple noir avec l’Etat arabo-berbere.
Il est temps qu’on réalise que, par nos actions, nous sommes entrain de reconnaître une certaine autorité à un pouvoir qui n’est pas légitime devant le peuple noir au principe de l’absence du « contrat social ». On peut aisément imaginer que si elle avait eu le choix, c’est à dire si elle s’était engagée dans un « contrat social » conscient, la communauté noire se serait retrouvée aujourd’hui dans une situation géographique et politique différente. Par exemple, le rattachement au Sénégal pour certains et au Mali pour les autres, ou la création d’un Etat indépendant du sud et de Sud-est du pays.
Je crois que nous tous devrons assimiler et intégrer cette notion politique de base car beaucoup perdent de vue son rôle important dans l’existence de l’Etat. Je crains fort que même au niveau de la conscience noire que cet aspect n’ait pas été bien saisie : poser le problème de la Mauritanie en terme de cohabitation entre les communautés -peut être -n’est pas en lui même suffisant- ne serait-il pas déjà présumer que la Mauritanie dans sa forme actuelle est acceptée par tout le monde ? Ceci n’explique t-il pas la course participationniste de nombreux noirs qui, peut-être de bonne foi, pensent pouvoir changer quelque chose dans la situation politique défavorable dont notre communauté est victime ? Au regard du principe politique de « contrat social », les règles : de la commutativité en mathématiques, ou du proverbe pulaar :" ina fawe sahe, wala ina sahe fawe" ne s’appliquent pas.
L’inconscience psycho-sociale de la plus grande majorité des mauritaniens de cette réalité pourrait expliquer le sentiment partagé d’infériorité des noirs et de supériorité des arabo-berberes dans notre pays.
J’anticipe déjà que certains répliqueront, en disant, qu’il y’a eu dans le passé, un président du sénat noir, un président de l’Assemblée Nationale noir, et quelques noirs continuent d’occuper des postes de ministres et d’être agents de la fonction publique.
Mais ce que ces détracteurs ignorent c’est que le choix des individualités noires ne se fait pas à partir d’une obligation morale de contrat. Les différents gouvernements ont eu des motivations égoïstes dans leur nomination : Ils l’ont fait quelque fois pour aggraver des divergences entre différentes personnes et/ ou familles ou pour masquer le vrai visage des régimes mauritaniens à l’opinion internationale.
D’ailleurs même ces noirs choisis, ne se sentent jamais comme représentants de leur communauté puisque celle la n’a joué aucun rôle dans leur promotion. Et la plupart du temps ces individualités ont coupé les ponts avec leur propre élément naturel à plus fortes raisons avec la communauté dans son ensemble. Et enfin si l’Etat avait le mandat de tout le peuple mauritanien, le nombre (arabo-berberes ou de noirs) importerait peu tant que le gouvernent assure l’intérêt de tous les citoyens.
Dés lors qu’il n’y a jamais eu de « contrat social » entre la population noire et les différents régimes, nous pouvons nous demander : devons nous juger les actes des différents régimes dont les noirs sont victimes ? De quels droits violés s’agiraient-ils ? Avons-nous le droit de réclamer de l’Etat l’exécution des obligations sur la base de quelque chose qui n’existe pas ?. En définitive, quel projet viable pour l’avenir politique et social de la Mauritanie ?
Questions que nous tenterons de répondre prochainement.
La lutte continue !
New York le 17 août 2006
Mamadou Barry FLAM Amérique du Nord
C’est sur cette base de « contrat social » que nous pensons apprécier aujourd’hui l’autorité et la légitimité des régimes qui se sont succèdés en Mauritanie.
A mon avis, c’est la une vision erronée de notre part. Et si nous continuons de raisonner de la sorte, nous ne pourrons jamais résoudre les problèmes qui se posent à nous en Mauritanie.
Certains historiens disent que la Mauritanie est un Etat fictif, qui a été créé par le colonisateur français sans tenir compte des réalités sociales du pays, au détriment de sa composante noire. Certes, mais le plus grave c’est le comportement de la France et les idéologues arabo-berberes qui abusent l’opinion à laquelle on fait croire que le peuple noir avait conscience de la situation et que dans sa majorité, il acceptait le projet de cet Etat qui est la Mauritanie sous sa forme actuelle.
Malheureusement, nous mêmes, noirs du pays, naïvement et inconsciemment, nous continuons de nous réclamer de cet Etat sur l’avenir duquel notre peuple n’a jamais eu son mot à dire, depuis sa création. Je veux dire qu’il n’y a jamais eu d’accords entre la population noire et les différents régimes qui se sont succédé dans notre pays. Il n’y a jamais eu d’accord explicite ou tacite entre les différentes parties. Ceux qui étaient conscients du problème dans les années 60, au moment de l’indépendance, ont été elimninés de la scène politique mauritanienne, par les moyens de l’exil pour les plus chanceux, alors que la majorité était réduite au silence du fait d’une oppression sanglante qui caractérise le système discriminatoire mauritanien. Pendant la période des années 70-80 la majeure partie des noirs jouant à « l’intellectualisme » était soit obnubilée par l’intérêt individualiste, soit charmée par les thèses populistes du communisme qui mettait l’accent sur la lutte des classes noyant ainsi la question vitale des rapports du gouvernement avec la communauté noire.
A partir des années 80, la conscience noire semble renaître mais l’action sera affaiblie par l’acharnement de certains noirs à privilégier l’aspect culturelo-linguistique du combat au détriment de la revendication politique, qui constitue la base de la résolution de tous les autres problèmes. Bien que l’enseignement des langues nationales soit important dans la vie de tout peuple, la méthode utilisée et le temps choisis se sont avérés inappropriés pour le règlement du problème principal de cohabitation ou de non cohabitation des différentes communautés de la Mauritanie.
Les régimes quant à eux procédèrent à l’élimination systématique de cette conscience noire, par les arrestations, des tueries et déportations.
Depuis les années 90, nombreux, parmi les noirs soit par ignorance, par égoïsme et/ou par défaitisme veulent coûte que coûte participer aux programmes politiques initiés et conduits par les différents régimes qui gouvernent la Mauritanie sans tenir compte au préalable de cette question de base qui est le « contrat social » entre le peuple noir avec l’Etat arabo-berbere.
Il est temps qu’on réalise que, par nos actions, nous sommes entrain de reconnaître une certaine autorité à un pouvoir qui n’est pas légitime devant le peuple noir au principe de l’absence du « contrat social ». On peut aisément imaginer que si elle avait eu le choix, c’est à dire si elle s’était engagée dans un « contrat social » conscient, la communauté noire se serait retrouvée aujourd’hui dans une situation géographique et politique différente. Par exemple, le rattachement au Sénégal pour certains et au Mali pour les autres, ou la création d’un Etat indépendant du sud et de Sud-est du pays.
Je crois que nous tous devrons assimiler et intégrer cette notion politique de base car beaucoup perdent de vue son rôle important dans l’existence de l’Etat. Je crains fort que même au niveau de la conscience noire que cet aspect n’ait pas été bien saisie : poser le problème de la Mauritanie en terme de cohabitation entre les communautés -peut être -n’est pas en lui même suffisant- ne serait-il pas déjà présumer que la Mauritanie dans sa forme actuelle est acceptée par tout le monde ? Ceci n’explique t-il pas la course participationniste de nombreux noirs qui, peut-être de bonne foi, pensent pouvoir changer quelque chose dans la situation politique défavorable dont notre communauté est victime ? Au regard du principe politique de « contrat social », les règles : de la commutativité en mathématiques, ou du proverbe pulaar :" ina fawe sahe, wala ina sahe fawe" ne s’appliquent pas.
L’inconscience psycho-sociale de la plus grande majorité des mauritaniens de cette réalité pourrait expliquer le sentiment partagé d’infériorité des noirs et de supériorité des arabo-berberes dans notre pays.
J’anticipe déjà que certains répliqueront, en disant, qu’il y’a eu dans le passé, un président du sénat noir, un président de l’Assemblée Nationale noir, et quelques noirs continuent d’occuper des postes de ministres et d’être agents de la fonction publique.
Mais ce que ces détracteurs ignorent c’est que le choix des individualités noires ne se fait pas à partir d’une obligation morale de contrat. Les différents gouvernements ont eu des motivations égoïstes dans leur nomination : Ils l’ont fait quelque fois pour aggraver des divergences entre différentes personnes et/ ou familles ou pour masquer le vrai visage des régimes mauritaniens à l’opinion internationale.
D’ailleurs même ces noirs choisis, ne se sentent jamais comme représentants de leur communauté puisque celle la n’a joué aucun rôle dans leur promotion. Et la plupart du temps ces individualités ont coupé les ponts avec leur propre élément naturel à plus fortes raisons avec la communauté dans son ensemble. Et enfin si l’Etat avait le mandat de tout le peuple mauritanien, le nombre (arabo-berberes ou de noirs) importerait peu tant que le gouvernent assure l’intérêt de tous les citoyens.
Dés lors qu’il n’y a jamais eu de « contrat social » entre la population noire et les différents régimes, nous pouvons nous demander : devons nous juger les actes des différents régimes dont les noirs sont victimes ? De quels droits violés s’agiraient-ils ? Avons-nous le droit de réclamer de l’Etat l’exécution des obligations sur la base de quelque chose qui n’existe pas ?. En définitive, quel projet viable pour l’avenir politique et social de la Mauritanie ?
Questions que nous tenterons de répondre prochainement.
La lutte continue !
New York le 17 août 2006
Mamadou Barry FLAM Amérique du Nord