Vingt-quatre heures après l’adoption par l’assemblée nationale du projet de loi portant abrogation et remplacement de l'ordonnance n° 024/2007 du 09/04/2007 sur le statut de l'opposition démocratique proposé par l’UFP, qui exclu l’AJD/MR de l’institution de l’Opposition, le Président de la République, M. Sidi Mohamed Ould Cheikh Abdallahi a acordé, hier, deux audiences séparées à Mohamed Jemil Mansour, président du RNRD-Tewassoul et à Sarr Ibrahima, président de l’AJD/MR.Même si Jemil Mansour n’aura pas indiqué, à sa sortie d’audience, contrairement à Sarr Ibrahim, avoir discuté de ce sujet, force est de constater que le timing de ces deux rencontres avec le président de la République, renvoie à la question.Sans doute, rappellerons- nous, le président du RNRD aurait du en dire deux mots avec le Chef de l’Etat étant donné qu’il est à l’origine même de la désignation de l’AJD/MR au poste de Secrétaire général de l’institution de l’opposition, pourtant fort réclamé auparavant par l’UFP qui est allée se faire justice devant l’assemblée nationale, laquelle lui a donné raison, en provoquant l’exclusion pure et simple de l’AJD/MR de cette institution de l’opposition démocratique.
Les deux audiences qui se sont déroulées en présence de MM. Ahmed Kelly Ould Cheikh Sidiya, conseiller principal à la Présidence de la République et Abdoulaye Mamadou Ba, conseiller, porte parole de la présidence, auront été l’occasion pour Jemil Mansour et Sarr Ibrahima d’évoquer avec le président de la République la situation du pays, de façon générale mais aussi suivant les préoccupations de tout un chacun des deux leaders politiques.
Ainsi, Ould Mansour qui soulignera à sa sortie d’audience qu’il rencontre le Chef de l’Etat, «pour la première fois, après les développements qu'a connus la scène nationale, au cours de la dernière période, notamment au plan sécuritaire», aura surtout mis l’accent sur l’impérieuse nécessité d’améliorer les conditions de vie économiques et sociales des populations et fait un diagnostic de la situation en expliquant les positions de son parti sur l’ensemble de ces développements et questions, en plus du défi que représentent l'extrémisme et la violence pour le pays.
Certes, le Président du RNRD-Tewassoul dira avoir constaté que le Président «était conscient aussi bien des positions du parti que des conditions des populations», tout comme il a dit avoir trouvé, dans les arguments du Président «un intérêt pour les affaires publiques», émettant le vœu de voir ces explications «se répercuter positivement prochainement sur l’action du gouvernement» .
Mais il aura passé sous silence les relations déjà trop tendues entres les formations politiques de l’opposition laquelle prend un sérieux coup suite à cette exclusion de l’AJD/MR de son institution par le vote de la «proposition de loi règlement de compte» (dixit Kane Hamidou Baba).
Pourtant, Sarr Ibrahima qui revient des sites des réfugiés ne s’embarrassera pas de souligner à ce sujet: «J’ai aussi eu l’occasion de féliciter le Président de la République par rapport à la récente tenue à l’Assemblée nationale d’une séance consacrant l’adoption d'un projet de loi sur le statut de l’opposition. J’ai félicité le Président de la République puisque c’est la première fois qu’on a vu un parti d’opposition proposer en Mauritanie une loi qui a été adoptée à l’Assemblée nationale avec la majorité. Je crois que c’est un évènement historique qu’il faut saluer quelque soient d’ailleurs les fond du problème. J’ai constaté que les députés de la majorité peuvent parfois rejoindre les députés de l’opposition sur les questions importantes concernant la vie nationale, et j’espère que cela va continuer comme ça dans l’avenir.
C’est une indépendance de l’Assemblée nationale qui est plus ou moins inaugurée et qui montre effectivement que quelquefois, les députés de l’opposition peuvent proposer des lois et que la majorité peut les rejoindre. Je m’en félicite quelque soient les fonds du problème concernant cette opposition qui a connu, un moment donné, des difficultés pour se mettre d’accord sur ce statut».
Il est vrai que son absence le jour du vote de cette proposition pour être au chevet des réfugiés dénote de son acceptation de ce qui adviendra du bras de fer du groupe parlementaire de l’UFP et de ceux des autres formations de l’opposition, étant donné qu’il ne siège pas à l’assemblée nationale.
A propos des autres sujets évoqués avec le Président de la République, M. Sarr Ibrahima dira avoir «eu à discuter de beaucoup de problèmes intéressant la vie nationale. J’ai voulu l’entretenir surtout de la situation de nos parents qui sont rentrés de la déportation et qui sont maintenant chez nous mais dont les conditions d’accueil sont aujourd’hui assez précaires. L’AJD/MR avait déjà effectué une visite à Rosso aux trois sites PK6, Demal Dikket Toulel, où nous avons rencontré nos compatriotes que nous avons trouvés dans des conditions assez difficiles. Et je venais justement au Président de la République pour que des mesures d’urgence soient prises pour soulager ces populations. Je savais déjà avant aujourd’hui que le Président de la république avait donné des instructions, que l’Agence qui vient d’être mise en place a commencé le travail, que certaines dispositions sont prises et nous nous en félicitons. Nous pensons que ces premiers revenants doivent faire l’objet d'une grande attention de la part des pouvoirs publics pour encourager ceux qui ne sont pas encore revenus à revenir. Nous demandons d'ailleurs à toute la Mauritanie de se mobiliser pour que nos compatriotes reviennent dans la dignité, reprendre leur statut de mauritaniens, recouvrer tous leurs biens et assister à la construction nationale.
Tous les citoyens mauritaniens doivent se mobiliser pour apporter une contribution positive pour permettre à ces mauritaniens de se retrouver chez eux. C’est dans ce contexte d’ailleurs que mon parti a pris l’initiative d’organiser une journée de solidarité par le biais des femmes de l’AJD/MR en direction de ces revenants qui, pour l’essentiel, sont des femmes et des enfants. J’ai aussi évoqué avec le Président de la République la situation difficile que traverse la population aujourd’hui à cause du renchérissement de la vie, de l’élévation des prix et du problème de l’insécurité. Là aussi, le Président de la République m’a assuré que les dispositions sont prises pour créer surtout les conditions d’un développement à long terme mais qui prend en charge aussi les préoccupations du moment parce qu’on ne peut changer la situation du pays du jour au lendemain. Mais il faut toute suite prendre des mesures pour soulager les populations tout en essayant de créer des conditions de développement plus durables».
Et de conclure: «J’ai effectivement aussi évoqué avec le Président de la République des questions concernant la vie nationale en général et d’autres questions importantes. Sur toutes ces questions, le Président de la République, comme d’habitude, a répondu avec la même franchise, la même densité de vue. C’est un entretien qui, comme d’habitude, m’a fait beaucoup de joie et j’espère qu’à l'avenir, j’aurai encore l’occasion de m’entretenir avec le Chef de l’Etat sur les sujets concernant la vie nationale».
Le ton très réconciliateur de Sarr Ibrahima qui semble s’en remettre au Président de la République serait-il un prélude à un rapprochement du pouvoir, maintenant que l’opposition démocratique ait fermé la porte de son institution à son parti, un peu comme si elle la jetait dans les bras du Président Ould Cheikh Abdallahi?
Quoiqu’il en soit, le poids de l’AJD/MR sur l’échiquier politique est indéniable, surtout si l’on prend en compte qu’en basculant vers la majorité présidentielle, elle affaiblira davantage l’opposition dont les composantes entretiennent déjà une relation de «je t’aime moi non plus», dont elle pâtira encore quelques mois à venir, voire quelques années.
Mohamed Ould Khattatt
[mmkhattatt@hotmail. com]mail: mmkhattatt@hotmail. com
Les deux audiences qui se sont déroulées en présence de MM. Ahmed Kelly Ould Cheikh Sidiya, conseiller principal à la Présidence de la République et Abdoulaye Mamadou Ba, conseiller, porte parole de la présidence, auront été l’occasion pour Jemil Mansour et Sarr Ibrahima d’évoquer avec le président de la République la situation du pays, de façon générale mais aussi suivant les préoccupations de tout un chacun des deux leaders politiques.
Ainsi, Ould Mansour qui soulignera à sa sortie d’audience qu’il rencontre le Chef de l’Etat, «pour la première fois, après les développements qu'a connus la scène nationale, au cours de la dernière période, notamment au plan sécuritaire», aura surtout mis l’accent sur l’impérieuse nécessité d’améliorer les conditions de vie économiques et sociales des populations et fait un diagnostic de la situation en expliquant les positions de son parti sur l’ensemble de ces développements et questions, en plus du défi que représentent l'extrémisme et la violence pour le pays.
Certes, le Président du RNRD-Tewassoul dira avoir constaté que le Président «était conscient aussi bien des positions du parti que des conditions des populations», tout comme il a dit avoir trouvé, dans les arguments du Président «un intérêt pour les affaires publiques», émettant le vœu de voir ces explications «se répercuter positivement prochainement sur l’action du gouvernement» .
Mais il aura passé sous silence les relations déjà trop tendues entres les formations politiques de l’opposition laquelle prend un sérieux coup suite à cette exclusion de l’AJD/MR de son institution par le vote de la «proposition de loi règlement de compte» (dixit Kane Hamidou Baba).
Pourtant, Sarr Ibrahima qui revient des sites des réfugiés ne s’embarrassera pas de souligner à ce sujet: «J’ai aussi eu l’occasion de féliciter le Président de la République par rapport à la récente tenue à l’Assemblée nationale d’une séance consacrant l’adoption d'un projet de loi sur le statut de l’opposition. J’ai félicité le Président de la République puisque c’est la première fois qu’on a vu un parti d’opposition proposer en Mauritanie une loi qui a été adoptée à l’Assemblée nationale avec la majorité. Je crois que c’est un évènement historique qu’il faut saluer quelque soient d’ailleurs les fond du problème. J’ai constaté que les députés de la majorité peuvent parfois rejoindre les députés de l’opposition sur les questions importantes concernant la vie nationale, et j’espère que cela va continuer comme ça dans l’avenir.
C’est une indépendance de l’Assemblée nationale qui est plus ou moins inaugurée et qui montre effectivement que quelquefois, les députés de l’opposition peuvent proposer des lois et que la majorité peut les rejoindre. Je m’en félicite quelque soient les fonds du problème concernant cette opposition qui a connu, un moment donné, des difficultés pour se mettre d’accord sur ce statut».
Il est vrai que son absence le jour du vote de cette proposition pour être au chevet des réfugiés dénote de son acceptation de ce qui adviendra du bras de fer du groupe parlementaire de l’UFP et de ceux des autres formations de l’opposition, étant donné qu’il ne siège pas à l’assemblée nationale.
A propos des autres sujets évoqués avec le Président de la République, M. Sarr Ibrahima dira avoir «eu à discuter de beaucoup de problèmes intéressant la vie nationale. J’ai voulu l’entretenir surtout de la situation de nos parents qui sont rentrés de la déportation et qui sont maintenant chez nous mais dont les conditions d’accueil sont aujourd’hui assez précaires. L’AJD/MR avait déjà effectué une visite à Rosso aux trois sites PK6, Demal Dikket Toulel, où nous avons rencontré nos compatriotes que nous avons trouvés dans des conditions assez difficiles. Et je venais justement au Président de la République pour que des mesures d’urgence soient prises pour soulager ces populations. Je savais déjà avant aujourd’hui que le Président de la république avait donné des instructions, que l’Agence qui vient d’être mise en place a commencé le travail, que certaines dispositions sont prises et nous nous en félicitons. Nous pensons que ces premiers revenants doivent faire l’objet d'une grande attention de la part des pouvoirs publics pour encourager ceux qui ne sont pas encore revenus à revenir. Nous demandons d'ailleurs à toute la Mauritanie de se mobiliser pour que nos compatriotes reviennent dans la dignité, reprendre leur statut de mauritaniens, recouvrer tous leurs biens et assister à la construction nationale.
Tous les citoyens mauritaniens doivent se mobiliser pour apporter une contribution positive pour permettre à ces mauritaniens de se retrouver chez eux. C’est dans ce contexte d’ailleurs que mon parti a pris l’initiative d’organiser une journée de solidarité par le biais des femmes de l’AJD/MR en direction de ces revenants qui, pour l’essentiel, sont des femmes et des enfants. J’ai aussi évoqué avec le Président de la République la situation difficile que traverse la population aujourd’hui à cause du renchérissement de la vie, de l’élévation des prix et du problème de l’insécurité. Là aussi, le Président de la République m’a assuré que les dispositions sont prises pour créer surtout les conditions d’un développement à long terme mais qui prend en charge aussi les préoccupations du moment parce qu’on ne peut changer la situation du pays du jour au lendemain. Mais il faut toute suite prendre des mesures pour soulager les populations tout en essayant de créer des conditions de développement plus durables».
Et de conclure: «J’ai effectivement aussi évoqué avec le Président de la République des questions concernant la vie nationale en général et d’autres questions importantes. Sur toutes ces questions, le Président de la République, comme d’habitude, a répondu avec la même franchise, la même densité de vue. C’est un entretien qui, comme d’habitude, m’a fait beaucoup de joie et j’espère qu’à l'avenir, j’aurai encore l’occasion de m’entretenir avec le Chef de l’Etat sur les sujets concernant la vie nationale».
Le ton très réconciliateur de Sarr Ibrahima qui semble s’en remettre au Président de la République serait-il un prélude à un rapprochement du pouvoir, maintenant que l’opposition démocratique ait fermé la porte de son institution à son parti, un peu comme si elle la jetait dans les bras du Président Ould Cheikh Abdallahi?
Quoiqu’il en soit, le poids de l’AJD/MR sur l’échiquier politique est indéniable, surtout si l’on prend en compte qu’en basculant vers la majorité présidentielle, elle affaiblira davantage l’opposition dont les composantes entretiennent déjà une relation de «je t’aime moi non plus», dont elle pâtira encore quelques mois à venir, voire quelques années.
Mohamed Ould Khattatt
[mmkhattatt@hotmail. com]mail: mmkhattatt@hotmail. com