Les opérations d’enrôlement en cours en Mauritanie montre à quel point nos autorités sont capables de fouler au pied les règles élémentaires de droit et d’humilier une communauté toute entière : Au départ, on nous disait que le projet de réforme de l’état civil voté au parlement permettait : d’avoir un registre national unique de population attribuant un numéro d’identification national à tout mauritanien, de créer un guichet unique pour faciliter les démarches administratives, et de délivrer tous les documents (passeports, cartes d’identité, actes de naissances, etc.) par une seule administration. En théorie, ce dispositif était plus fiable que le RANVEC (Recensement Administratif national à vocation électorale) de 1997.
En 1999, un agent du RANVEC est venu nous recenser à la maison et nous a remis nos papiers d’état civil datés et signés (feuillets jaunes). Avec ces feuillets, on nous a établi nos cartes d’identité qu’on disait infalsifiables. Tout se passait bien. En 2011, 12 ans après, c’est nous-mêmes qui devons nous déplacer chez les agents recenseurs qui ne sont ni juges, ni procureurs et leur prouver que nous sommes mauritaniens. Ces agents peuvent, selon leur vouloir, déchoir un individu de sa nationalité et il devient du coup apatride sans aucun moyen de recours. Dans un pays de droit comme la France, « seul un décret, après avis conforme du conseil d’état peut déchoir un individu de la nationalité » et cette déchéance n’est appliquée que pour des actes qualifiés de crime. La déchéance n’est pas applicable s’il a pour résultat de rendre l’individu apatride (art 25 du code civil français). Le code civil mauritanien inspiré du code civil français enfreint ses propres règles et le citoyen n’a aucun moyen légal de faire valoir ce droit! Les agents recruteurs (qui n’ont aucune compétence en droit) se substituent aux juges et aux procureurs et ne se basent sur aucun critère objectif pour juger de la recevabilité ou non d’un dossier. Chaque centre de recensement a ses propres règles, ses propres critères. Tous les membres de la commission nationale de recensement (ils sont 19) sont issus de la composante maure sauf 1. Dans une émission télévisée, ce singleton a lui-même douté de sa nationalité mauritanienne à cause de son nom de famille et le Président de l’Agence nationale chargée des opérations d’enrôlement le lui a fait savoir.
A travers les différents témoignages, nous avons tous compris que le pouvoir mauritanien a déjà défini une feuille de route aux agents recenseurs : épurer le fichier de sa composante négro africaine, publier enfin les statistiques démographiques de la Mauritanie tant attendues depuis plus de 10 ans, montrer à la face du monde que la composante maure constitue l’ethnie majoritaire et, en prévision d’échéances électorales futures, manipuler le fichier électoral qui a déjà volé en éclat. Le Professeur Hamdou Rabby SY, Biram ould Abeid, Abderahmane Ngaidé dit Bassel, Ciré BA, Boubacar Diagana, Haimoud, Lo Gourmo, Abda Wone et d'autres que je ne pourrais pas tous citer nous ont bien sensibilisé sur le plan d'épuration ethnique qui se prépare. Ils sont ma source d'inspiration.
Les Beydanes, eux, ne sont soumis à aucun interrogatoire, aucune exigence pour prouver qu’ils sont mauritaniens: c’est déjà évident pour les agents recenseurs. Je les appelle Beydanes car les Haratines appartiennent à la communauté négro africaine. Ce qui bouleverse arithmétiquement le plan muri par le pouvoir. Même si les beydanes sont d’origine sahraoui, marocaine, algérienne ou arabe tout court, ils peuvent dormir sur leurs lauriers. C’est pourquoi ils ne bronchent pas, ils ne s’associent pas à nos marches, ils ne dénoncent pas car ils considèrent que ce n’est pas leur combat. Seuls quelques Beydanes comme Mohamed Ould Maouloud, Aminetou Mint Moctar et Ahmeddou Jiddou Aly, entres autres, se sont insurgé contre les opérations sectaires d’enrôlement. A aucun moment on a entendu d'autres leaders beydanes s’insurger contre ces opérations sectaires. Au contraire, ces leaders cherchent à dialoguer avec Aziz en vue des prochaines échéances électorales pour se repositionner. Le combat que nous menons actuellement est le cadet de leur souci. Les événements de 1989 sont là pour nous reveiller.
Donc personne ne combattra à notre place. C’est à nous société civile de prendre notre destin en main et d’opposer notre résistance à cette politique d’exclusion par tous les moyens : par des manifestations, par des campagnes de sensibilisation et de mobilisation, par des mots d'ordre, par des blocus des centres de recensement comme le préconisent certains de mes amis, etc.
Toutes ces actions doivent être coordonnées par un seul mouvement. Je lance un appel à tous mes compatriotes negro africains pour qu’on ne relâche pas la pression sur le pouvoir pour un arrêt définitif de ces opérations humiliantes. Il y va de notre survie. Joignons aussi l'acte à la parole: c'est bien de faire des déclarations, d'écrire des articles pour dénoncer, sensibiliser et mobiliser mais c'est encore mieux que nos intellectuels participent activement aux manifestations de grande envergure, aux blocus, etc. Seules les actions pratiques feront trembler les tenants du système.
J’en profite pour féliciter la jeunesse du mouvement « Touche pas à ma nationalité » qui regroupe tous les mauritaniens. Cette jeunesse (exemple MAPROM) a apporté du sang neuf à nos différentes actions.
Source: Habiboullah KANE
Membre du mouvement "Touche pas à ma nationalité"
En 1999, un agent du RANVEC est venu nous recenser à la maison et nous a remis nos papiers d’état civil datés et signés (feuillets jaunes). Avec ces feuillets, on nous a établi nos cartes d’identité qu’on disait infalsifiables. Tout se passait bien. En 2011, 12 ans après, c’est nous-mêmes qui devons nous déplacer chez les agents recenseurs qui ne sont ni juges, ni procureurs et leur prouver que nous sommes mauritaniens. Ces agents peuvent, selon leur vouloir, déchoir un individu de sa nationalité et il devient du coup apatride sans aucun moyen de recours. Dans un pays de droit comme la France, « seul un décret, après avis conforme du conseil d’état peut déchoir un individu de la nationalité » et cette déchéance n’est appliquée que pour des actes qualifiés de crime. La déchéance n’est pas applicable s’il a pour résultat de rendre l’individu apatride (art 25 du code civil français). Le code civil mauritanien inspiré du code civil français enfreint ses propres règles et le citoyen n’a aucun moyen légal de faire valoir ce droit! Les agents recruteurs (qui n’ont aucune compétence en droit) se substituent aux juges et aux procureurs et ne se basent sur aucun critère objectif pour juger de la recevabilité ou non d’un dossier. Chaque centre de recensement a ses propres règles, ses propres critères. Tous les membres de la commission nationale de recensement (ils sont 19) sont issus de la composante maure sauf 1. Dans une émission télévisée, ce singleton a lui-même douté de sa nationalité mauritanienne à cause de son nom de famille et le Président de l’Agence nationale chargée des opérations d’enrôlement le lui a fait savoir.
A travers les différents témoignages, nous avons tous compris que le pouvoir mauritanien a déjà défini une feuille de route aux agents recenseurs : épurer le fichier de sa composante négro africaine, publier enfin les statistiques démographiques de la Mauritanie tant attendues depuis plus de 10 ans, montrer à la face du monde que la composante maure constitue l’ethnie majoritaire et, en prévision d’échéances électorales futures, manipuler le fichier électoral qui a déjà volé en éclat. Le Professeur Hamdou Rabby SY, Biram ould Abeid, Abderahmane Ngaidé dit Bassel, Ciré BA, Boubacar Diagana, Haimoud, Lo Gourmo, Abda Wone et d'autres que je ne pourrais pas tous citer nous ont bien sensibilisé sur le plan d'épuration ethnique qui se prépare. Ils sont ma source d'inspiration.
Les Beydanes, eux, ne sont soumis à aucun interrogatoire, aucune exigence pour prouver qu’ils sont mauritaniens: c’est déjà évident pour les agents recenseurs. Je les appelle Beydanes car les Haratines appartiennent à la communauté négro africaine. Ce qui bouleverse arithmétiquement le plan muri par le pouvoir. Même si les beydanes sont d’origine sahraoui, marocaine, algérienne ou arabe tout court, ils peuvent dormir sur leurs lauriers. C’est pourquoi ils ne bronchent pas, ils ne s’associent pas à nos marches, ils ne dénoncent pas car ils considèrent que ce n’est pas leur combat. Seuls quelques Beydanes comme Mohamed Ould Maouloud, Aminetou Mint Moctar et Ahmeddou Jiddou Aly, entres autres, se sont insurgé contre les opérations sectaires d’enrôlement. A aucun moment on a entendu d'autres leaders beydanes s’insurger contre ces opérations sectaires. Au contraire, ces leaders cherchent à dialoguer avec Aziz en vue des prochaines échéances électorales pour se repositionner. Le combat que nous menons actuellement est le cadet de leur souci. Les événements de 1989 sont là pour nous reveiller.
Donc personne ne combattra à notre place. C’est à nous société civile de prendre notre destin en main et d’opposer notre résistance à cette politique d’exclusion par tous les moyens : par des manifestations, par des campagnes de sensibilisation et de mobilisation, par des mots d'ordre, par des blocus des centres de recensement comme le préconisent certains de mes amis, etc.
Toutes ces actions doivent être coordonnées par un seul mouvement. Je lance un appel à tous mes compatriotes negro africains pour qu’on ne relâche pas la pression sur le pouvoir pour un arrêt définitif de ces opérations humiliantes. Il y va de notre survie. Joignons aussi l'acte à la parole: c'est bien de faire des déclarations, d'écrire des articles pour dénoncer, sensibiliser et mobiliser mais c'est encore mieux que nos intellectuels participent activement aux manifestations de grande envergure, aux blocus, etc. Seules les actions pratiques feront trembler les tenants du système.
J’en profite pour féliciter la jeunesse du mouvement « Touche pas à ma nationalité » qui regroupe tous les mauritaniens. Cette jeunesse (exemple MAPROM) a apporté du sang neuf à nos différentes actions.
Source: Habiboullah KANE
Membre du mouvement "Touche pas à ma nationalité"