Assiraje Hebdo : Pouvez-vous vous présentez à notre public ?
Je m’appelle Alphonse Munyaneza, je travaille au HCR, je suis en charge de la communication de masse du HCR en Mauritanie et au Sénégal.
Assiraje Hebdo : Quel est le rôle du HCR dans le retour des déportés mauritaniens ?
Alphonse Munyaneza : le HCR a à la fois un rôle de coordination et un rôle de supervision sur tous les aspects pratiques de l’opération de rapatriement des réfugiés mauritanien. Nous avons aussi le mandat de veiller au respect de la protection des rapatriés durant tout le processus de retour.
Assiraje Hebdo : Est ce que l’Etat Malien est associé à ce processus ?
Alphonse Munyaneza : le Mali est associé comme observateur mais pour le moment nous n’avons un accord tripartite qu’avec le Sénégal. Nous savons que tous les pays environnants le Sénégal, hébergent des réfugiés mauritaniens. A terme pour les réfugiés mauritaniens dans ces pays là, en Europe, au Mali et un processus devra commencer des que les gouvernement auront mis en place les accord tripartites.
Dans un premier temps, les réfugiés doivent approcher le HCR dans ces pays là pour exprimer leur désir de rentrer. Parce que le processus de retour ne se déclenche qu’à partir du moment où les gens expriment au HCR et au pays hôte leur désir de rentrer. L’expression du retour doit être individuelle et recueillie au niveau des chefs de chaque famille. En résumé , dès que nous aurons recensé les candidats résidents dans d’autres états, il faudra un ou des accords tripartites et le HCR pourra alors se pencher sur la planification de leur retour ;
Assiraje Hebdo : A combien estimez-vous le nombre de déportés mauritaniens au Sénégal et au Mali ? Et combien vont revenir actuellement ?
Alphonse Munyaneza : Plus de 60 000 Mauritaniens ont fui vers le Sénégal et le Mali à la suite des conflits qui virent le jour en avril 1989. Entre 1996 et 1998, quelque 35 000 rapatriés rentrés en Mauritanie par leurs propres moyens reçurent l’aide du HCR dans le cadre du Programme Spécial d’Insertion Rapide. Pour rappel, selon une étude récente, les quelques 24.000 réfugiés Mauritaniens vivant sur plus de 250 sites différents au Sénégal souhaitent rentrer vers plus d’une centaine de communautés situées majoritairement dans les quatre régions de la vallée du fleuve Sénégal.
Assiraje Hebdo : est ce qu’actuellement vous pouvez avancez des chiffres du nombre qui va revenir pour cette phase expérimentale ?
Alphonse Munyaneza : au niveau pilote nous avons un groupe confirmé qui porte sur 208 personnes : Nous avons bien sur d’autres groupes de candidats en attente. Au niveau du bureau du HCR au Sénégal plus de trois mille personnes sont déjà recensées et le recensement se poursuivra durant toute l’années car il y’aura toujours quelqu’un qui dira, « voila je suis prêt maintenant et je veux rentrer ». Les gens rentrent à leurs rythmes, ils prennent cette décision quand ils sont prêts. C’est aussi ça la force de notre dispositif. Un dispositif capable d’accepter, et d’enregistrer régulièrement des nouvelles demandes. Mais il faut quand même signaler que nous sommes là pour dix huit mois vu que cette mission est financée pour 18 mois.
Ce serait dommage que les gens qui décident de rentrer en l’absence du HCR, le fassent à leur frais. Avec nous, ils peuvent rentrer dans les meilleures conditions de sécurité et de dignité, c'est-à-dire le transport est gratuit, exemption de droit de douane, l’immigration est facilitée. Bref tout le dispositif est fait en sorte de tenir compte des besoin de tous en particulier les vulnérables. Ceux qui décident de renter seuls devront le faire par leur propre moyen et rentreraient sans bénéficier des avantages que confère le dispositif du HCR qui comporte entre autre le suivi juridique de leur cas auprès du gouvernement.
Le gouvernement est très engagé, pour que tout le monde rentre et recouvre sa citoyenneté et que chacun recouvre l’ensemble de ses droits. D’autre part quand des milliers de personnes se rapatrient et que dans cette opération le gouvernement est appuyé par un grand nombre d’agences internationales c’est plus facile et les choses vont plus vite parce que c’est priorité pour tous les acteurs. A partir du moment où vous revenez par vos propres moyens après le départ du HCR, ça risque de prendre plus de temps parce que les acteurs seront passés à d’autres priorités. .
Assiraje Hebdo : est ce que vous pensez qu’il y’a des mécanismes de surveillances qui sont mises en place par le HCR pour recenser seulement ceux qui sont concernés, vus que vous l’avez dit c’est une opportunité, est ce que d’autres ne chercheront pas à profiter de cette facilité ?
Alphonse Munyaneza : Il y’a des critères d’éligibilité pour accéder a cette opération. Tous réfugié qui se trouve au Sénégal, qui a le statut de réfugié est quelqu’un qui a été vus et reconnu par le HCR depuis plusieurs années. Donc il y’a un processus administratif documenté avec des attestations. Nous avons une base des données qu’on appelle "Progrès", qui contient les photos, et empreintes digitales de chacun et nous avons aussi une petite biographie des gens.
D’autre part la Mauritanie a un service d’état civil qui est très bien organisé, ce qui veut dire que quand les gens déclarent qu’ils veulent revenir, nous recevons leur demande sur formulaire, avec toutes les données qui permettent d’identifier la personne. La personne signe son formulaire comme quoi elle souhaite rentrer. A partir du moment ou elle signe, nous transmettons ce formulaire au ministère de l’intérieur qui vérifie avec ses propres données l’exactitude des informations transmises. Si par malheur on n’arrive pas à retrouver la personne dans les registres de l’état civil, alors, on va dans les villages et on voit les notables pour demander des informations sur tel famille.
S’il y’a un ensemble de témoignages concordant, confirmant que tel personne est bien du village, "Il est fils de.., nous le connaissons, c’est notre cousin, etc". A ce moment là on peut valider la nationalité du candidat. Donc il n’y a pas que le processus moderne « papier », mais il y’a aussi le processus traditionnel de reconnaissance et de certification que cette personne fait bien partie de notre village, de notre famille.
Assiraje Hebdo : Il est applicable aussi aux enfants qui sont nés au Sénégal ?
Alphonse Munyaneza : pour les enfants qui sont nés au Sénégal, on a un processus différent ou l’état sénégalais est le certificateur. Il va donner ce qu’on appelle des certificats de naissances, qui seront adjoint aux formulaires d’inscription. L’accord tripartite couvre justement cet aspect là. Comme vous le voyez ce n’est pas un retour en vrac que nous organisons mais bien un retour organise dans le détail. Avec ce dispositif nous prévenons les abus divers, le trafic des enfants et la séparation des familles .Les candidats qui approche le HCR pour le recensement doivent présenter un minimum de documents certifiant les liens de parenté de la famille nucléaire.
L’administration Sénégalaise joue une rôle important pour ces actes administratifs car c’est lui qui fournira les actes de naissance pour les enfants nés sur son sol. Donc il y’a une vérification conjointe entre le Sénégal et le HCR pour authentifier si les documents fournis sont bien légaux. Et le Sénégal c’est engagé à faciliter l’octroi de ces documents qui sont essentiels pour permettre le retour. Donc nous sommes trois administrations qui travaillons en coordination pour permettre au réfugié d’avoir accès aux documents dont il a besoin pour permettre son retour. Chacun garde sa souveraineté et son autonomie mais la met à disposition pour faciliter le retour.
Assiraje Hebdo : Quel est le plan qui, est envisagé par votre institution pour ce retour ? Les sites sont ils connus ?
Alphonse Munyaneza : il n’y a pas de sites déclarés comme étant destinés a héberger les rapatriés. On ne va pas créer des camps de retour en Mauritanie. Les Réfugiés vont rentrés dans leurs lieux de résidences ou de nouvelles adresses choisi par eux. Nous recevons cette information via le formulaire du candidat. On constate que le premier groupe de 208 réfugiés, que celui-ci rentre au Trarza et au Brakhna, vers six sites dont ; Rosso ville, PK6 (Rosso), Medina Salam (Tekane), Houdallaye (Boghe), Dar Salam (Boghe)et Boynguel Thille (Aleg). Il rentre là parce que c'est leur village de résidence habituelle. Donc il n’y a pas de site désigné par le HCR comme site de retour obligé.
Nous rencontrons les gens au préalable .et ceux-ci annoncent les destinations précises. On y envoie l’émissaire du HCR pour une mission de reconnaissance pour voir est ce que le village est prêt au niveau des infrastructures, au niveau des écoles, et surtout l’accès a l’eau. Ensuite on revient vers les candidats et on leur propose une série d’intervention rapide pour mettre le site à niveau. C’est en fait une planification au niveau des familles qui est faite avec les tous bénéficiaires de part et d’autre de la rive du fleuve Sénégal. Cela est aussi fait en parallèle au retour. Parce qu’il est impossible de prévoir à l’avance ou rentrent les gens si ceux-ci se décident tard et en plus s'il change de village comme adresse de résidence. Il est important de noter qu’ils sont libres de circuler sur l’ensemble du territoire et de résider la où ils veulent. .
Assiraje Hebdo : Nous savons que la plus grandes parties des déportés sont des cultivateurs, des éleveurs et des pêcheurs, qui habitent souvent des zones bien définies en fonctions de leurs activités. Il y’a-t-il un plan de retour spécifique pour ces gens là ?
Alphonse Munyaneza : Que ce soit au niveau du transport ou de l’appui à la réinsertion le HCR a prévu de financer des petits projets d’appui a impact rapide pour permettre aux cultivateurs, aux pécheurs et aux éleveurs de pouvoir reprendre leur activité le plus rapidement et dans les meilleures conditions.
Assiraje Hebdo : il y’a des informations qui circulent sur certains critères de choix des individus qui vont revenir.
Alphonse Munyaneza : ces information sont erronées les seuls critères pris en compte sont la nationalité mauritanienne et le statut de réfugiés au Sénégal. Seul ceux répondant à ces deux critères sont éligible à l’inscription s’inscrire auprès du HCR pour programmer son retour. Pour être plus clair : vous êtes réfugié mauritanien vous avez le droit de revenir. Vous êtes fils de réfugié mauritanien né au Sénégal, vous avez le droit de revenir. Vous êtes mauritanien, vous avez marié une femme sénégalaise, votre famille et les enfants ont le droit de s’inscrire. Et je vais même aller plus loin, vous êtes mauritanien, vous ne désirez pas rentrer en Mauritanie, vous pouvez rester au Sénégal. Mieux les sénégalais ont proposé d’octroyer la nationalité sénégalaise à ceux qui veulent rester. Donc ce n’est pas un projet ou les gens sont forcés de faire quelque chose qu’ils ne veulent pas faire.
Vous êtes établis au Sénégal depuis longtemps, vous avez bien réussit votre vie là-bas, mais vous aspirez avoir votre nationalité mauritanienne reconnue, inscrivez vous auprès du HCR. Vous pouvez revenir récupérer vos biens, votre terre etc. Vous prenez votre carte de citoyen, votre passeport et vous avez le droit de retourner vivre au Sénégal comme citoyen mauritanien migrant légal au Sénégal. Donc on ne force personne à abandonner ses biens ou à choisir entre deux choix de vie. Ceux qui ont besoin de vivre en Mauritanie parce que c’est leur aspiration, vont pouvoir le faire. Ceux qui veulent revenir en Mauritanie, parce qu’ils se sentent citoyens mais veulent vivre en dehors de frontières, vont reprendre leur carte de citoyen, dont ils rêvent depuis pas mal d’années et vont vivrent là où ils ont envie de vivre.
Nous sommes ici dans un processus particulier. C’est plus qu’un rapatriement ordinaire, c’est un processus de restauration de la citoyenneté. C’est d’abord de cela qu’il s’agit on restaure les gens dans leur citoyenneté. Et à travers celle-ci il y a restauration de tous les droits y afférant. Toutes les libertés, contenue dans la constitution mauritanienne vont être récupérés par les candidats au retour. Il y'a restauration de la citoyenneté, il y a une correction historique, il y a un processus de redressement des préjudice subis, il y la volonté de réunification du tissu communautaire national
Assiraje Hebdo : il y’a un document qui a été établi, un accord tripartite entre le gouvernement mauritanien, le gouvernement sénégalais et le HCR. Pouvez vous nous faire une ébauche de ce document ?
Alphonse Munyaneza : C’est un document qui défini le cadre de travail et le cadre juridique qui va entourer le retour des réfugiés mauritaniens vivant au Sénégal et ailleurs. C’est un accord qui comporte 27 d’articles encadrant l’opération de retour et qui décrit le rôle des trois partie le Sénégal, la Mauritanie et le HCR.
Pour le Sénégal il y est entre autre mentionné que le Sénégal facilitera l’authentification des certificats de Naissance, les diplômes que les étudiants auraient eu sur place. Le Sénégal facilitera le départ, la douane et les formalités d’immigration.
Pour le HCR l’accord dit que le HCR est le coordinateur, qui supervise ; Elle est le lien entre les deux Etats. Et c’est lui qui porte la responsabilité de veiller à l’application des dispositions de l’accord tripartite auxquels les deux Etats ont souscrit. Le HCR rend compte devant une commission, qu’on appelle la commission de tripartite, de l’avancement des travaux durant l’opération.
Au niveau de la Mauritanie, on parle des obligations d’un états vis-à-vis de ses ressortissants à savoir, le juridique et tout ce qui administratif, on parle de simplification des formalités, on parle de faciliter de l’action du HCR, et de l’application de tout le droit mauritanien. En fait la restauration de tous les droits et les obligations de l’état de façon à ce que tous les rapatriés puissent bénéficier de tous les droits disponibles à l’instar des autres citoyens mauritaniens n’ayant pas connu l’exil.
Assiraje Hebdo : au cour des journées de concertations, dans le document de synthèse, il est prévus que l’Etat mauritanien doit prendre en charge le retour des déportés pendant trois mois en ce qui concerne leurs vivres ; est ce qu’il y’a une participation du HCR dans ce sens.
Alphonse Munyaneza : Nous partie prenante de ce cet engagement, et le HCR et le PAM mettrons en œuvre les engagements de l’état mauritanien pour la distribution de vivre.
Assiraje Hebdo : votre dernier mot
Alphonse Munyaneza : je remercie d’abord votre journal Assiraje Hebdo, de s’intéresser à ce sujet. J’espère que vous reviendrez pour d’autres interviews. Mon message vis-à-vis de la population mauritanienne et pour les réfugiés est le suivant : un retour n’est jamais facile. Un retour c’est un choix, c’est un choix difficile à faire. Et il y’a beaucoup d’attente, beaucoup d’espoir de part et d’autre. Et ça demande beaucoup de patience. Ce n’est pas parce l’on revient, que tout sera parfait dans les semaines qui suivent. Je pense que c’est la façon dont on accueille son frère ou sa sœur qui va permettre aux rapatrie d’oublier les difficultés qui surgiront inévitablement dans un premier temps.
Je pense que nous verrons le succès de cette opération au bout de trois années à quatre années quand les gens auront réellement relancé leur vies d’un point de vue socio économique , quant nos frères et sœurs agriculteurs auront de bonnes récoltes permettant des revenus honorables , que nos frères et sœurs éleveurs auront leur bétails qui se portent bien et que leur cheptel s’agrandit, quand nos frères et sœurs diplômés arriveront à s’insérer dans la société mauritanienne et deviennent des citoyen productifs et quand les enfants des citoyens restauré iront à l’écoles sur un même pied d’égalité.
Tout cela, évidement contribuera à consolider ce sentiment d’appartenance sociale à une communauté ayant un même destin sur un même sol et contribue au renforcement de l’unité nationale.
Assiraje Hebdo : merci beaucoup
Interview réalisée par Oumar Amadou M’baye
Source : Assiraje Hebdo (Mauritanie) via cridem
Je m’appelle Alphonse Munyaneza, je travaille au HCR, je suis en charge de la communication de masse du HCR en Mauritanie et au Sénégal.
Assiraje Hebdo : Quel est le rôle du HCR dans le retour des déportés mauritaniens ?
Alphonse Munyaneza : le HCR a à la fois un rôle de coordination et un rôle de supervision sur tous les aspects pratiques de l’opération de rapatriement des réfugiés mauritanien. Nous avons aussi le mandat de veiller au respect de la protection des rapatriés durant tout le processus de retour.
Assiraje Hebdo : Est ce que l’Etat Malien est associé à ce processus ?
Alphonse Munyaneza : le Mali est associé comme observateur mais pour le moment nous n’avons un accord tripartite qu’avec le Sénégal. Nous savons que tous les pays environnants le Sénégal, hébergent des réfugiés mauritaniens. A terme pour les réfugiés mauritaniens dans ces pays là, en Europe, au Mali et un processus devra commencer des que les gouvernement auront mis en place les accord tripartites.
Dans un premier temps, les réfugiés doivent approcher le HCR dans ces pays là pour exprimer leur désir de rentrer. Parce que le processus de retour ne se déclenche qu’à partir du moment où les gens expriment au HCR et au pays hôte leur désir de rentrer. L’expression du retour doit être individuelle et recueillie au niveau des chefs de chaque famille. En résumé , dès que nous aurons recensé les candidats résidents dans d’autres états, il faudra un ou des accords tripartites et le HCR pourra alors se pencher sur la planification de leur retour ;
Assiraje Hebdo : A combien estimez-vous le nombre de déportés mauritaniens au Sénégal et au Mali ? Et combien vont revenir actuellement ?
Alphonse Munyaneza : Plus de 60 000 Mauritaniens ont fui vers le Sénégal et le Mali à la suite des conflits qui virent le jour en avril 1989. Entre 1996 et 1998, quelque 35 000 rapatriés rentrés en Mauritanie par leurs propres moyens reçurent l’aide du HCR dans le cadre du Programme Spécial d’Insertion Rapide. Pour rappel, selon une étude récente, les quelques 24.000 réfugiés Mauritaniens vivant sur plus de 250 sites différents au Sénégal souhaitent rentrer vers plus d’une centaine de communautés situées majoritairement dans les quatre régions de la vallée du fleuve Sénégal.
Assiraje Hebdo : est ce qu’actuellement vous pouvez avancez des chiffres du nombre qui va revenir pour cette phase expérimentale ?
Alphonse Munyaneza : au niveau pilote nous avons un groupe confirmé qui porte sur 208 personnes : Nous avons bien sur d’autres groupes de candidats en attente. Au niveau du bureau du HCR au Sénégal plus de trois mille personnes sont déjà recensées et le recensement se poursuivra durant toute l’années car il y’aura toujours quelqu’un qui dira, « voila je suis prêt maintenant et je veux rentrer ». Les gens rentrent à leurs rythmes, ils prennent cette décision quand ils sont prêts. C’est aussi ça la force de notre dispositif. Un dispositif capable d’accepter, et d’enregistrer régulièrement des nouvelles demandes. Mais il faut quand même signaler que nous sommes là pour dix huit mois vu que cette mission est financée pour 18 mois.
Ce serait dommage que les gens qui décident de rentrer en l’absence du HCR, le fassent à leur frais. Avec nous, ils peuvent rentrer dans les meilleures conditions de sécurité et de dignité, c'est-à-dire le transport est gratuit, exemption de droit de douane, l’immigration est facilitée. Bref tout le dispositif est fait en sorte de tenir compte des besoin de tous en particulier les vulnérables. Ceux qui décident de renter seuls devront le faire par leur propre moyen et rentreraient sans bénéficier des avantages que confère le dispositif du HCR qui comporte entre autre le suivi juridique de leur cas auprès du gouvernement.
Le gouvernement est très engagé, pour que tout le monde rentre et recouvre sa citoyenneté et que chacun recouvre l’ensemble de ses droits. D’autre part quand des milliers de personnes se rapatrient et que dans cette opération le gouvernement est appuyé par un grand nombre d’agences internationales c’est plus facile et les choses vont plus vite parce que c’est priorité pour tous les acteurs. A partir du moment où vous revenez par vos propres moyens après le départ du HCR, ça risque de prendre plus de temps parce que les acteurs seront passés à d’autres priorités. .
Assiraje Hebdo : est ce que vous pensez qu’il y’a des mécanismes de surveillances qui sont mises en place par le HCR pour recenser seulement ceux qui sont concernés, vus que vous l’avez dit c’est une opportunité, est ce que d’autres ne chercheront pas à profiter de cette facilité ?
Alphonse Munyaneza : Il y’a des critères d’éligibilité pour accéder a cette opération. Tous réfugié qui se trouve au Sénégal, qui a le statut de réfugié est quelqu’un qui a été vus et reconnu par le HCR depuis plusieurs années. Donc il y’a un processus administratif documenté avec des attestations. Nous avons une base des données qu’on appelle "Progrès", qui contient les photos, et empreintes digitales de chacun et nous avons aussi une petite biographie des gens.
D’autre part la Mauritanie a un service d’état civil qui est très bien organisé, ce qui veut dire que quand les gens déclarent qu’ils veulent revenir, nous recevons leur demande sur formulaire, avec toutes les données qui permettent d’identifier la personne. La personne signe son formulaire comme quoi elle souhaite rentrer. A partir du moment ou elle signe, nous transmettons ce formulaire au ministère de l’intérieur qui vérifie avec ses propres données l’exactitude des informations transmises. Si par malheur on n’arrive pas à retrouver la personne dans les registres de l’état civil, alors, on va dans les villages et on voit les notables pour demander des informations sur tel famille.
S’il y’a un ensemble de témoignages concordant, confirmant que tel personne est bien du village, "Il est fils de.., nous le connaissons, c’est notre cousin, etc". A ce moment là on peut valider la nationalité du candidat. Donc il n’y a pas que le processus moderne « papier », mais il y’a aussi le processus traditionnel de reconnaissance et de certification que cette personne fait bien partie de notre village, de notre famille.
Assiraje Hebdo : Il est applicable aussi aux enfants qui sont nés au Sénégal ?
Alphonse Munyaneza : pour les enfants qui sont nés au Sénégal, on a un processus différent ou l’état sénégalais est le certificateur. Il va donner ce qu’on appelle des certificats de naissances, qui seront adjoint aux formulaires d’inscription. L’accord tripartite couvre justement cet aspect là. Comme vous le voyez ce n’est pas un retour en vrac que nous organisons mais bien un retour organise dans le détail. Avec ce dispositif nous prévenons les abus divers, le trafic des enfants et la séparation des familles .Les candidats qui approche le HCR pour le recensement doivent présenter un minimum de documents certifiant les liens de parenté de la famille nucléaire.
L’administration Sénégalaise joue une rôle important pour ces actes administratifs car c’est lui qui fournira les actes de naissance pour les enfants nés sur son sol. Donc il y’a une vérification conjointe entre le Sénégal et le HCR pour authentifier si les documents fournis sont bien légaux. Et le Sénégal c’est engagé à faciliter l’octroi de ces documents qui sont essentiels pour permettre le retour. Donc nous sommes trois administrations qui travaillons en coordination pour permettre au réfugié d’avoir accès aux documents dont il a besoin pour permettre son retour. Chacun garde sa souveraineté et son autonomie mais la met à disposition pour faciliter le retour.
Assiraje Hebdo : Quel est le plan qui, est envisagé par votre institution pour ce retour ? Les sites sont ils connus ?
Alphonse Munyaneza : il n’y a pas de sites déclarés comme étant destinés a héberger les rapatriés. On ne va pas créer des camps de retour en Mauritanie. Les Réfugiés vont rentrés dans leurs lieux de résidences ou de nouvelles adresses choisi par eux. Nous recevons cette information via le formulaire du candidat. On constate que le premier groupe de 208 réfugiés, que celui-ci rentre au Trarza et au Brakhna, vers six sites dont ; Rosso ville, PK6 (Rosso), Medina Salam (Tekane), Houdallaye (Boghe), Dar Salam (Boghe)et Boynguel Thille (Aleg). Il rentre là parce que c'est leur village de résidence habituelle. Donc il n’y a pas de site désigné par le HCR comme site de retour obligé.
Nous rencontrons les gens au préalable .et ceux-ci annoncent les destinations précises. On y envoie l’émissaire du HCR pour une mission de reconnaissance pour voir est ce que le village est prêt au niveau des infrastructures, au niveau des écoles, et surtout l’accès a l’eau. Ensuite on revient vers les candidats et on leur propose une série d’intervention rapide pour mettre le site à niveau. C’est en fait une planification au niveau des familles qui est faite avec les tous bénéficiaires de part et d’autre de la rive du fleuve Sénégal. Cela est aussi fait en parallèle au retour. Parce qu’il est impossible de prévoir à l’avance ou rentrent les gens si ceux-ci se décident tard et en plus s'il change de village comme adresse de résidence. Il est important de noter qu’ils sont libres de circuler sur l’ensemble du territoire et de résider la où ils veulent. .
Assiraje Hebdo : Nous savons que la plus grandes parties des déportés sont des cultivateurs, des éleveurs et des pêcheurs, qui habitent souvent des zones bien définies en fonctions de leurs activités. Il y’a-t-il un plan de retour spécifique pour ces gens là ?
Alphonse Munyaneza : Que ce soit au niveau du transport ou de l’appui à la réinsertion le HCR a prévu de financer des petits projets d’appui a impact rapide pour permettre aux cultivateurs, aux pécheurs et aux éleveurs de pouvoir reprendre leur activité le plus rapidement et dans les meilleures conditions.
Assiraje Hebdo : il y’a des informations qui circulent sur certains critères de choix des individus qui vont revenir.
Alphonse Munyaneza : ces information sont erronées les seuls critères pris en compte sont la nationalité mauritanienne et le statut de réfugiés au Sénégal. Seul ceux répondant à ces deux critères sont éligible à l’inscription s’inscrire auprès du HCR pour programmer son retour. Pour être plus clair : vous êtes réfugié mauritanien vous avez le droit de revenir. Vous êtes fils de réfugié mauritanien né au Sénégal, vous avez le droit de revenir. Vous êtes mauritanien, vous avez marié une femme sénégalaise, votre famille et les enfants ont le droit de s’inscrire. Et je vais même aller plus loin, vous êtes mauritanien, vous ne désirez pas rentrer en Mauritanie, vous pouvez rester au Sénégal. Mieux les sénégalais ont proposé d’octroyer la nationalité sénégalaise à ceux qui veulent rester. Donc ce n’est pas un projet ou les gens sont forcés de faire quelque chose qu’ils ne veulent pas faire.
Vous êtes établis au Sénégal depuis longtemps, vous avez bien réussit votre vie là-bas, mais vous aspirez avoir votre nationalité mauritanienne reconnue, inscrivez vous auprès du HCR. Vous pouvez revenir récupérer vos biens, votre terre etc. Vous prenez votre carte de citoyen, votre passeport et vous avez le droit de retourner vivre au Sénégal comme citoyen mauritanien migrant légal au Sénégal. Donc on ne force personne à abandonner ses biens ou à choisir entre deux choix de vie. Ceux qui ont besoin de vivre en Mauritanie parce que c’est leur aspiration, vont pouvoir le faire. Ceux qui veulent revenir en Mauritanie, parce qu’ils se sentent citoyens mais veulent vivre en dehors de frontières, vont reprendre leur carte de citoyen, dont ils rêvent depuis pas mal d’années et vont vivrent là où ils ont envie de vivre.
Nous sommes ici dans un processus particulier. C’est plus qu’un rapatriement ordinaire, c’est un processus de restauration de la citoyenneté. C’est d’abord de cela qu’il s’agit on restaure les gens dans leur citoyenneté. Et à travers celle-ci il y a restauration de tous les droits y afférant. Toutes les libertés, contenue dans la constitution mauritanienne vont être récupérés par les candidats au retour. Il y'a restauration de la citoyenneté, il y a une correction historique, il y a un processus de redressement des préjudice subis, il y la volonté de réunification du tissu communautaire national
Assiraje Hebdo : il y’a un document qui a été établi, un accord tripartite entre le gouvernement mauritanien, le gouvernement sénégalais et le HCR. Pouvez vous nous faire une ébauche de ce document ?
Alphonse Munyaneza : C’est un document qui défini le cadre de travail et le cadre juridique qui va entourer le retour des réfugiés mauritaniens vivant au Sénégal et ailleurs. C’est un accord qui comporte 27 d’articles encadrant l’opération de retour et qui décrit le rôle des trois partie le Sénégal, la Mauritanie et le HCR.
Pour le Sénégal il y est entre autre mentionné que le Sénégal facilitera l’authentification des certificats de Naissance, les diplômes que les étudiants auraient eu sur place. Le Sénégal facilitera le départ, la douane et les formalités d’immigration.
Pour le HCR l’accord dit que le HCR est le coordinateur, qui supervise ; Elle est le lien entre les deux Etats. Et c’est lui qui porte la responsabilité de veiller à l’application des dispositions de l’accord tripartite auxquels les deux Etats ont souscrit. Le HCR rend compte devant une commission, qu’on appelle la commission de tripartite, de l’avancement des travaux durant l’opération.
Au niveau de la Mauritanie, on parle des obligations d’un états vis-à-vis de ses ressortissants à savoir, le juridique et tout ce qui administratif, on parle de simplification des formalités, on parle de faciliter de l’action du HCR, et de l’application de tout le droit mauritanien. En fait la restauration de tous les droits et les obligations de l’état de façon à ce que tous les rapatriés puissent bénéficier de tous les droits disponibles à l’instar des autres citoyens mauritaniens n’ayant pas connu l’exil.
Assiraje Hebdo : au cour des journées de concertations, dans le document de synthèse, il est prévus que l’Etat mauritanien doit prendre en charge le retour des déportés pendant trois mois en ce qui concerne leurs vivres ; est ce qu’il y’a une participation du HCR dans ce sens.
Alphonse Munyaneza : Nous partie prenante de ce cet engagement, et le HCR et le PAM mettrons en œuvre les engagements de l’état mauritanien pour la distribution de vivre.
Assiraje Hebdo : votre dernier mot
Alphonse Munyaneza : je remercie d’abord votre journal Assiraje Hebdo, de s’intéresser à ce sujet. J’espère que vous reviendrez pour d’autres interviews. Mon message vis-à-vis de la population mauritanienne et pour les réfugiés est le suivant : un retour n’est jamais facile. Un retour c’est un choix, c’est un choix difficile à faire. Et il y’a beaucoup d’attente, beaucoup d’espoir de part et d’autre. Et ça demande beaucoup de patience. Ce n’est pas parce l’on revient, que tout sera parfait dans les semaines qui suivent. Je pense que c’est la façon dont on accueille son frère ou sa sœur qui va permettre aux rapatrie d’oublier les difficultés qui surgiront inévitablement dans un premier temps.
Je pense que nous verrons le succès de cette opération au bout de trois années à quatre années quand les gens auront réellement relancé leur vies d’un point de vue socio économique , quant nos frères et sœurs agriculteurs auront de bonnes récoltes permettant des revenus honorables , que nos frères et sœurs éleveurs auront leur bétails qui se portent bien et que leur cheptel s’agrandit, quand nos frères et sœurs diplômés arriveront à s’insérer dans la société mauritanienne et deviennent des citoyen productifs et quand les enfants des citoyens restauré iront à l’écoles sur un même pied d’égalité.
Tout cela, évidement contribuera à consolider ce sentiment d’appartenance sociale à une communauté ayant un même destin sur un même sol et contribue au renforcement de l’unité nationale.
Assiraje Hebdo : merci beaucoup
Interview réalisée par Oumar Amadou M’baye
Source : Assiraje Hebdo (Mauritanie) via cridem