A Nouadhibou, les Sénégalais sont figés dans la tristesse. Entre 700 et 800 candidats à l’émigration irrégulière dont des femmes enceintes, avec des bébés, ont été secourus par les autorités mauritaniennes. Il y avait au moins 13 personnes décédées, enterrées sur place à cause de leur état. Selon des rescapés, une centaine d’autres a été jetée dans l’eau lors de la traversée. Pour les survivants, éprouvés par le voyage, c’est le retour avec le début des rapatriements depuis samedi, selon le Maese. Bien sûr, la déception doit se mêler à la tristesse, car c’est la fin d’un rêve.
Les images sont insoutenables : sur une plage de Nouadhibou, des corps mis dans des sacs mortuaires sont allongés. D’autres sont déjà enveloppés dans des draps blancs pour leur enterrement. Ces derniers jours, environ 797 à 850 Sénégalais et 6 Gambiens sont arrivés dans des pirogues à Nouadhibou, située à 460 km au nord de Nouakchott, en provenance du Sénégal. Parmi eux, il y a des femmes en état de grossesse, avec des enfants et des bébés de quelques mois.
Durant la traversée vers les îles espagnoles des Canaries, il y a eu beaucoup morts : 13 candidats à l’émigration irrégulière sont arrivés décédés dont des femmes et des enfants. Ils ont été enterrés à Nouadhibou vu leur état de décomposition, confirme le ministère des Affaires étrangères et des Sénégalais de l’extérieur. D’après les rescapés, environ 90 à 100 se sont noyés et jetés dans les profondeurs de l’Atlantique. Un autre endroit, Nouamghar, a également recueilli des pirogues avec leurs immigrants dont plusieurs sont morts
Les vidéos que Le Quotidien a pu consulter, après les avoir authentifiées, sont horribles et montrent des scènes de détresse invraisemblables. Elles mettent à nu les risques qui entourent ce voyage maritime plein de vagues, surtout en cette période de l’année qui devient glaciale en haute mer. Pour l’instant, 12 migrants sont hospitalisés à l’hôpital de Nouadhibou. Dans un communiqué, le ministère des Affaires étrangères et des Sénégalais de l’extérieur confirme toutes ces informations, même s’il parle de 770 migrants sénégalais dont des enfants et des femmes, qui ont été secourus et pris en charge en territoire mauritanien depuis quelques jours. «Le ministère présente les condoléances du gouvernement aux familles éplorées et remercie les autorités mauritaniennes pour leur franche collaboration», note le Maese, qui annonce que «le rapatriement par voie terrestre de migrants a démarré samedi». Le ministère alerte sur «les dangers liés à ce phénomène et invite les parents et proches à davantage de sensibilisation dans ce sens».
Début des rapatriements !
Ces derniers jours, l’Association des Sénégalais de Nouadhibou, appuyée par les autorités mauritaniennes, les responsables de l’Organisation internationale pour les migrations (Oim) et les autorités diplomatiques sénégalaises se sont évertués à voler au secours des rescapés, éprouvés par ce voyage tumultueux et incertain.
Le Golfe de Nouadhibou semble être le cimetière des illusions de certains candidats à l’émigration vers les Canaries. En août dernier, pendant 5 jours, des Sénégalais ont été retenus dans le navire «Rio Tajo» de la Garde civile espagnole dans des conditions exécrables à cause du refus du gouvernement mauritanien de les laisser débarquer. Il s’agissait de 168 migrants qui ont été interceptés par la Garde civile espagnole le 24 août dernier dans les eaux mauritaniennes, puis ils ont été ramenés vers Saint-Louis quelques heures après.
Il faut noter que ces derniers jours, la Police mauritanienne a rapatrié plusieurs centaines de migrants sénégalais. Ils seraient plus de 2 mille 500 immigrants qui ont été transportés de Dakhla au Maroc via Nouadhibou et Rosso, puis la capitale du Nord.
Cette année, l’émigration irrégulière a explosé, provoquant la saturation des sites d’accueil au niveau des îles Canaries. Depuis début octobre, plus de 8 mille 500 migrants sont arrivés, «un record», indiquent les autorités espagnoles. Depuis janvier, plus de 23 000 migrants ont débarqué au niveau de l’archipel espagnol, soit une hausse de près de 80% par rapport à la même période de 2022. La majorité des arrivants sont originaires du Sénégal secoué par cette vague migratoire ponctuée de décès tragiques avec des naufrages d’embarcations, et de décès dus à de mauvaises conditions de voyage et climatiques. Sans oublier la filière Nicaragua pour les Etats-Unis qui n’est pas suffisamment documentée, mais des morts aussi jonchent le chemin vers l’accomplissement du… rêve américain.
Bocar SAKHO
Source : Le Quotidien (Sénégal)
Les images sont insoutenables : sur une plage de Nouadhibou, des corps mis dans des sacs mortuaires sont allongés. D’autres sont déjà enveloppés dans des draps blancs pour leur enterrement. Ces derniers jours, environ 797 à 850 Sénégalais et 6 Gambiens sont arrivés dans des pirogues à Nouadhibou, située à 460 km au nord de Nouakchott, en provenance du Sénégal. Parmi eux, il y a des femmes en état de grossesse, avec des enfants et des bébés de quelques mois.
Durant la traversée vers les îles espagnoles des Canaries, il y a eu beaucoup morts : 13 candidats à l’émigration irrégulière sont arrivés décédés dont des femmes et des enfants. Ils ont été enterrés à Nouadhibou vu leur état de décomposition, confirme le ministère des Affaires étrangères et des Sénégalais de l’extérieur. D’après les rescapés, environ 90 à 100 se sont noyés et jetés dans les profondeurs de l’Atlantique. Un autre endroit, Nouamghar, a également recueilli des pirogues avec leurs immigrants dont plusieurs sont morts
Les vidéos que Le Quotidien a pu consulter, après les avoir authentifiées, sont horribles et montrent des scènes de détresse invraisemblables. Elles mettent à nu les risques qui entourent ce voyage maritime plein de vagues, surtout en cette période de l’année qui devient glaciale en haute mer. Pour l’instant, 12 migrants sont hospitalisés à l’hôpital de Nouadhibou. Dans un communiqué, le ministère des Affaires étrangères et des Sénégalais de l’extérieur confirme toutes ces informations, même s’il parle de 770 migrants sénégalais dont des enfants et des femmes, qui ont été secourus et pris en charge en territoire mauritanien depuis quelques jours. «Le ministère présente les condoléances du gouvernement aux familles éplorées et remercie les autorités mauritaniennes pour leur franche collaboration», note le Maese, qui annonce que «le rapatriement par voie terrestre de migrants a démarré samedi». Le ministère alerte sur «les dangers liés à ce phénomène et invite les parents et proches à davantage de sensibilisation dans ce sens».
Début des rapatriements !
Ces derniers jours, l’Association des Sénégalais de Nouadhibou, appuyée par les autorités mauritaniennes, les responsables de l’Organisation internationale pour les migrations (Oim) et les autorités diplomatiques sénégalaises se sont évertués à voler au secours des rescapés, éprouvés par ce voyage tumultueux et incertain.
Le Golfe de Nouadhibou semble être le cimetière des illusions de certains candidats à l’émigration vers les Canaries. En août dernier, pendant 5 jours, des Sénégalais ont été retenus dans le navire «Rio Tajo» de la Garde civile espagnole dans des conditions exécrables à cause du refus du gouvernement mauritanien de les laisser débarquer. Il s’agissait de 168 migrants qui ont été interceptés par la Garde civile espagnole le 24 août dernier dans les eaux mauritaniennes, puis ils ont été ramenés vers Saint-Louis quelques heures après.
Il faut noter que ces derniers jours, la Police mauritanienne a rapatrié plusieurs centaines de migrants sénégalais. Ils seraient plus de 2 mille 500 immigrants qui ont été transportés de Dakhla au Maroc via Nouadhibou et Rosso, puis la capitale du Nord.
Cette année, l’émigration irrégulière a explosé, provoquant la saturation des sites d’accueil au niveau des îles Canaries. Depuis début octobre, plus de 8 mille 500 migrants sont arrivés, «un record», indiquent les autorités espagnoles. Depuis janvier, plus de 23 000 migrants ont débarqué au niveau de l’archipel espagnol, soit une hausse de près de 80% par rapport à la même période de 2022. La majorité des arrivants sont originaires du Sénégal secoué par cette vague migratoire ponctuée de décès tragiques avec des naufrages d’embarcations, et de décès dus à de mauvaises conditions de voyage et climatiques. Sans oublier la filière Nicaragua pour les Etats-Unis qui n’est pas suffisamment documentée, mais des morts aussi jonchent le chemin vers l’accomplissement du… rêve américain.
Bocar SAKHO
Source : Le Quotidien (Sénégal)