Dialogue politique : un consensus partiel ?

Les résultats du dialogue national proclamés la semaine dernière en grandes pompes au palais des congrès de Nouakchott, qui ont sanctionné les travaux du forum entre une partie de l'opposition et la majorité présidentielle ont certes été perçus par une partie de l'opinion comme un pari de gagné sur la voie du dialogue et de la concertation entre les acteurs de la scène politique, mais de l'autre côté , cela a ouvert la porte d'un autre débat controversé quant à l'acceptabilité de cette démarche partiellement consensuelle.

Si les initiateurs de ces joutes oratoires qui ont réuni des jours durant le camp de l'opposition participante et le conglomérat de la majorité ont manifesté un satisfecit sur le succès d'un tel dialogue, dans le camp de l'autre opposition non prenante au dialogue les avis sont loin d'être les mêmes. Dans un point de presse organisé par la coordination des partis de l'opposition ( la COD) les « boycotteuses » ont relevé bien d'insuffisances qui rendent les résultats peu convainquant et inaptes à proposer des garanties de sortie de crise. Ce qui signifie en d'autres termes que les résultats de ce dialogue ne sont pas la panacée attendue pour résoudre les questions qui se posent et qui entravent la promotion de la démocratie en Mauritanie.

Est-ce donc un euphémisme qui signifie que la non participation de l'opposition regroupée au sein de la Cod à ces travaux invalide à ses yeux les propositions avancées et auquel cas fait maintenir le statu quo ? Cette position est dit-on partagée dans certains milieux diplomatiques notamment par certaines chancelleries occidentales qui ont de grandes réserves sur la crédibilité de ce dialogue. En effet, les chemins de la construction d'une démocratie sont encore longs et les contradictions encore très pesantes sur la scène politique. En l'absence des poids lourds politiques de l'opposition de la COD dans toute tentative de recherche de consensus, des incertitudes demeurent toujours. Des observateurs politiques indépendants ont la même lecture quand ils mettent en doute l'impact des travaux du forum national sur l'assainissement des rapports entre le pouvoir et l'opposition non participante. Ce qui fait dire à bien des analystes qu'on est loin de sortir de l'auberge des dissensions. Si la COD a accordé quelques égards aux résultats de ce dialogue en revanche , elle reste intransigeante sur des questions de fonds et n'entend pas selon un militant d'un parti de cette opposition « avaliser un arrangement fait dans le but de détourner les mauritaniens des problèmes qui les étreignent ».Si dans le camp du dialogue on se frotte les mains d'avoir pu parvenir à élaborer « un document de grande valeur » c'est surtout pour montrer qu'en démocratie c'est la loi de la majorité qui l'emporte.

A ce titre, la non participation de l'opposition « boycotteuses » ne remet pas en cause les résultats des travaux du forum. A la veille des élections municipales et législatives, la coordination des partis de l'opposition démocratique a un grand défi à relever et prouver son efficacité. Au lieu de rester au stade de simples conférences de presse et de déclarations politiques. Le pire serait arrivé pour cette opposition quand tous les sièges seront gagnés par la majorité dans les deux chambres du parlement. Ce qui n'est pas à exclure …

Cheikh Tidiane Dia

Source: le renovateur