La députée française Christiane Taubira a appelé les intellectuels et artistes d'Afrique à "oser parler des sujets qui fâchent", dont le racisme, en prélude au Festival mondial des arts nègres, fin 2009, a-t-on appris mardi auprès des organisateurs.
Mme Taubira, ancienne ministre, députée de Guyane (Parti radical de gauche), participait à Dakar à une réunion du Comité international d'orientation (CIO) du 3e Festival mondial des arts nègres (Fesman), ouverte lundi et rassemblant environ 80 intellectuels et artistes d'Afrique et de sa diaspora, a expliqué à l'AFP un membre de la coordination générale.
Elle a notamment exhorté ce comité à inclure dans les "grandes lignes" du Fesman "les sujets qui fâchent", selon ses propos rapportés par la télévision publique RTS.
"Parlons des sujets qui fâchent. (...) Il faut oser les sujets litigieux comme celui des biens culturels dispersés dans le monde" et exportés d'Afrique, a déclaré la députée française (Guyane), très applaudie.
Il faut "oser les sujets qui jurent, comme le racisme", a-t-elle ajouté.
Elle a notamment fustigé le racisme "brutal comme celui de Pascal Sevran", animateur de la télévision publique française France 2 qui avait déclenché un tollé en 2006 après la sortie d'un livre dans lequel il liait la famine en Afrique à la sexualité des Noirs.
Christiane Taubira a également dénoncé un racisme "insidieux, qui pénètre les universités françaises. "Il nous faut oser dire qu'il y a des sujets délicats, difficiles, géopolitiques" à aborder franchement et "ensemble" pour l'Afrique, a-t-elle affirmé.
Outre Mme Taubira, le cinéaste et ex-ministre malien Cheick Oumar Sissoko, le styliste nigérien Alphadi, la chanteuse ivoirienne Aïcha Koné et son collègue sénégalais Baaba Maal participaient à la réunion du CIO, "instance de réflexion" qui définit les grandes lignes du festival, a indiqué la source à la coordination générale.
Le 3e Fesman a été repoussé à décembre 2009 (1er-21) pour tenir compte "du calendrier des pays invités dont le Brésil" et permettre une meilleure organisation au plan des infrastructures d'accueil, a-t-elle par ailleurs annoncé.
C'est le quatrième report de ce festival, initialement annoncé pour juin-juillet 2006. Les deux premières éditions se sont tenues en 1966 à Dakar à l'initiative du président-poète sénégalais Léopold Sédar Senghor, et en 1977 à Lagos, sous le premier régime du président nigérian Olusegun Obasanjo.
Source: AFP
(M)