Le président de l’Initiative de résurgence du mouvement abolitionniste (IRA) en Mauritanie, Birame Ould Dah Ould Abeïd a animé hier, lundi 12 septembre 2011 au siège du Fonadh (Forum national des droits de l’Homme) à Nouakchott, une conférence de presse. Il est revenu sur les principes fondateurs de l’IRA, insistant sur sa méthode non violente de lutte, et s’appesantissant sur les derniers cas d’esclavage enregistrés.
Entouré d’une armée d’éclopés de l’IRA, quelques rescapés de la répression policière dans un cas d’esclavage soulevé à Nouadhibou, Birame Ould Dah Ould Abeïd ne s’est départi ni de sa verve ni de sa combativité. "Aujourd’hui, IRA est une force du mouvement social que personne ne peut nier ", dira-t-il, décrivant la situation actuelle des droits de l’Homme en Mauritanie comme dangereuse pour la paix civile. Il estime que les Harratines et les Négro-mauritaniens sont écrasés par un système de domination raciale, réminiscence du système Apartheid qui avait prévalu en Afrique du Sud. Aussi, en appelle-t-il avec force au concours de la société civile et des forces progressistes du pays, mais aussi aux organisations internationales des droits de l’Homme, au Conseil de sécurité et à l’Assemblée générale des Nations Unis ainsi qu’à la Cour pénale internationale, "pour que la pression sur l’Etat mauritanien puisse aboutir à l’éradication du système esclavagiste et raciste en place " soulignera-t-il.
Chaque cas d’esclavage dénoncé par les militants d’IRA dans le cadre des faits condamnés par la Loi 2007 sur la criminalisation de l’esclavage, est traité, selon Birame, avec une indifférence totale par la justice mauritanienne. Et de citer des cas d’esclavage à Boutilimit, Kiffa, Sélibaby et Nouadhibou.
"A Boutilimit, il a fallu qu’il ait été battu à mort par ses maîtres, pour que le cas de Lekweïry Ould Maouloud, esclave par ascendance, soit porté à la justice. Ses maîtnationale des hydrocarbures, n’ont pas été inquiétés. Après quelques jours d’emprisonnement pour "res, dont le nommé Mohamed Vall Ould Ahmedou, comptable à la Société coups et blessures volontaires", ce dernier a été libéré sans qu’une fois, le juge n’ait accepté de qualifier les faits d’esclavage pour lesquels Lekweïry Ould Maouloud a été battu " note Birame.
A Kiffa, "c’est une fillette de 12 ans, Boibaly, qui a été arrachée des griffes de sa maîtresse, Sleilima Mint Mohamed, cousine du maire de Kiffa et membre de la dominante tribu des Ehel Mohamed Radhi", selon Birame. "Le magistrat en charge du dossier la libèrera sous une avalanche d’alibis tous falsifiés en lui restituant en prime sa victime", ajoutera-t-il. Selon lui, le juge a d’abord nié que la fillette est une mineure, avant de lui inventer un salaire qu’elle n’a jamais reçu. Selon les militants de l’IRA qui l’ont détecté, "il s’agit d’un cas avéré d’esclavage dûment constaté par la police, dans la mesure où la fillette, qui n’a jamais fréquenté l’école, travaillait durement sans salaire".
A Sélibaby, le décès de la nommée Mek’Halla Mint Mhaïmid fut exploité par ses maîtres, Marième Mint Dèye et son mari NDalla Ould Sidi Amar, un ancien policier, pour faire main basse sur l’héritage. Ils emporteront 14 vaches et 73.000 UM en espèces, laissant en rade les enfants de la défunte. Ce sont les militants du parti APP (Alliance populaire progressiste) et l’IRA représenté par Abdel Karim, qui porteront cette affaire devant la justice. "Là encore, le magistrat en charge du dossier trouva qu’il s’agissait d’une affaire familiale et libéra les présumés esclavagistes" souligna Birame.
A Nouadhibou, un cas d’esclavage sur 7 enfants, frères et sœurs, a été dénoncé à la police par les activistes du mouvement IRA et les militants de SOS Esclaves. Paradoxalement, c’est une cousine de la présumée esclavagiste qui sous couvert de l’anonymat, a poussé les enfants à révéler leur situation, en prenant contact avec les organisations des droits de l’Homme. La principale accusée dans cette affaire, une certaine Riv’a Mint Mahmadi aurait dispatché les enfants entre les membres de sa famille. L’une des filles, Hindou avait atterri à Nouakchott chez sa sœur Ramia, tout comme Aminetou (qui allaite un bébé) et son frère Mohamed, remis comme esclave chez Salma, l’une des tantes de Riv’a vivant à Dar Naïm. Quant à Metou, elle était détenue par une autre tante de Riv’a, dénommée Dikala qui vit à Tevragh-Zeina à Nouakchott. Les deux tantes se débarrasseront de leurs esclaves lorsqu’éclata l’affaire d’Arafat du 13 décembre 2010 sur un cas d’esclavage. Elles confièrent les enfants à leur oncle maternel, Hamoudi Ould Salem qui vit à Dar Naïm à Nouakchott. Il fallait attendre d’en savoir plus sur l’affaire de Mouloumine Mint Bakar Vall, la première personne jugée, condamnée et emprisonnée en Mauritanie suite à une dénonciation pour pratiques esclavagistes de la part de l’IRA. La mère des enfants, une certaine Doueïda, serait selon Birame "une esclave par ascendance des familles Mhamady et Taleb Ethmane d’où le partage de sa progéniture entre ses deux familles pour lesquels ils travaillaient à temps plein sans salaire et sans éducation".
L’affaire portée devant la justice à Nouadhibou se serait soldée, selon les militants de l’IRA, par la protection judiciaire apportée aux présumés esclavagistes et la répression policière qui s’est abattue sur les militants d’IRA en sit-in devant le Palais de justice pour dénoncer la gestion partisane du dossier. D’où de nombreux blessés dans les rangs des défenseurs des droits de l’homme. Se décrivant comme une organisation non violente, dont le principe de base est "ne jamais répondre à la violence policière par la violence", IRA a ainsi regretté les jets de pierres constatés lors de la manifestation commune qu’ils avaient organisé le samedi dernier avec le mouvement "Touche pas à ma nationalité". "C’est pour cette raison, dira Birame, qu’au terme de deux procès, les juges et la police ont été incapables d’apporter la moindre preuve de violence perpétrée par un membre de l’IRA contre les forces de l’ordre".
Selon lui, l’ISERI (Institut supérieur d’études islamiques), "l’usine d’où sortent les magistrats mauritaniens " selon la définition de Birame, est le bastion du malékisme version locale qui autorise l’esclavage. "Aussi, on ne s’étonne pas si ces magistrats sortis de cette école ne considèrent pas l’esclavage comme un crime" conclut-il.
Pour montrer le caractère raciste et discriminatoire du système, Birame constate que sur les 500 cadres formés à l’ENA en 2009, les Harratines et les Négro-mauritaniens n’en constituent même pas 10%. Sur les 250 places prévues cette année pour renouveler l’administration mauritanienne, il indique que sur les 70 postes d’administrateurs civils à pourvoir et sur les 70 administrateurs de régie financière, moins de huit Harratines et de Négro-mauritaniens ont passé les tests écrits et qu’ils seront certainement décantés à la suite des épreuves orales. Quant aux 30 conseillers diplomatiques à former, aucun noir ne figurerait selon lui parmi les repêchés des épreuves écrites.
Et Birame de lancer un appel en direction des partis politiques et des membres de la société civile pour qu’ensemble, ils puissent mener de front le combat pour l’émergence d’un Etat égalitaire, débarrassé de toute forme d’injustice et d’oppression.
Cheikh Aïdara.
(Lauthentic.info
jeudi 15 septembre 2011)
Entouré d’une armée d’éclopés de l’IRA, quelques rescapés de la répression policière dans un cas d’esclavage soulevé à Nouadhibou, Birame Ould Dah Ould Abeïd ne s’est départi ni de sa verve ni de sa combativité. "Aujourd’hui, IRA est une force du mouvement social que personne ne peut nier ", dira-t-il, décrivant la situation actuelle des droits de l’Homme en Mauritanie comme dangereuse pour la paix civile. Il estime que les Harratines et les Négro-mauritaniens sont écrasés par un système de domination raciale, réminiscence du système Apartheid qui avait prévalu en Afrique du Sud. Aussi, en appelle-t-il avec force au concours de la société civile et des forces progressistes du pays, mais aussi aux organisations internationales des droits de l’Homme, au Conseil de sécurité et à l’Assemblée générale des Nations Unis ainsi qu’à la Cour pénale internationale, "pour que la pression sur l’Etat mauritanien puisse aboutir à l’éradication du système esclavagiste et raciste en place " soulignera-t-il.
Chaque cas d’esclavage dénoncé par les militants d’IRA dans le cadre des faits condamnés par la Loi 2007 sur la criminalisation de l’esclavage, est traité, selon Birame, avec une indifférence totale par la justice mauritanienne. Et de citer des cas d’esclavage à Boutilimit, Kiffa, Sélibaby et Nouadhibou.
"A Boutilimit, il a fallu qu’il ait été battu à mort par ses maîtres, pour que le cas de Lekweïry Ould Maouloud, esclave par ascendance, soit porté à la justice. Ses maîtnationale des hydrocarbures, n’ont pas été inquiétés. Après quelques jours d’emprisonnement pour "res, dont le nommé Mohamed Vall Ould Ahmedou, comptable à la Société coups et blessures volontaires", ce dernier a été libéré sans qu’une fois, le juge n’ait accepté de qualifier les faits d’esclavage pour lesquels Lekweïry Ould Maouloud a été battu " note Birame.
A Kiffa, "c’est une fillette de 12 ans, Boibaly, qui a été arrachée des griffes de sa maîtresse, Sleilima Mint Mohamed, cousine du maire de Kiffa et membre de la dominante tribu des Ehel Mohamed Radhi", selon Birame. "Le magistrat en charge du dossier la libèrera sous une avalanche d’alibis tous falsifiés en lui restituant en prime sa victime", ajoutera-t-il. Selon lui, le juge a d’abord nié que la fillette est une mineure, avant de lui inventer un salaire qu’elle n’a jamais reçu. Selon les militants de l’IRA qui l’ont détecté, "il s’agit d’un cas avéré d’esclavage dûment constaté par la police, dans la mesure où la fillette, qui n’a jamais fréquenté l’école, travaillait durement sans salaire".
A Sélibaby, le décès de la nommée Mek’Halla Mint Mhaïmid fut exploité par ses maîtres, Marième Mint Dèye et son mari NDalla Ould Sidi Amar, un ancien policier, pour faire main basse sur l’héritage. Ils emporteront 14 vaches et 73.000 UM en espèces, laissant en rade les enfants de la défunte. Ce sont les militants du parti APP (Alliance populaire progressiste) et l’IRA représenté par Abdel Karim, qui porteront cette affaire devant la justice. "Là encore, le magistrat en charge du dossier trouva qu’il s’agissait d’une affaire familiale et libéra les présumés esclavagistes" souligna Birame.
A Nouadhibou, un cas d’esclavage sur 7 enfants, frères et sœurs, a été dénoncé à la police par les activistes du mouvement IRA et les militants de SOS Esclaves. Paradoxalement, c’est une cousine de la présumée esclavagiste qui sous couvert de l’anonymat, a poussé les enfants à révéler leur situation, en prenant contact avec les organisations des droits de l’Homme. La principale accusée dans cette affaire, une certaine Riv’a Mint Mahmadi aurait dispatché les enfants entre les membres de sa famille. L’une des filles, Hindou avait atterri à Nouakchott chez sa sœur Ramia, tout comme Aminetou (qui allaite un bébé) et son frère Mohamed, remis comme esclave chez Salma, l’une des tantes de Riv’a vivant à Dar Naïm. Quant à Metou, elle était détenue par une autre tante de Riv’a, dénommée Dikala qui vit à Tevragh-Zeina à Nouakchott. Les deux tantes se débarrasseront de leurs esclaves lorsqu’éclata l’affaire d’Arafat du 13 décembre 2010 sur un cas d’esclavage. Elles confièrent les enfants à leur oncle maternel, Hamoudi Ould Salem qui vit à Dar Naïm à Nouakchott. Il fallait attendre d’en savoir plus sur l’affaire de Mouloumine Mint Bakar Vall, la première personne jugée, condamnée et emprisonnée en Mauritanie suite à une dénonciation pour pratiques esclavagistes de la part de l’IRA. La mère des enfants, une certaine Doueïda, serait selon Birame "une esclave par ascendance des familles Mhamady et Taleb Ethmane d’où le partage de sa progéniture entre ses deux familles pour lesquels ils travaillaient à temps plein sans salaire et sans éducation".
L’affaire portée devant la justice à Nouadhibou se serait soldée, selon les militants de l’IRA, par la protection judiciaire apportée aux présumés esclavagistes et la répression policière qui s’est abattue sur les militants d’IRA en sit-in devant le Palais de justice pour dénoncer la gestion partisane du dossier. D’où de nombreux blessés dans les rangs des défenseurs des droits de l’homme. Se décrivant comme une organisation non violente, dont le principe de base est "ne jamais répondre à la violence policière par la violence", IRA a ainsi regretté les jets de pierres constatés lors de la manifestation commune qu’ils avaient organisé le samedi dernier avec le mouvement "Touche pas à ma nationalité". "C’est pour cette raison, dira Birame, qu’au terme de deux procès, les juges et la police ont été incapables d’apporter la moindre preuve de violence perpétrée par un membre de l’IRA contre les forces de l’ordre".
Selon lui, l’ISERI (Institut supérieur d’études islamiques), "l’usine d’où sortent les magistrats mauritaniens " selon la définition de Birame, est le bastion du malékisme version locale qui autorise l’esclavage. "Aussi, on ne s’étonne pas si ces magistrats sortis de cette école ne considèrent pas l’esclavage comme un crime" conclut-il.
Pour montrer le caractère raciste et discriminatoire du système, Birame constate que sur les 500 cadres formés à l’ENA en 2009, les Harratines et les Négro-mauritaniens n’en constituent même pas 10%. Sur les 250 places prévues cette année pour renouveler l’administration mauritanienne, il indique que sur les 70 postes d’administrateurs civils à pourvoir et sur les 70 administrateurs de régie financière, moins de huit Harratines et de Négro-mauritaniens ont passé les tests écrits et qu’ils seront certainement décantés à la suite des épreuves orales. Quant aux 30 conseillers diplomatiques à former, aucun noir ne figurerait selon lui parmi les repêchés des épreuves écrites.
Et Birame de lancer un appel en direction des partis politiques et des membres de la société civile pour qu’ensemble, ils puissent mener de front le combat pour l’émergence d’un Etat égalitaire, débarrassé de toute forme d’injustice et d’oppression.
Cheikh Aïdara.
(Lauthentic.info
jeudi 15 septembre 2011)