Le refus de la Russie de prolonger l’accord qui permettait l’exportation des céréales ukrainiennes soulève de nombreuses craintes en Afrique, car il provoquerait une forte hausse des prix. Alors que se profile le sommet Russafrique, le président russe, isolé sur la scène diplomatique, peut-il se permettre de s’aliéner ses “amis africains”, se demande “Aujourd’hui au Faso”.
À l’heure où ces lignes sont tracées, Moscou maintient toujours mordicus son refus de prolonger l’accord céréalier ukrainien obtenu il y a juste un an, en juillet 2022, lequel modus vivendi expirait [le lundi 17 juillet dans la soirée].
Et si ce statu quo demeure tel, cela veut dire que les soutes des bateaux pleines de blé, d’engrais, de maïs ou soja, ces bateaux resteront à quai, car Moscou n’a pas renouvelé l’accord. Ce qui condamnera le monde entier à des difficultés alimentaires, pas seulement les pays du Sud, mais [aussi] l’Union européenne (UE) et les États-Unis.
La raison de ce blocus, selon Dimitri Peskov, le porte-parole du Kremlin, est que les conditions ne sont pas remplies pour débloquer la situation. En clair, il y a “des entraves aux exportations du blé, des fertilisants et autres matières premières russes”. Accusée : l’Union européenne.
Si la Russie ne lève pas cet embargo, le prix du pain, des pâtisseries et de plusieurs autres produits, y compris l’agriculture dans son ensemble, va flamber. D’où une inflation imparable. Quid de l’Afrique dans cette histoire d’accord céréalier ?
33 millions de tonnes
Sur les 33 millions de tonnes exportées depuis l’année dernière [par l’Ukraine], 3 % ont profité aux pays africains et [aux autres pays] du Sud. Trois pour cent, ça paraît infime, mais cela représente quelque chose d’essentiel pour le continent. Alors si l’accord céréalier n’est pas reconduit, la valse des prix des denrées sera haussière, et l’inflation sera forcément à deux chiffres !
Les pays du Sud, notamment africains, dont beaucoup dépendent des engrais russes et ukrainiens, seront obligés de faire dans la subvention tous azimuts. Surtout pour certaines cultures de rente comme le coton, des pays tels le Burkina, le Mali, le Bénin, qui sont cotonniers, subventionnent “l’or blanc”. Or, ce sont les fonds qui manquent le plus. [Ils sont] déjà très endettés, poursuivis par des créanciers (Chine, Club de Paris) et [leurs] budgets sont biberonnés par des aides additionnelles bilatérales ou du Fonds monétaire international et de la Banque mondiale : un non-accord maintenu sera une catastrophe pour les Africains.
Alors, question : le président Poutine va-t-il maintenir cette position au risque, sinon d’affamer les Africains, au moins de leur faire serrer davantage la ceinture ? À quelques semaines du sommet Russafrique de Saint-Pétersbourg [les 27 et 28 juillet], le maître du Kremlin va-t-il et peut-il ignorer des amis africains tels que le Sud-Africain Cyril Ramaphosa, l’Algérien Abdelmadjid Tebboune ou le Centrafricain Touadéra, ou encore le Malien Goïta et le Burkinabè Traoré ?
Si, par contre, Moscou lève la main, ce sera un ouf de soulagement pour l’UE [et] les États-Unis, lesquels ont parlé “d’acte de cruauté” ou [de] “cynisme” [pour qualifier la position russe]. Mais, vue d’Afrique, une telle attitude sera appréciée à l’aune de cette géopolitique, dont par exemple le Sahel est le théâtre in vivo.
Source : Courrier international
À l’heure où ces lignes sont tracées, Moscou maintient toujours mordicus son refus de prolonger l’accord céréalier ukrainien obtenu il y a juste un an, en juillet 2022, lequel modus vivendi expirait [le lundi 17 juillet dans la soirée].
Et si ce statu quo demeure tel, cela veut dire que les soutes des bateaux pleines de blé, d’engrais, de maïs ou soja, ces bateaux resteront à quai, car Moscou n’a pas renouvelé l’accord. Ce qui condamnera le monde entier à des difficultés alimentaires, pas seulement les pays du Sud, mais [aussi] l’Union européenne (UE) et les États-Unis.
La raison de ce blocus, selon Dimitri Peskov, le porte-parole du Kremlin, est que les conditions ne sont pas remplies pour débloquer la situation. En clair, il y a “des entraves aux exportations du blé, des fertilisants et autres matières premières russes”. Accusée : l’Union européenne.
Si la Russie ne lève pas cet embargo, le prix du pain, des pâtisseries et de plusieurs autres produits, y compris l’agriculture dans son ensemble, va flamber. D’où une inflation imparable. Quid de l’Afrique dans cette histoire d’accord céréalier ?
33 millions de tonnes
Sur les 33 millions de tonnes exportées depuis l’année dernière [par l’Ukraine], 3 % ont profité aux pays africains et [aux autres pays] du Sud. Trois pour cent, ça paraît infime, mais cela représente quelque chose d’essentiel pour le continent. Alors si l’accord céréalier n’est pas reconduit, la valse des prix des denrées sera haussière, et l’inflation sera forcément à deux chiffres !
Les pays du Sud, notamment africains, dont beaucoup dépendent des engrais russes et ukrainiens, seront obligés de faire dans la subvention tous azimuts. Surtout pour certaines cultures de rente comme le coton, des pays tels le Burkina, le Mali, le Bénin, qui sont cotonniers, subventionnent “l’or blanc”. Or, ce sont les fonds qui manquent le plus. [Ils sont] déjà très endettés, poursuivis par des créanciers (Chine, Club de Paris) et [leurs] budgets sont biberonnés par des aides additionnelles bilatérales ou du Fonds monétaire international et de la Banque mondiale : un non-accord maintenu sera une catastrophe pour les Africains.
Alors, question : le président Poutine va-t-il maintenir cette position au risque, sinon d’affamer les Africains, au moins de leur faire serrer davantage la ceinture ? À quelques semaines du sommet Russafrique de Saint-Pétersbourg [les 27 et 28 juillet], le maître du Kremlin va-t-il et peut-il ignorer des amis africains tels que le Sud-Africain Cyril Ramaphosa, l’Algérien Abdelmadjid Tebboune ou le Centrafricain Touadéra, ou encore le Malien Goïta et le Burkinabè Traoré ?
Si, par contre, Moscou lève la main, ce sera un ouf de soulagement pour l’UE [et] les États-Unis, lesquels ont parlé “d’acte de cruauté” ou [de] “cynisme” [pour qualifier la position russe]. Mais, vue d’Afrique, une telle attitude sera appréciée à l’aune de cette géopolitique, dont par exemple le Sahel est le théâtre in vivo.
Source : Courrier international