Mohamed BABA
Bilal -roman par
Mohamed BABA
Bilal est un hartani, c’est-à-dire esclave ou descendant d’esclave de Mauritanie.
Arabe, noir et musulman, il était devenu français à la suite de son mariage avec Muriel, journaliste à Reporters Sans Frontières rencontrée à Boghé où elle entamait une enquête sur l'abolition, toute récente, de l'esclavage en Mauritanie.
Son couple est au bord de la séparation. Bilal décide alors de renouer avec la diaspora mauritanienne, prend des contacts et finit par s'engager dans le combat, entre autres, contre l'esclavage.
Il part pour la Mauritanie, en compagnie de son fils Hamza. A la traversée de la frontière avec le Sénégal, Bilal est interpellé, conduit à la Direction de la Sûreté de l'Etat où le tristement célèbre commissaire Deddahi l'envoie faire des séjours répétés au « Laboratoire », lieu de torture et de sévices de la Police Politique du pays.
A sa sortie de prison, Bilal découvrira que son meilleur ami, Issa, qui, les avait accueillis, Hamza et lui, et véhiculés depuis Dakar, n'était pas complètement étranger à ce qui lui arrivait...
L'auteur, Mohamed BABA, franco-mauritanien, est Maître de Conférences à l'Ecole Nationale de Chimie de Clermont-Ferrand.
En avril 2002, lors d'un voyage familial en Mauritanie, il fut arrêté et torturé par les services de la Police Politique. Une plainte pour tortures et actes de barbarie, visant le commissaire Deddahi et quatre autres personnages de l'appareil répressif mauritanien est actuellement en cours et est soutenue par la FIDH. Le récit s’inspire largement de cette mésaventure.
16.50 euros
187 pages
ISBN : 2-7475-9334-7
Extraits
…Et puis, toujours dans la même veine, cet autre article qui relatait la légende fondatrice et du racisme et de l’esclavagisme chez les Maures de Mauritanie.
Au commencement de l’humanité notre mère à tous, Hawa([1]), donna des jumeaux à Adam. Soucieux de donner à l’humanité une ascendance convenable, Adam mit un soin particulier dans l’éducation des deux garçons et leur transmit tout son savoir. Puis, arriva le temps de les laisser partir pour découvrir le vaste monde et fonder, chacun, sa propre lignée. En leur faisant ses adieux, Adam confia à chacun un exemplaire du Coran tout en enluminures et leur recommanda de ne jamais s’en séparer et de s’y référer en cas de besoin. Quelques temps après leur départ, alors qu’ils étaient encore ensemble, un violent orage les surprit, loin de tout abri pour se protéger.
Le premier garçon se servit de son exemplaire comme parapluie en le mettant sur la tête. Le livre déteignit et l’encre noire lui recouvrit le corps ; il perdit sa source de connaissance et restera noir et ignorant pour la vie. Il sera le père des noirs et des esclaves en général. Le second se recroquevilla sur son livre pour le protéger de la pluie. Il sauvegarda ses sources de savoir et gardera sa couleur de peau blanche pour la vie. Il sera le père des Maures et asservira son frère et toute la descendance de ce dernier. Ainsi, dans la même légende, se trouvaient réunies la justification de la couleur des esclaves, toujours noire, et la raison pour laquelle il serait vain de s’acharner à leur apprendre plus qu’il n’en faudra pour accomplir les cinq prières quotidiennes et obligatoires…
-------
…C’est un corps suant de tous ses canaux, ligoté dans une particulière posture fœtale, embroché sur un pieu métallique et endolori sur toute sa surface, que deux des quatre bourreaux débarquèrent, à même le carrelage.
Paquet défait mais encore boule concentrée de souffrance, on vint lui dénouer son bandeau, les liens de ses poignets et récupérer le pieu. De l’autre côté du patio, il comprit qu’un autre colis de chair à martyriser est en préparation. La teneur des questions qu’on lui assénait et la brutalité avec laquelle on le traitait lui firent comprendre qu’il s’agissait d’un présumé auteur de larcin. Il fallait utiliser le Jaguar pour lui faire avouer l’emplacement de sa cachette !
Bilal avait la gorge asséchée et bredouilla une vague supplication pour avoir un peu d’eau : « la prochaine fois, tu boiras avant de venir nous voir », lui répondit, sans pour autant accéder à sa requête, l’un des lutteurs, en chemise à manches longues et saroual disgracieux… "
Mohamed BABA
Bilal est un hartani, c’est-à-dire esclave ou descendant d’esclave de Mauritanie.
Arabe, noir et musulman, il était devenu français à la suite de son mariage avec Muriel, journaliste à Reporters Sans Frontières rencontrée à Boghé où elle entamait une enquête sur l'abolition, toute récente, de l'esclavage en Mauritanie.
Son couple est au bord de la séparation. Bilal décide alors de renouer avec la diaspora mauritanienne, prend des contacts et finit par s'engager dans le combat, entre autres, contre l'esclavage.
Il part pour la Mauritanie, en compagnie de son fils Hamza. A la traversée de la frontière avec le Sénégal, Bilal est interpellé, conduit à la Direction de la Sûreté de l'Etat où le tristement célèbre commissaire Deddahi l'envoie faire des séjours répétés au « Laboratoire », lieu de torture et de sévices de la Police Politique du pays.
A sa sortie de prison, Bilal découvrira que son meilleur ami, Issa, qui, les avait accueillis, Hamza et lui, et véhiculés depuis Dakar, n'était pas complètement étranger à ce qui lui arrivait...
L'auteur, Mohamed BABA, franco-mauritanien, est Maître de Conférences à l'Ecole Nationale de Chimie de Clermont-Ferrand.
En avril 2002, lors d'un voyage familial en Mauritanie, il fut arrêté et torturé par les services de la Police Politique. Une plainte pour tortures et actes de barbarie, visant le commissaire Deddahi et quatre autres personnages de l'appareil répressif mauritanien est actuellement en cours et est soutenue par la FIDH. Le récit s’inspire largement de cette mésaventure.
16.50 euros
187 pages
ISBN : 2-7475-9334-7
Extraits
…Et puis, toujours dans la même veine, cet autre article qui relatait la légende fondatrice et du racisme et de l’esclavagisme chez les Maures de Mauritanie.
Au commencement de l’humanité notre mère à tous, Hawa([1]), donna des jumeaux à Adam. Soucieux de donner à l’humanité une ascendance convenable, Adam mit un soin particulier dans l’éducation des deux garçons et leur transmit tout son savoir. Puis, arriva le temps de les laisser partir pour découvrir le vaste monde et fonder, chacun, sa propre lignée. En leur faisant ses adieux, Adam confia à chacun un exemplaire du Coran tout en enluminures et leur recommanda de ne jamais s’en séparer et de s’y référer en cas de besoin. Quelques temps après leur départ, alors qu’ils étaient encore ensemble, un violent orage les surprit, loin de tout abri pour se protéger.
Le premier garçon se servit de son exemplaire comme parapluie en le mettant sur la tête. Le livre déteignit et l’encre noire lui recouvrit le corps ; il perdit sa source de connaissance et restera noir et ignorant pour la vie. Il sera le père des noirs et des esclaves en général. Le second se recroquevilla sur son livre pour le protéger de la pluie. Il sauvegarda ses sources de savoir et gardera sa couleur de peau blanche pour la vie. Il sera le père des Maures et asservira son frère et toute la descendance de ce dernier. Ainsi, dans la même légende, se trouvaient réunies la justification de la couleur des esclaves, toujours noire, et la raison pour laquelle il serait vain de s’acharner à leur apprendre plus qu’il n’en faudra pour accomplir les cinq prières quotidiennes et obligatoires…
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…C’est un corps suant de tous ses canaux, ligoté dans une particulière posture fœtale, embroché sur un pieu métallique et endolori sur toute sa surface, que deux des quatre bourreaux débarquèrent, à même le carrelage.
Paquet défait mais encore boule concentrée de souffrance, on vint lui dénouer son bandeau, les liens de ses poignets et récupérer le pieu. De l’autre côté du patio, il comprit qu’un autre colis de chair à martyriser est en préparation. La teneur des questions qu’on lui assénait et la brutalité avec laquelle on le traitait lui firent comprendre qu’il s’agissait d’un présumé auteur de larcin. Il fallait utiliser le Jaguar pour lui faire avouer l’emplacement de sa cachette !
Bilal avait la gorge asséchée et bredouilla une vague supplication pour avoir un peu d’eau : « la prochaine fois, tu boiras avant de venir nous voir », lui répondit, sans pour autant accéder à sa requête, l’un des lutteurs, en chemise à manches longues et saroual disgracieux… "