Les hommes seuls qui déposent un dossier d’asile en Belgique ne pourront plus bénéficier d’une place dans le système d’accueil. Le gouvernement justifie sa mesure par une saturation du réseau, et donne ainsi la priorité aux familles. Les associations dénoncent une mesure illégale et redoutent le retour des campements dans les rues belges.
La Secrétaire d’État à l’Asile et la Migration, Nicole de Moor, a annoncé mardi 29 août l’exclusion des hommes seuls demandeurs d’asile dans les structures d’accueil belges. En clair, les hommes isolés ne pourront plus bénéficier d’une place dans un centre géré par Fedasil.
Dans un communiqué, cette chrétienne-démocrate flamande justifie sa décision par une saturation du réseau d'hébergement. Les places seront donc données en priorité aux familles. La secrétaire d’État entend ainsi "anticiper un afflux croissant de familles et d’enfants" cherchant refuge en Belgique, et vouloir "éviter absolument que des enfants se retrouvent à la rue en hiver".
L’augmentation des débarquements en Italie cette année font craindre à Bruxelles une hausse du nombre d’arrivées de migrants dans le pays. "Ces derniers jours, le nombre de familles avec enfants qui demandent l'asile a fortement augmenté", signale Nicole de Moor.
Crise de l'accueil
Pour l’instant, le nombre de demandes d’asile est sensiblement le même qu’à la même période l’an dernier. D’après les chiffres du Commissariat général aux réfugiés et apatrides (CGRA), du 1er janvier au 31 juillet, 18 311 personnes ont déposé l’asile en Belgique, contre 19 098 à la même période en 2022. Cette année-là, la Belgique a enregistré un nombre record de demandeurs d’asile, avec plus de 36 000 dossiers déposés – le dernier record remontait à 2015 avec près de 43 000 demandeurs d’asile.
Et le réseau d’accueil s’est rapidement grippé. Des centaines de personnes ont passé l’hiver dans les rues de Bruxelles, au milieu des rats et des détritus. Les mêmes scènes se sont répétées à l’hiver 2023.
Pour répondre à la crise, les autorités ont créé 5 000 nouvelles places d’hébergement en un an et demi. Le réseau Fedasil est ainsi passé d’environ 29 000 places fin 2021 à un peu plus de 34 000 aujourd’hui, indique l’agence à InfoMigrants. Mais le compte n’y est toujours pas : le taux d’occupation actuel est déjà de 95%.
Depuis de nombreux mois, les associations réclament l’ouverture de nouvelles places d’hébergement ou un plan de répartition des exilés dans les différentes communes belges. Mais le gouvernement a toujours refusé.
"Priver les hommes d'un accueil digne ne va pas résoudre le problème, il va manquer des places pour tout le monde, même les familles", prévient Jessica Blommaert, en charge des questions d’accueil et de protection à l’association Ciré (coordination et initiatives pour réfugiés et étrangers),
Cette mesure n’est en réalité pas nouvelle. Depuis deux ans et le début de la crise de l’accueil en Belgique, les hommes seuls ne se voient pas octroyer automatiquement une place d’hébergement après le dépôt de leur demande d’asile. Contrairement aux familles, ils ne sont pas considérés comme prioritaires. "Ils sont invités progressivement à intégrer le réseau d’accueil, en fonction des places disponibles", signale Fedasil sur son site internet. Les hommes isolés sont inscrits sur une liste d’attente, dans l’espoir qu’une place se libère. Actuellement, environ 2 000 hommes exilés attendent de pouvoir intégrer un centre, selon les chiffres de l’agence.
"Chaque jour, entre cinq et 15 hommes parvenaient à obtenir une place, après des mois passés à la rue", explique Jessica Blommaert. "Ce n’était pas non plus l’idéal mais au moins ces personnes avaient une perspective d’avoir un hébergement via Fedasil. Désormais, ce ne sera plus du tout le cas. C’est choquant, car une pratique illégale, qui prévaut depuis deux ans, devient la norme", continue-t-elle.
Toutes les associations sont vent debout. La Ligue des familles a appelé mercredi dans un communiqué le gouvernement à ne pas "instrumentaliser les familles" et à respecter ses obligations, notamment de "fournir un toit à tous les demandeurs d’asile pendant la durée de leur procédure, quelle que soit leur situation familiale". L’organisation estime que les familles "ne peuvent servir de prétexte pour laisser d’autres personnes dormir dans la rue".
Le même jour, Médecins sans frontières (MSF) s’est également fendu d’un communiqué pour "condamner" cette nouvelle mesure. L’ONG médicale craint que "cette décision intolérable" engendre "un nouvel afflux de personnes en rue dans la capitale et ailleurs en Belgique", et ne fasse qu’"aggraver une situation déjà chaotique". MSF s’inquiète notamment des conséquences sur la santé physique et mentale des demandeurs d’asile.
Ces dernières années, la Belgique a été condamnée des milliers de fois par la justice pour ses manquements vis-à-vis de l’accueil des demandeurs d’asile. En juillet, c’est la Cour européenne des droits de l’Homme qui a épinglé l’État belge, après la plainte d’un Guinéen. Celui-ci n’avait pas pu obtenir de place d’hébergement après le dépôt de son dossier d’asile et a été contraint de dormir dehors pendant plus de quatre mois.
Autant de condamnations qui ne semblent pas inquiéter le gouvernement. "Les autorités donnent l’impression que ce n’est pas grave et tout à fait acceptable de violer la loi et de ne pas respecter les décisions de justice", déplore Jessica Blommaert.
Source : Info Migrants (France)
La Secrétaire d’État à l’Asile et la Migration, Nicole de Moor, a annoncé mardi 29 août l’exclusion des hommes seuls demandeurs d’asile dans les structures d’accueil belges. En clair, les hommes isolés ne pourront plus bénéficier d’une place dans un centre géré par Fedasil.
Dans un communiqué, cette chrétienne-démocrate flamande justifie sa décision par une saturation du réseau d'hébergement. Les places seront donc données en priorité aux familles. La secrétaire d’État entend ainsi "anticiper un afflux croissant de familles et d’enfants" cherchant refuge en Belgique, et vouloir "éviter absolument que des enfants se retrouvent à la rue en hiver".
L’augmentation des débarquements en Italie cette année font craindre à Bruxelles une hausse du nombre d’arrivées de migrants dans le pays. "Ces derniers jours, le nombre de familles avec enfants qui demandent l'asile a fortement augmenté", signale Nicole de Moor.
Crise de l'accueil
Pour l’instant, le nombre de demandes d’asile est sensiblement le même qu’à la même période l’an dernier. D’après les chiffres du Commissariat général aux réfugiés et apatrides (CGRA), du 1er janvier au 31 juillet, 18 311 personnes ont déposé l’asile en Belgique, contre 19 098 à la même période en 2022. Cette année-là, la Belgique a enregistré un nombre record de demandeurs d’asile, avec plus de 36 000 dossiers déposés – le dernier record remontait à 2015 avec près de 43 000 demandeurs d’asile.
Et le réseau d’accueil s’est rapidement grippé. Des centaines de personnes ont passé l’hiver dans les rues de Bruxelles, au milieu des rats et des détritus. Les mêmes scènes se sont répétées à l’hiver 2023.
Pour répondre à la crise, les autorités ont créé 5 000 nouvelles places d’hébergement en un an et demi. Le réseau Fedasil est ainsi passé d’environ 29 000 places fin 2021 à un peu plus de 34 000 aujourd’hui, indique l’agence à InfoMigrants. Mais le compte n’y est toujours pas : le taux d’occupation actuel est déjà de 95%.
Depuis de nombreux mois, les associations réclament l’ouverture de nouvelles places d’hébergement ou un plan de répartition des exilés dans les différentes communes belges. Mais le gouvernement a toujours refusé.
"Priver les hommes d'un accueil digne ne va pas résoudre le problème, il va manquer des places pour tout le monde, même les familles", prévient Jessica Blommaert, en charge des questions d’accueil et de protection à l’association Ciré (coordination et initiatives pour réfugiés et étrangers),
Cette mesure n’est en réalité pas nouvelle. Depuis deux ans et le début de la crise de l’accueil en Belgique, les hommes seuls ne se voient pas octroyer automatiquement une place d’hébergement après le dépôt de leur demande d’asile. Contrairement aux familles, ils ne sont pas considérés comme prioritaires. "Ils sont invités progressivement à intégrer le réseau d’accueil, en fonction des places disponibles", signale Fedasil sur son site internet. Les hommes isolés sont inscrits sur une liste d’attente, dans l’espoir qu’une place se libère. Actuellement, environ 2 000 hommes exilés attendent de pouvoir intégrer un centre, selon les chiffres de l’agence.
"Chaque jour, entre cinq et 15 hommes parvenaient à obtenir une place, après des mois passés à la rue", explique Jessica Blommaert. "Ce n’était pas non plus l’idéal mais au moins ces personnes avaient une perspective d’avoir un hébergement via Fedasil. Désormais, ce ne sera plus du tout le cas. C’est choquant, car une pratique illégale, qui prévaut depuis deux ans, devient la norme", continue-t-elle.
Toutes les associations sont vent debout. La Ligue des familles a appelé mercredi dans un communiqué le gouvernement à ne pas "instrumentaliser les familles" et à respecter ses obligations, notamment de "fournir un toit à tous les demandeurs d’asile pendant la durée de leur procédure, quelle que soit leur situation familiale". L’organisation estime que les familles "ne peuvent servir de prétexte pour laisser d’autres personnes dormir dans la rue".
Le même jour, Médecins sans frontières (MSF) s’est également fendu d’un communiqué pour "condamner" cette nouvelle mesure. L’ONG médicale craint que "cette décision intolérable" engendre "un nouvel afflux de personnes en rue dans la capitale et ailleurs en Belgique", et ne fasse qu’"aggraver une situation déjà chaotique". MSF s’inquiète notamment des conséquences sur la santé physique et mentale des demandeurs d’asile.
Ces dernières années, la Belgique a été condamnée des milliers de fois par la justice pour ses manquements vis-à-vis de l’accueil des demandeurs d’asile. En juillet, c’est la Cour européenne des droits de l’Homme qui a épinglé l’État belge, après la plainte d’un Guinéen. Celui-ci n’avait pas pu obtenir de place d’hébergement après le dépôt de son dossier d’asile et a été contraint de dormir dehors pendant plus de quatre mois.
Autant de condamnations qui ne semblent pas inquiéter le gouvernement. "Les autorités donnent l’impression que ce n’est pas grave et tout à fait acceptable de violer la loi et de ne pas respecter les décisions de justice", déplore Jessica Blommaert.
Source : Info Migrants (France)