Barack Obama. L’espoir d’une politique ? Ou la politique de l’espoir ? L’homme a été espéré par une infime poignée d’hommes, sans doute. Mais par des hommes avertis. ‘Espéré’ paraît exagéré. Disons alors repéré. Déjà, dans son excellent livre American Vertigo (Paris : Grasset 2006), Bernard-Henri Levy écrivait, comme si sa plume avait été trempée dans les encres secrètes des prophètes ou inspirée par les Muses qui ne trompent jamais : ‘Barack Obama…il faudra se souvenir de ce nom’ (p. 85.) Il est vrai, l’écrivain a rencontré le politique. Le philosophe-sociologue qui sait observer l’être et bien prédire le possible, a décelé chez cet homme qui ne peut laisser indifférent, des signes prémonitoires d’un leader qui dérangerait les continuités de l’espace politico-social américain.
Obama brille. Non pas parce qu’il est noir, mais parce qu’il parle. D’une éloquence qui n’a rien à envier à celle de Martin Luther King, il arpente les estrades lors des meeting politiques avec une aisance qui en dit long sur les valeurs humaines de cet homme. Obama brille en homme écartelé, qui plonge profondément dans la nuance et se meut parfois volontairement dans le paradoxe. Notre auteur ‘du jour’ dresse ici un portrait débridé, qui renseigne davantage sur les complexités du nœud Obama : ‘Son aisance… sa gouaille de Clinton noir…sa beauté de mauvais garçon passé par Harvard…sa mère blanche née à Kansas City, son père black né au Kenya… ce double métissage, autrement dit.... ce métissage au carré…ce désaveu vivant de toutes identités…’ (ibid., p. 84)
Obama brille, parce qu’il parvient à susciter l’espoir. Il en parle si souvent et en des termes si forts qu’il en représente même le porte-drapeau. Le sénateur de l’Illinois n’est sans doute pas un homme truffé de res gestae politiques qui se targue d’une carrière étalée sur des dizaines d’années. Mais il a réussi à transformer, pour le moment, cette faiblesse en une force en théorisant un mouvement. Car la politique de l’espoir trouve son succès plus dans la conjugaison des forces et individualités promptes au changement et à l’espoir qu’à la force intrinsèque des arguments qui la fondent. Pour autant, le ‘challenger’ de Hilary Clinton ne cesse de se défendre que l’espoir dont il se réclame et qu’il ne se lasse de réclamer, n’est ni ignorante des réalités, encore moins aveugle des difficultés et obstacles devant être confrontés et vaincus sans doute. Cet espoir dont il martelait déjà les termes dans son discours à la Convention nationale démocrate en 2004 : ‘L’espoir en face des difficultés, l’espoir en face de l’incertitude, l’audace d’espérer.’
La politique de l’espoir renferme en elle-même deux concepts fondamentaux : l’optimisme et le réalisme. Et dans une société américaine qui se nourrit de pragmatisme et cherche encore les moyens de demeurer optimiste face aux contre-performances de son économie et au sentiment d’insécurité latente, le discours que tient Obama fait espérer et réinstaure la confiance d’être bien chez soi.
Des mots, rien que des mots, disent les adversaires au Sénateur de l’Illinois. L’Amérique a plutôt besoin d’actes et d’actions concrets pour sortir de l’impasse où elle se trouve. Le printemps des orateurs, si fascinant qu’il soit, ne doit pas être espéré, ou du moins pas maintenant. L’Amérique n’as pas besoin de quelqu’un qui ‘parle le parler’, mais plutôt de quelqu’un qui ‘fait le travail’. Il est vrai que si l’expérience professionnelle et communautaire était le critère de sélection des candidats à la présidence américaine, Barack Obama ne se serait jamais présenté à ces joutes électorales. Mais ce qu’il a compris très tôt, c’est que l’enjeu est peut-être ailleurs. Il serait dans la capacité à pouvoir faire espérer. Il serait dans l’appel à la possibilité de changement. Il serait dans la fine nuance entre une politique de l’espoir et celle d’un fatalisme béat. Il se trouverait au carrefour de l’être et du possible. Il résiderait, enfin, dans la volonté de pouvoir rassembler en faisant tomber les barrières sociales, culturelles, idéologiques, raciales et politiques. Obama a compris qu’en tant que noir, il fallait sortir des sentiers battus de la condamnation perpétuelle de l’autre, pour entrer dans l’ère de l’affirmation de soi. Il a compris que la victime du passé doit se donner les moyens de transcender l’histoire pour créer sa propre histoire… afin de pouvoir entrer dans l’Histoire.
La réussite d’Obama ou son échec nous seront contés peut-être en novembre ; ou bien plus tôt même. Alors saura-t-on si la signification de son nom, Barack, ‘béni’ en Swahili, est une pure coïncidence ou un référent fidèle.
Entre temps, il continue sa route dans les méandres de la politique américaine, vers le bureau ovale, s’il passe les obstacles Hilary et McCain. Mais quoiqu’il en soi, on se souviendra de lui, sans doute pour un long instant encore, lui qui était pourtant si conscient de la précarité de l’aventure humaine, quand il confiait à Bernard-Henri Levy : ‘Il ne faut pas aller plus vite que la musique, l’Amérique est le pays des météores’, ‘next month, somebody else will be the story…’ (ibid., p. 86.)
Dr Cheikh Mbacké GUEYE
Source: walffadjri
(M)
Obama brille. Non pas parce qu’il est noir, mais parce qu’il parle. D’une éloquence qui n’a rien à envier à celle de Martin Luther King, il arpente les estrades lors des meeting politiques avec une aisance qui en dit long sur les valeurs humaines de cet homme. Obama brille en homme écartelé, qui plonge profondément dans la nuance et se meut parfois volontairement dans le paradoxe. Notre auteur ‘du jour’ dresse ici un portrait débridé, qui renseigne davantage sur les complexités du nœud Obama : ‘Son aisance… sa gouaille de Clinton noir…sa beauté de mauvais garçon passé par Harvard…sa mère blanche née à Kansas City, son père black né au Kenya… ce double métissage, autrement dit.... ce métissage au carré…ce désaveu vivant de toutes identités…’ (ibid., p. 84)
Obama brille, parce qu’il parvient à susciter l’espoir. Il en parle si souvent et en des termes si forts qu’il en représente même le porte-drapeau. Le sénateur de l’Illinois n’est sans doute pas un homme truffé de res gestae politiques qui se targue d’une carrière étalée sur des dizaines d’années. Mais il a réussi à transformer, pour le moment, cette faiblesse en une force en théorisant un mouvement. Car la politique de l’espoir trouve son succès plus dans la conjugaison des forces et individualités promptes au changement et à l’espoir qu’à la force intrinsèque des arguments qui la fondent. Pour autant, le ‘challenger’ de Hilary Clinton ne cesse de se défendre que l’espoir dont il se réclame et qu’il ne se lasse de réclamer, n’est ni ignorante des réalités, encore moins aveugle des difficultés et obstacles devant être confrontés et vaincus sans doute. Cet espoir dont il martelait déjà les termes dans son discours à la Convention nationale démocrate en 2004 : ‘L’espoir en face des difficultés, l’espoir en face de l’incertitude, l’audace d’espérer.’
La politique de l’espoir renferme en elle-même deux concepts fondamentaux : l’optimisme et le réalisme. Et dans une société américaine qui se nourrit de pragmatisme et cherche encore les moyens de demeurer optimiste face aux contre-performances de son économie et au sentiment d’insécurité latente, le discours que tient Obama fait espérer et réinstaure la confiance d’être bien chez soi.
Des mots, rien que des mots, disent les adversaires au Sénateur de l’Illinois. L’Amérique a plutôt besoin d’actes et d’actions concrets pour sortir de l’impasse où elle se trouve. Le printemps des orateurs, si fascinant qu’il soit, ne doit pas être espéré, ou du moins pas maintenant. L’Amérique n’as pas besoin de quelqu’un qui ‘parle le parler’, mais plutôt de quelqu’un qui ‘fait le travail’. Il est vrai que si l’expérience professionnelle et communautaire était le critère de sélection des candidats à la présidence américaine, Barack Obama ne se serait jamais présenté à ces joutes électorales. Mais ce qu’il a compris très tôt, c’est que l’enjeu est peut-être ailleurs. Il serait dans la capacité à pouvoir faire espérer. Il serait dans l’appel à la possibilité de changement. Il serait dans la fine nuance entre une politique de l’espoir et celle d’un fatalisme béat. Il se trouverait au carrefour de l’être et du possible. Il résiderait, enfin, dans la volonté de pouvoir rassembler en faisant tomber les barrières sociales, culturelles, idéologiques, raciales et politiques. Obama a compris qu’en tant que noir, il fallait sortir des sentiers battus de la condamnation perpétuelle de l’autre, pour entrer dans l’ère de l’affirmation de soi. Il a compris que la victime du passé doit se donner les moyens de transcender l’histoire pour créer sa propre histoire… afin de pouvoir entrer dans l’Histoire.
La réussite d’Obama ou son échec nous seront contés peut-être en novembre ; ou bien plus tôt même. Alors saura-t-on si la signification de son nom, Barack, ‘béni’ en Swahili, est une pure coïncidence ou un référent fidèle.
Entre temps, il continue sa route dans les méandres de la politique américaine, vers le bureau ovale, s’il passe les obstacles Hilary et McCain. Mais quoiqu’il en soi, on se souviendra de lui, sans doute pour un long instant encore, lui qui était pourtant si conscient de la précarité de l’aventure humaine, quand il confiait à Bernard-Henri Levy : ‘Il ne faut pas aller plus vite que la musique, l’Amérique est le pays des météores’, ‘next month, somebody else will be the story…’ (ibid., p. 86.)
Dr Cheikh Mbacké GUEYE
Source: walffadjri
(M)