L'annonce a été faite mardi (14.11.23) peu avant midi. La prise de Kidal, jadis aux mains de rebelles, a entraîné la fuite de presque toute la population.
Sous le contrôle des ex-rebelles de la Coordination des mouvements de l’Azawad depuis 2012, cette région du nord était une priorité pour les militaires à la tête du pays depuis août 2020. Après le départ des Casques bleus de la Minusma de leur camp le 31 octobre dernier, l’entrée de l’armée malienne dans la ville stratégique de Kidal marque un tournant dans le bras de fer entre le pouvoir de Bamako et la rébellion touareg.
L’armée malienne était présente à Kidal depuis la signature, en 2015 à Bamako, des accords pour la paix et la réconciliation nationale, sous la forme d’une armée reconstituée, composée des forces armées maliennes, des combattants touaregs de la Coordination des mouvements de l’Azawad, la CMA, ainsi que de la Plateforme des mouvements du 14 juin, un autre groupe signataire.
Retour à Kidal après une décennie
Mais l’Etat du Mali a perdu le contrôle de la ville de Kidal, en mars 2012, à la suite de l’occupation des trois grandes régions du nord du Mali, les deux autres étant Tombouctou et Gao, par les groupes indépendantistes et terroristes.
Pour Hamidou Doumbia, secrétaire politique du parti Yelema, l’entrée des soldats maliens ce mardi à Kidal est un tournant historique, mais aussi un défi pour les autorités de la transition.
"C’est le résultat d’un travail acharné, d’une politique de réarmement moral de notre armée. Nous en sommes très fiers", confie Hamidou Doumbia à la DW.
"Mais en tant qu’acteur politique, les moments de victoire doivent être des moments pour nous dire qu’aujourd’hui, le plus grand des défis commence. C’est le défi de l’administration de cette région. Le défi du retour des services sociaux de base. Mais aussi le défi de rassurer les populations de Kidal."
Rassurer la population de Kidal
Abdoulaye Guindo est du même avis. Selon le responsable de la plateforme Benberé, l’armée doit communiquer et surtout donner des garanties à la population de Kidal.
"Maintenant ce qui peut se passer, c’est comment faut-il parler aux populations pour avoir leur adhésion, pour qu’elles puissent comprendre que l’armée n’est pas leur ennemie, mais des frères qui sont là pour la sécurité de leurs biens. Il y a ce travail de sensibilisation, d’éducation, ce travail de discussion qui doit s’engager. Ensuite, l’armée devra faire face à des incursions, à des attaques. Il va donc falloir organiser une stratégie pour éviter cela. Il s’agira donc d’occuper totalement la ville."
Mais avant cette prise de Kidal par l’armée malienne, selon nos informations, environ les trois quarts de la population de cette ville de 25.000 habitants auraient trouvé refuge à la frontière algérienne.
La rébellion touareg a reconnu mardi s'être retirée de son fief de Kidal pris par l'armée, mais a assuré continuer le combat contre l'Etat central. Le Cadre stratégique permanent, une alliance de groupes armés à dominante touareg, a dit dans un communiqué s'être retiré de Kidal "pour des raisons stratégiques" après avoir "durant plusieurs jours stoppé l'avancée (de l'armée) en lui infligeant des grandes pertes humaines et matérielles". "La lutte continue", a-t-il juré.
Recrudescence des attaques djihadistes
Cette reprise de la ville de Kidal fait désormais redouter une recrudescence des attaques djihadistes ou encore un embrasement de la cause Touareg dans la région. L’ancien ministre malien et porte-parole de l'ex-rébellion touareg MNLA, Hama Ag Mahmoud, explique ainsi qu’il s’agit d’une nouvelle cassure dans les affaires internes malienne. Il estime aussi que l’Etat malien ne pourra pas contrôler tout seul les groupes djihadistes qui auraient étendu leur influence dans tout le nord du pays.
"Si on ne trouve pas une solution de paix, c’est la grande porte ouverte vers le désordre dans la sous-région. Les groupes terroristes étaient contrés par les mouvements armés, les mouvements touaregs", indique Hama Ag Mahmoud à la DW.
"Le Mali ne pourra pas arrêter les terroristes. Ils sont infiltrés dans toutes les régions du Mali, ils sont partout. Ils font un travail d’usure. Ça peut aussi réveiller les problèmes touaregs – les problèmes touaregs sont dans toute la région en Libye, en Algérie, au Niger, au Burkina, au Mali… Ça c’est un autre front qui n’existait pas avant."
La prise de Kidal parachève une offensive terrestre et aérienne lancée en fin de semaine passée. Elle a impliqué des mercenaires de Wagner, selon les rebelles et d'autres sources comme des élus, bien que la junte nie la présence dans le pays du groupe de sécurité privé russe.
Mahamadou Kane | Nancy-Wangue Moussissa
Source : Deutsche Welle (Allemagne)
Sous le contrôle des ex-rebelles de la Coordination des mouvements de l’Azawad depuis 2012, cette région du nord était une priorité pour les militaires à la tête du pays depuis août 2020. Après le départ des Casques bleus de la Minusma de leur camp le 31 octobre dernier, l’entrée de l’armée malienne dans la ville stratégique de Kidal marque un tournant dans le bras de fer entre le pouvoir de Bamako et la rébellion touareg.
L’armée malienne était présente à Kidal depuis la signature, en 2015 à Bamako, des accords pour la paix et la réconciliation nationale, sous la forme d’une armée reconstituée, composée des forces armées maliennes, des combattants touaregs de la Coordination des mouvements de l’Azawad, la CMA, ainsi que de la Plateforme des mouvements du 14 juin, un autre groupe signataire.
Retour à Kidal après une décennie
Mais l’Etat du Mali a perdu le contrôle de la ville de Kidal, en mars 2012, à la suite de l’occupation des trois grandes régions du nord du Mali, les deux autres étant Tombouctou et Gao, par les groupes indépendantistes et terroristes.
Pour Hamidou Doumbia, secrétaire politique du parti Yelema, l’entrée des soldats maliens ce mardi à Kidal est un tournant historique, mais aussi un défi pour les autorités de la transition.
"C’est le résultat d’un travail acharné, d’une politique de réarmement moral de notre armée. Nous en sommes très fiers", confie Hamidou Doumbia à la DW.
"Mais en tant qu’acteur politique, les moments de victoire doivent être des moments pour nous dire qu’aujourd’hui, le plus grand des défis commence. C’est le défi de l’administration de cette région. Le défi du retour des services sociaux de base. Mais aussi le défi de rassurer les populations de Kidal."
Rassurer la population de Kidal
Abdoulaye Guindo est du même avis. Selon le responsable de la plateforme Benberé, l’armée doit communiquer et surtout donner des garanties à la population de Kidal.
"Maintenant ce qui peut se passer, c’est comment faut-il parler aux populations pour avoir leur adhésion, pour qu’elles puissent comprendre que l’armée n’est pas leur ennemie, mais des frères qui sont là pour la sécurité de leurs biens. Il y a ce travail de sensibilisation, d’éducation, ce travail de discussion qui doit s’engager. Ensuite, l’armée devra faire face à des incursions, à des attaques. Il va donc falloir organiser une stratégie pour éviter cela. Il s’agira donc d’occuper totalement la ville."
Mais avant cette prise de Kidal par l’armée malienne, selon nos informations, environ les trois quarts de la population de cette ville de 25.000 habitants auraient trouvé refuge à la frontière algérienne.
La rébellion touareg a reconnu mardi s'être retirée de son fief de Kidal pris par l'armée, mais a assuré continuer le combat contre l'Etat central. Le Cadre stratégique permanent, une alliance de groupes armés à dominante touareg, a dit dans un communiqué s'être retiré de Kidal "pour des raisons stratégiques" après avoir "durant plusieurs jours stoppé l'avancée (de l'armée) en lui infligeant des grandes pertes humaines et matérielles". "La lutte continue", a-t-il juré.
Recrudescence des attaques djihadistes
Cette reprise de la ville de Kidal fait désormais redouter une recrudescence des attaques djihadistes ou encore un embrasement de la cause Touareg dans la région. L’ancien ministre malien et porte-parole de l'ex-rébellion touareg MNLA, Hama Ag Mahmoud, explique ainsi qu’il s’agit d’une nouvelle cassure dans les affaires internes malienne. Il estime aussi que l’Etat malien ne pourra pas contrôler tout seul les groupes djihadistes qui auraient étendu leur influence dans tout le nord du pays.
"Si on ne trouve pas une solution de paix, c’est la grande porte ouverte vers le désordre dans la sous-région. Les groupes terroristes étaient contrés par les mouvements armés, les mouvements touaregs", indique Hama Ag Mahmoud à la DW.
"Le Mali ne pourra pas arrêter les terroristes. Ils sont infiltrés dans toutes les régions du Mali, ils sont partout. Ils font un travail d’usure. Ça peut aussi réveiller les problèmes touaregs – les problèmes touaregs sont dans toute la région en Libye, en Algérie, au Niger, au Burkina, au Mali… Ça c’est un autre front qui n’existait pas avant."
La prise de Kidal parachève une offensive terrestre et aérienne lancée en fin de semaine passée. Elle a impliqué des mercenaires de Wagner, selon les rebelles et d'autres sources comme des élus, bien que la junte nie la présence dans le pays du groupe de sécurité privé russe.
Mahamadou Kane | Nancy-Wangue Moussissa
Source : Deutsche Welle (Allemagne)