L'Afrique du Sud, qui aime se rêver en "nation arc-en-ciel", a déchanté cette semaine quand une vidéo amateur réalisée par quatre étudiants blancs est venue rappeler que le racisme n'a pas disparu avec l'apartheid.
Le film, réalisé en réaction à une décision de la direction de l'université d'imposer le mélange entre Noirs et Blancs dans les résidences, met en scène des employés noirs dans des situations humiliantes, notamment mangeant un plat dans lequel un étudiant blanc semble avoir uriné.
Il a suscité une vague d'indignation, d'autant que ses auteurs sont trop jeunes pour avoir été conditionnés par le régime raciste, tombé en 1994.
"Ils n'ont pas grandi sous l'apartheid et pourtant, ils sont profondément racistes", a noté le ministre des Arts et de la Culture, Pallo Jordan, dans un débat organisé par la radio publique SAFM. "D'où ont-ils tiré ces idées ?"
La question s'est également posée en janvier, quand un jeune Blanc de 18 ans a ouvert le feu sans raison apparente dans un campement informel à Skielik, dans la province du Nord-Ouest, tuant quatre résidents noirs.
Le jeune homme fait l'objet d'une évaluation psychiatrique, mais même s'il est fou, pourquoi a-t-il choisi de viser des Noirs, se sont demandé les observateurs.
Pour Jody Kollapen, le président de la commission des droits de l'Homme, l'Afrique du Sud paie le prix de son idéalisme.
"Notre transition a été remarquable", déclare-t-il à l'AFP, en référence à l'élection de Nelson Mandela à la présidence du pays en 1994 après des élections libres, démocratiques et pacifiques.
"Mais elle nous a bercés dans une illusion: nous avons pensé que nous avions franchi les obstacles les plus difficiles et que le reste de la croisière se ferait sans vagues".
Pour lui, les dirigeants ont trop mis l'accent sur le pardon et la réconciliation et n'ont pas fait assez pour transformer la société et la débarrasser du racisme historique.
"Il n'y a jamais eu de débat impliquant toute la société sur le passé", explique-t-il en soulignant qu'il n'existe pas en Afrique du Sud d'association de lutte contre le racisme.
Quatorze ans après l'instauration de la démocratie, la société reste très divisée. Les Blancs et les Noirs ne vivent pas ensemble, ne fréquentent pas les mêmes lieux et finalement, ne se connaissent pas.
Devant les inégalités criantes, beaucoup de Noirs se demandent si les Blancs sont vraiment favorables au changement et tendent à se replier sur eux-mêmes.
A la mi-janvier, le Forum des journalistes noirs a d'ailleurs suscité une large réprobation, en interdisant à des journalistes blancs de participer à un entretien avec Jacob Zuma, le président du Congrès national Africain (ANC, au pouvoir).
Le Forum des journalistes sud-africains (Sanef) a estimé qu'un tel événement n'avait "pas sa place dans l'Afrique du Sud d'aujourd'hui".
De leur côté, les Blancs, dont une grande partie a soutenu la transition, peinent à s'habituer aux politiques de discrimination positive, qu'ils perçoivent comme une sorte de racisme inversé.
"Il y a un gros pourcentage de Blancs qui ont le sentiment de vivre assiégés", note Jody Kollapen. "Nous devons nous demander: qu'est-ce qui est au coeur de la résistance ? Est-ce la peur qu'une culture ou une langue soit effacée ? Est-ce une peur fondée et comment la gérer ?"
L'Institut de relations entre les races en Afrique du Sud (SAIRR) en est venu à noter "une hausse des tensions raciales depuis un mois".
"La raison, c'est que nous n'avons jamais traité le problème du racisme", confirme son président Sipho Seepe. "Nous avons échoué à réaliser que le racisme est un mode de vie, enraciné dans les systèmes, les structures, les institutions".
Et d'asséner: "ce qui se passe maintenant devait forcément arriver. L'eau bouillante allait déborder".
Source: TV5
(M)
Le film, réalisé en réaction à une décision de la direction de l'université d'imposer le mélange entre Noirs et Blancs dans les résidences, met en scène des employés noirs dans des situations humiliantes, notamment mangeant un plat dans lequel un étudiant blanc semble avoir uriné.
Il a suscité une vague d'indignation, d'autant que ses auteurs sont trop jeunes pour avoir été conditionnés par le régime raciste, tombé en 1994.
"Ils n'ont pas grandi sous l'apartheid et pourtant, ils sont profondément racistes", a noté le ministre des Arts et de la Culture, Pallo Jordan, dans un débat organisé par la radio publique SAFM. "D'où ont-ils tiré ces idées ?"
La question s'est également posée en janvier, quand un jeune Blanc de 18 ans a ouvert le feu sans raison apparente dans un campement informel à Skielik, dans la province du Nord-Ouest, tuant quatre résidents noirs.
Le jeune homme fait l'objet d'une évaluation psychiatrique, mais même s'il est fou, pourquoi a-t-il choisi de viser des Noirs, se sont demandé les observateurs.
Pour Jody Kollapen, le président de la commission des droits de l'Homme, l'Afrique du Sud paie le prix de son idéalisme.
"Notre transition a été remarquable", déclare-t-il à l'AFP, en référence à l'élection de Nelson Mandela à la présidence du pays en 1994 après des élections libres, démocratiques et pacifiques.
"Mais elle nous a bercés dans une illusion: nous avons pensé que nous avions franchi les obstacles les plus difficiles et que le reste de la croisière se ferait sans vagues".
Pour lui, les dirigeants ont trop mis l'accent sur le pardon et la réconciliation et n'ont pas fait assez pour transformer la société et la débarrasser du racisme historique.
"Il n'y a jamais eu de débat impliquant toute la société sur le passé", explique-t-il en soulignant qu'il n'existe pas en Afrique du Sud d'association de lutte contre le racisme.
Quatorze ans après l'instauration de la démocratie, la société reste très divisée. Les Blancs et les Noirs ne vivent pas ensemble, ne fréquentent pas les mêmes lieux et finalement, ne se connaissent pas.
Devant les inégalités criantes, beaucoup de Noirs se demandent si les Blancs sont vraiment favorables au changement et tendent à se replier sur eux-mêmes.
A la mi-janvier, le Forum des journalistes noirs a d'ailleurs suscité une large réprobation, en interdisant à des journalistes blancs de participer à un entretien avec Jacob Zuma, le président du Congrès national Africain (ANC, au pouvoir).
Le Forum des journalistes sud-africains (Sanef) a estimé qu'un tel événement n'avait "pas sa place dans l'Afrique du Sud d'aujourd'hui".
De leur côté, les Blancs, dont une grande partie a soutenu la transition, peinent à s'habituer aux politiques de discrimination positive, qu'ils perçoivent comme une sorte de racisme inversé.
"Il y a un gros pourcentage de Blancs qui ont le sentiment de vivre assiégés", note Jody Kollapen. "Nous devons nous demander: qu'est-ce qui est au coeur de la résistance ? Est-ce la peur qu'une culture ou une langue soit effacée ? Est-ce une peur fondée et comment la gérer ?"
L'Institut de relations entre les races en Afrique du Sud (SAIRR) en est venu à noter "une hausse des tensions raciales depuis un mois".
"La raison, c'est que nous n'avons jamais traité le problème du racisme", confirme son président Sipho Seepe. "Nous avons échoué à réaliser que le racisme est un mode de vie, enraciné dans les systèmes, les structures, les institutions".
Et d'asséner: "ce qui se passe maintenant devait forcément arriver. L'eau bouillante allait déborder".
Source: TV5
(M)