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Le bureau exécutif de l'AVOMM

"L'important n'est pas ce qu'on fait de nous, mais ce que nous faisons nous-mêmes de ce qu'on a fait de nous." Jean-Paul Sartre

"L'Association d'aides aux veuves et aux orphelins de mauritanie (AVOMM) qui nous rassemble, a été créée le 25/12/95 à PARIS par d'ex-militaires mauritaniens ayant fui la terreur, l'oppression, la barbarie du colonel Mawiya o/ sid'ahmed Taya ......
Ces rescapés des geôles de ould Taya, et de l'arbitraire, décidèrent, pour ne jamais oublier ce qui leur est arrivé, pour garder aussi la mémoire des centaines de martyrs, de venir en aide aux veuves, aux orphelins mais aussi d'engager le combat contre l'impunité décrétée par le pouvoir de Mauritanie."
E-mail : avommavomm@yahoo.fr

Bureau exécutif

*Ousmane SARR, président
*Demba Niang, secrétaire général
*Secrétaire général Adjt; Demba Fall
*Alousseyni SY, Chargé des relations extérieures
*Mme Rougui Dia, trésorière
*Chargé de l’organisation Mariame Diop
*adjoint Ngolo Diarra
*Mme Mireille Hamelin, chargée de la communication
*Chargé de mission Bathily Amadou Birama
Conseillers:
*Kane Harouna
*Hamdou Rabby SY










AVOMM

Talatay Nder et le radeau de la méduse : Deux destins tragiques liés


Submergée par les assaillants, la Linguère préféra se brûler vive avec plusieurs de ses courtisanes, dont les Beuk Negg Ndiourbel Mbarka Demba Laobé Boh Ndiaye et Seydané que de tomber dans les mains des maures. Pour sauvegarder la lignée royale des tédiecks, la Linguère avait réussi à évacuer vers leur tante paternelle Ndikcou Fatim Borso à Ronkh, ses deux jeunes filles, les futures Linguères Ndjeumbeut et Ndaté Yalla.


Talatay Nder et le radeau de la méduse : Deux destins tragiques liés
Si la date du 8 mars est consacrée à travers le monde comme Journée internationale de la femme, la date du 7 mars devrait être célébrée au Sénégal comme la journée nationale dédiée aux femmes sénégalaises en hommage du sacrifice suprême des femmes de Nder.

En effet, il y a 190 ans, le mardi 7 mars 1820, le Walo vécut l’un des épisodes les plus tragiques de son histoire avec le sacrifice des femmes de Nder qui ont préféré se brûler vives que de devenir captives des Maures. Ce pan de l’histoire du Walo se confond avec l’histoire coloniale française. Ce fut dans cette contrée du Walo que la France a eu à expérimenter toutes les phases d’exploitation coloniale, avant de les appliquer au reste de l’Afrique noire.

On ne peut raconter l’histoire ‘Talatay nder’ sans relater un épisode tragique de l’histoire française celui du ‘radeau de la Méduse’. Le 18 juin 1815 s’était déroulée en Belgique la bataille de Waterloo opposant les armées napoléoniennes et celles des alliés, composée principalement de Prussiens, de Britanniques et de Néerlandais. Cette bataille se termina par la victoire décisive de ces derniers. Ce fut la chute de l’empire et le début de la restauration, le roi Louis XVIII fut installé sur le trône de France.

Le traité de paix de Vienne qui fut signé entre la France et l’Angleterre avait une clause qui stipulait la rétrocession des possessions françaises au Sénégal. L’Angleterre acceptait de remettre le comptoir de Saint-Louis (qu’elle occupait de 1809 à 1817) aux Français à la condition de l’abolition de la traite négrière.

Afin de prendre le contrôle de la colonie du Sénégal, la France envoya une expédition navale. Le 17 juin 1816, de l'île d'Aix, une flottille composée de la corvette ‘l’Echo’, de la flûte ‘la Loire’ et du brick ‘l’Argus’ et de ‘La Méduse’ ayant à son bord plus de 400 passagers appareilla sous les ordres du commandant Hugues Duroy de Chaumaray, avec à son bord le futur gouverneur du Sénégal, le colonel Julien Désiré Schmaltz, accompagné de sa femme Reine Schmaltz, de leur fille, de scientifiques, de soldats et de colons.

L'inexpérience de l'équipage provoqua l'échouage de la Méduse sur le banc d'Arguin, près de la ville de Nouadihbou, sur la côte mauritanienne. Après plusieurs essais infructueux pour dégager la frégate, l'ordre d'évacuer le navire est donné le 5 juillet par les officiers qui montrèrent encore leur incompétence. Les 250 passagers privilégiés, dont Chaumareys, Schmaltz et sa famille, s'installèrent confortablement dans les chaloupes qu'ils se sont réservées, les cent cinquante marins et passagers furent entassés sur un radeau construit depuis la veille. Par manque de place, dix-sept personnes furent abandonnées sur la Méduse (trois hommes seront retrouvés vivants et à moitié fous, cinquante-deux jours plus tard !). Pire encore : alors que le plan d'évacuation prévoyait le remorquage du radeau par les chaloupes, les occupants de ces dernières, après quelques moments de navigation, coupèrent les cordes et abandonnèrent les naufragés du radeau à leur triste sort.

Le deuxième canot qui s’appelait ‘le Sénégal’, car il devait être laissé à la colonie, fut le premier à aborder la côte et à débarquer ses passagers, imité par d’autres canots. Chaumareys, Schmaltz et sa famille furent parmi les cent seize personnes qui se mirent en route vers Saint-Louis en longeant la côte mauritanienne. Après d’éprouvantes péripéties dont la rencontre avec des pillards maures, le gouverneur Schmaltz et sa suite parvinrent à rallier le comptoir de Saint-Louis le 13 juillet.

Sans eau ni vivres, le calvaire des 150 soldats et marins du radeau à la dérive qui va durer douze jours, peut alors commencer. La situation se dégrade rapidement. Dès la première nuit, 20 hommes se sont suicidés ou ont été massacrés. Après treize jours, le radeau est repéré par le brick l'Argus, seuls quinze rescapés restaient à bord : pour leur survie, ils avaient pratiqué très vraisemblablement le cannibalisme, cinq moururent dans les jours qui suivirent. Que se passa-t-il pendant ces terribles douze jours de dérive ?

Relatons une partie des mémoires d’un des rescapés, le capitaine Dupont qui raconte cet épisode obscur. Comme ses compagnons, il a dû faire face au mauvais temps, à la faim, à la soif, au désespoir et à des scènes de cannibalisme. ‘Deux nuits consécutives, la tempête fit rage, emportant les hommes qui s'accrochaient les uns aux autres. Au milieu de cette horreur, des soldats s'enivrèrent et, pris de désespoir, voulurent détruire le radeau en coupant les cordes qui le tenaient assemblé. De sauvages bagarres se déclenchèrent et les mutins furent jetés à la mer. Il restait, le troisième jour, soixante personnes qui avaient encore de l'eau jusqu'aux genoux et que la faim et la soif commencèrent à faire délirer. Ne pouvant se satisfaire de mâcher le cuir des baudriers et des chapeaux, on en vint à manger des morceaux de cadavre. On finit par les mettre à sécher pour surmonter le dégoût.

Le quatrième jour, on jeta tous les cadavres sauf un qu'on garda pour le manger. Certains firent une conspiration pour fuir avec un sac de richesses sauvé du naufrage en construisant à partir du radeau une petite embarcation. Nouvelle bagarre, nouveaux blessés souffrant le martyre avec l'eau salée qui noyait leurs plaies.

Le septième jour, on jeta à l'eau les blessés qui n'avaient plus aucune chance de survie. Un papillon blanc vint voleter autour du mât, ce qui leur fit penser que la terre n'était pas loin. Certains voulurent quitter le radeau mais durent y renoncer. Ils souffraient d'une soif affreuse et essayaient tout pour l'apaiser.

Le dixième jour, plusieurs tentèrent de se suicider. Le treizième jour enfin, un bateau parut à l'horizon, mais ne vit pas les signaux des malheureux. Pris de désespoir, ils entreprirent de rédiger un message à l'abri d'une toile tendue pour les protéger de l'ardeur du soleil tropical. C'est alors qu'un marin parti vers l'avant découvrit ‘l'Argus’ à une demi-lieue. Quinze naufragés sur cent cinquante furent sauvés.’

Nombreuses sont les personnes qui connaissent le magnifique et terrible tableau de Géricault qui se trouve actuellement au musée du Louvre à Paris connu sous le nom du ‘Radeau de la Méduse’. Beaucoup plus rares sont celles qui sont capables de localiser, de dater l'événement et de relier à l’épisode tragique des femmes de Nder.

Le colonel Julien Désiré Schmaltz, après moult péripéties, avait réussi à gagner à pied le comptoir de Saint-Louis où il prit ses fonctions de gouverneur du Sénégal. La mission que le ministre des Colonies, le Baron Portal, avait assignée au gouverneur Schmaltz, était de créer une colonie agricole au Walo. C’était le début de la révolution industrielle en Angleterre, la machine était en train de remplacer la force de travail humaine ou animale. L’Angleterre, puissance dominante, préconisait l’abolition de la traite négrière afin de vendre ses machines.

La traite abolie, la France trouvait plus rentable économiquement d’acquérir des terres de cultures en Afrique et d’y faire cultiver du coton et de la canne à sucre que de transporter des nègres dans les plantations en Amérique. Le gouverneur Schmaltz, chargé d’appliquer cette politique, porta son choix sur le royaume du Walo pour ses projets de colonisation agricole.

Dans une lettre adressée au ministre des Colonies, le 4 septembre 1819, le gouverneur Schmaltz disait ceci : ‘J’ai toujours soigneusement observé les pays que j’ai parcourus et je n’ai pas vu de plus beau, de plus propre à de grandes entreprises que le Sénégal. Les bords du Gange ne m’ont point paru plus fertiles que ceux de notre Fleuve et je n’ai le moindre doute d’y réussir les cultures qu’on y voudra.’

Après deux jours de négociation, le 8 mai 1819, à bord du navire l’Isère ancré sur le fleuve Sénégal en face du village de Ndiaw, au nom du roi de France, le Colonel Schmaltz signa avec le roi du Walo le Brack Amar Fatim Borso Mbodje et les principaux chefs du pays : le Diawdine Madiaw Xor Aram Bakar Diaw, le Béthio Sakoura Diop, le Maalo Ndiack Ndongo Diaw, le diogomaye Ndiack Arame Kélar Diaw, le beuk negg Ndiourbel Birame Coura Diagne, le traité dit Traité de Ndiaw. Notons entre parenthèse que c’est ce traité qui est à l’origine de la création de la ville de Richard Toll. Ce traité devait permettre à la France de créer des établissements de culture et de construire des forts militaires à Dagana et sur la rivière Taouey pour les protéger des peuples voisins près du village de Ndioukouck moyennant une redevance annuelle de 11 715 ,70 francs.

Cette alliance économique et militaire entre le Walo et la France entraîna des réactions hostiles de tous les peuples voisins. Pour l’Almamy du Fouta, la construction d’un fort militaire au village de Dagana était un casus belli. De cette place forte de Dagana, les Français pouvaient attaquer le Fouta.

L’Almamy envoya une correspondance au Brack lui demandant de rompre le traité avec les infidèles français sous peine de lui déclarer la guerre et lui rappela que la moitié du village de Dagana était une possession du Fouta. Fort du soutien militaire de la France, le Walo refusa de payer la coutume annuelle de 100 bœufs qu’il payait au royaume maure du Trarza afin d’éviter à ses populations des razzias.

A la frontière sud, le Damel Birima Fatma Thioub Fall était hostile à la présence française au Walo. C’était un précédent dangereux pour lui car, pour la première fois, des Blancs quittaient les îles où ils étaient installés (Gorée, Saint-Louis) pour s’établir à l’intérieur des terres sur le continent.

Les mulâtres et négociants du comptoir de Saint-Louis s’opposaient aussi au projet de colonisation agricole au Walo. Intermédiaires entre les chefs locaux et le comptoir dans le commerce de la gomme et la traite des esclaves, les mulâtres voyaient dans la promotion des cultures de produits exotiques au Walo une source certaine de leur ruine. Un espion anglais, le major Gray, assurait la liaison entre ces différents pôles d’intérêts hostiles au projet de la colonisation agricole. Il distribuait de l’argent et des armes à tous ces royaumes hostiles au Walo.

Le 21 septembre 1819, avec la complicité du mulâtre saint-louisien Pellegrin, les troupes de l’Emir du Trarza Amar Ould Moctar attaquèrent par surprise le village de Thiaggar où le Brack Amar Fatim Borso Mbodje tenait un conseil du trône. Lors de cette attaque appelée en wolof ‘Mbettoum Thiaggar’, le Brack eut la jambe fracturée et fut évacué à Saint-Louis ; les chefs de guerre le Diawdine Madiaw Xor Aram Bakar Diaw et Moussé Sarr Fary Diop Sall furent blessés, 26 habitants furent tués et bien d’autres amenés en captivité en Mauritanie, dont le griot Mbaydé Fapeinda Thioune Diop.

Le verrou militaire que constituait le village fortifié de Thiaggar ayant sauté, la voie était libre pour la prise de la capitale Nder. Le 7 mars 1820, la capitale Nder fut conquise malgré la résistance opiniâtre du Kaddj Yérim Mbagnick Tegue Rella Mbodje et de la Linguère Fatim Yaamar Khouryaye Mbodj (mère des Linguères Ndjeumbeut et Ndaté Yalla), en l’absence du Brack Amar Fatim Borso blessé se trouvant à Saint-Louis.

Submergée par les assaillants, la Linguère préféra se brûler vive avec plusieurs de ses courtisanes, dont les Beuk Negg Ndiourbel Mbarka Demba Laobé Boh Ndiaye et Seydané que de tomber dans les mains des maures. Pour sauvegarder la lignée royale des tédiecks, la Linguère avait réussi à évacuer vers leur tante paternelle Ndikcou Fatim Borso à Ronkh, ses deux jeunes filles, les futures Linguères Ndjeumbeut et Ndaté Yalla.

La riposte du Walo ne se fera pas attendre. Le Kaddj Yérim Mbagnick Tegue Rella Mbodje rassembla les débris de l’armée du Walo et une levée en masse se fit. Avec le concours du Gouverneur Schmaltz qui fournit à son armée beaucoup d’armes et de munitions, le Kaddj Yérim Mbagnick Tegue Rella Mbodje, secondé par le Diawdine Madiaw Xor Aram Bakar Diaw et le Béthio Sakoura Diop, traversa le fleuve Sénégal à Ronkh et battit à Ouara Ouar les troupes maures d’Amar Ould Moctar qui se réfugia dans l’Adrar, laissant sur le terrain plus de 150 morts. Ayant capturé la smala de l’Emir, le Kaddj, par vengeance, coupa les oreilles de toutes les princesses maures dont la mère de l’Emir, Mrasse comme trophée de guerre. Et les griots du Walo lui inventèrent au Briok cet hymne : ‘Yérim Mbagnick Mbodje Mo dakh Naar yi Mouni kouni weyli weyli dé’.

Après cette défaite, l’Almamy Boubacar et l’Emir du Trarza Amar Ould Moctar levèrent une nouvelle armée qui fut battue à Dialawaly, plaine située à 3 km à l’est de Dagana. Le chef de guerre le Briok Ma Mbodj Fanta fit prisonnier l’Almamy Boubacar. Un autre hymne du Walo vit le jour : ‘Dialawaly Faye Nder ba Ndaam li dess Walo’.

Voici telle que racontée l’histoire des femmes de Nder qui devait être le credo de libération des femmes sénégalaises. Les femmes sénégalaises n’ont pas besoin comme modèles Rosa Luxembourg ni Jeanne d’Arc ni d’autres héroïnes des autres peuples, mais elles peuvent s’inspirer des célèbres femmes sénégalaises.

La journée internationale des femmes trouve son origine dans les manifestations de femmes au début du XXe siècle en Europe et aux Etats-Unis réclamant des meilleures conditions de travail et le droit de vote. Elle a été officialisée par les Nations unies en 1977. Cette journée ne peut rien apporter de plus dans l’émancipation de la femme sénégalaise. Ces femmes occidentales étaient en retard par rapport aux sénégalaises dont certaines régnaient depuis des siècles à la tête de certains royaumes. Le Sénégal devrait plutôt officialiser la date du 7 mars comme Journée nationale de la femme sénégalaise en souvenir de Talatay nder.

Amadou Bakhaw DIAW
dyaaogonilsen@hotmail.fr

ANNEXES

Théodore Géricault 1791-1824 Le Radeau de la Méduse 1819 - Toile (H. : 4,91 m, L. : 7,16 m) Musée du Louvre - Paris
Kaddji : signifie prince héritier Premier Vice Roi vient en numéro un dans l’ordre de succession du Brack
Briok : signifie prince héritier deuxième Vice Roi vient en numéro deux dans l’ordre de succession du Brack
Dya ogo (voir signification dans google) la plus vieille famille de la vallée du fleuve Sénégal



Source: walfad
Mardi 9 Mars 2010 - 13:38
Mardi 9 Mars 2010 - 13:53
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1.Posté par magatte mbodj le 27/04/2010 19:08
il y' a une differance sur les dates de talatay nder c'est toujour interressant d'avoir ces in,formatins

2.Posté par diop le 04/01/2011 23:44
c'est bn d'avoir lu sa car sa me donne une tr bonne connaissance

3.Posté par aida le 27/01/2012 17:52
merci pour cette histoire. l'histoire de ndatté yalla, de sa mère et surtout de talatay nder m'a toujours fascinée...merci

4.Posté par ahmadou le 30/01/2012 11:55
c est vraiment désolent

5.Posté par ANDRE le 27/04/2012 05:52
merci pour l info

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