Louis Camara, Grand Prix du chef de l'Etat pour les Lettres, s'insurge contre le folklore et la littérature nombriliste. L'auteur du Choix de l'Ori fustige la publication d'autobiographies qui n'intéressent presque personne, à part leurs auteurs, et se désole de l'absence de critiques littéraires objectifs au Sénégal.
L'écrivain Louis Camara, Grand Prix du Président de la République pour les Lettres, trouve dommage que la littérature sénégalaise n'ait pas enregistré de nouveaux talents ces dernières années et qu'elle continue à tourner autour des mêmes noms, avec une tendance à la baisse très nette par rapport à la production antérieure.
Interrogé en marge de la cérémonie de rentrée solennelle de l'Université Gaston Berger de Saint-Louis, qui a eu lieu hier en présence du ministre de l'Education nationale, l'écrivain a également déploré ce qu'il appelle ‘le folklore et la littérature nombriliste (qui) ouvrent la porte aux romans médiocres ou insipides publiés par certaines maisons qui semblent avoir fait cette option’.
Selon Louis Camara, ‘il n'y a de renouvellement ni au niveau thématique ni au niveau formel, ce qui favorise la sclérose et la stagnation’. ’Mon souhait, c'est de voir les jeunes s'impliquer davantage dans l'activité littéraire, aidés en cela par les aînés et par le mécénat privé ou public’, indique l’écrivain.
‘Depuis un certain temps, la mode est à la publication d'autobiographies, plus ou moins bien présentées et qui n'intéressent presque personne, à part leurs auteurs’, fulmine l'auteur du Choix de l'Ori. Louis Camara regrette ’l'absence ou la complaisance de la critique littéraire sénégalaise, qui préfère caresser les écrivains dans le sens du poil, sous prétexte que critiquer quelqu'un de manière ouverte n'est pas dans nos habitudes culturelles, au lieu de faire des analyses pertinentes des textes qui leur sont proposés, avec de véritables grilles de lecture.’ ‘Tant qu'il en sera ainsi, la littérature sénégalaise restera banale, voire médiocre, et les bons écrivains continueront d'être chassés par les mauvais’, souligne l’homme de plume.
Pour notre interlocuteur, ‘écrire est un art difficile qui requiert non seulement du talent mais également beaucoup d'abnégation et de travail. C'est un métier qui peut même être dangereux, surtout dans les pays où la démocratie n'est pas exercée de manière normale, comme le prouve le sort malheureux de certains écrivains, tel le Nigérian Ken Saro-Wiwa, pour ne citer que celui-là en Afrique’.
‘L'écrivain, sans être nécessairement un opposant, doit éviter de flirter avec le pouvoir politique afin de garder sa liberté d'expression, garant de sa créativité’, prône le lauréat du Grand Prix du chef de l'Etat pour les Lettres en 1996.
Présentation de recueil de nouvelles à l'institut Jean MERMOZ : Il pleut sur Saint-Louis sera présenté samedi
Louis Camara est revenu sur le lancement de son nouveau recueil de nouvelles prévu, samedi prochain, à l'Institut culturel linguistique français Jean Mermoz de Saint-Louis. L'ouvrage intitulé Il pleut sur Saint-Louis et publié par les Neas lors de la dernière foire du livre, est une sorte de chronique de l'événementiel qui dépeint avec beaucoup d'humour, pour ne pas dire d'ironie, certains aspects caractéristiques d'une société sénégalaise en pleine mutation. Ces courts récits, plutôt caustiques, surfent sur différents registres de langue. Ce sont des histoires habillement combinées par l'auteur, qui n'hésite pas à forcer, parfois le trait jusqu'à la caricature.
S'expliquant sur son nouveau style d’écriture, le spécialiste des contes Yorouba estime qu'‘il est souhaitable qu'un écrivain puisse évoluer sur plusieurs registres et ne s'enferme pas dans un genre, même s'il est normal d'avoir une prédilection’. Il pleut sur Saint-Louis sera présenté par le professeur de Lettres, Mwamba Cabakulu de l'Université Gaston Berger, qui en est aussi le préfacier. L'écrivain saint-louisien n'entend pas s'arrêter en si bon chemin, lui qui a clairement affirmé sa volonté d'étoffer son œuvre littéraire qu'il juge ‘des plus modestes’, même s'il lui reconnaît une originalité certaine.
Gabriel BARBIER
Source: walffad
(M)
L'écrivain Louis Camara, Grand Prix du Président de la République pour les Lettres, trouve dommage que la littérature sénégalaise n'ait pas enregistré de nouveaux talents ces dernières années et qu'elle continue à tourner autour des mêmes noms, avec une tendance à la baisse très nette par rapport à la production antérieure.
Interrogé en marge de la cérémonie de rentrée solennelle de l'Université Gaston Berger de Saint-Louis, qui a eu lieu hier en présence du ministre de l'Education nationale, l'écrivain a également déploré ce qu'il appelle ‘le folklore et la littérature nombriliste (qui) ouvrent la porte aux romans médiocres ou insipides publiés par certaines maisons qui semblent avoir fait cette option’.
Selon Louis Camara, ‘il n'y a de renouvellement ni au niveau thématique ni au niveau formel, ce qui favorise la sclérose et la stagnation’. ’Mon souhait, c'est de voir les jeunes s'impliquer davantage dans l'activité littéraire, aidés en cela par les aînés et par le mécénat privé ou public’, indique l’écrivain.
‘Depuis un certain temps, la mode est à la publication d'autobiographies, plus ou moins bien présentées et qui n'intéressent presque personne, à part leurs auteurs’, fulmine l'auteur du Choix de l'Ori. Louis Camara regrette ’l'absence ou la complaisance de la critique littéraire sénégalaise, qui préfère caresser les écrivains dans le sens du poil, sous prétexte que critiquer quelqu'un de manière ouverte n'est pas dans nos habitudes culturelles, au lieu de faire des analyses pertinentes des textes qui leur sont proposés, avec de véritables grilles de lecture.’ ‘Tant qu'il en sera ainsi, la littérature sénégalaise restera banale, voire médiocre, et les bons écrivains continueront d'être chassés par les mauvais’, souligne l’homme de plume.
Pour notre interlocuteur, ‘écrire est un art difficile qui requiert non seulement du talent mais également beaucoup d'abnégation et de travail. C'est un métier qui peut même être dangereux, surtout dans les pays où la démocratie n'est pas exercée de manière normale, comme le prouve le sort malheureux de certains écrivains, tel le Nigérian Ken Saro-Wiwa, pour ne citer que celui-là en Afrique’.
‘L'écrivain, sans être nécessairement un opposant, doit éviter de flirter avec le pouvoir politique afin de garder sa liberté d'expression, garant de sa créativité’, prône le lauréat du Grand Prix du chef de l'Etat pour les Lettres en 1996.
Présentation de recueil de nouvelles à l'institut Jean MERMOZ : Il pleut sur Saint-Louis sera présenté samedi
Louis Camara est revenu sur le lancement de son nouveau recueil de nouvelles prévu, samedi prochain, à l'Institut culturel linguistique français Jean Mermoz de Saint-Louis. L'ouvrage intitulé Il pleut sur Saint-Louis et publié par les Neas lors de la dernière foire du livre, est une sorte de chronique de l'événementiel qui dépeint avec beaucoup d'humour, pour ne pas dire d'ironie, certains aspects caractéristiques d'une société sénégalaise en pleine mutation. Ces courts récits, plutôt caustiques, surfent sur différents registres de langue. Ce sont des histoires habillement combinées par l'auteur, qui n'hésite pas à forcer, parfois le trait jusqu'à la caricature.
S'expliquant sur son nouveau style d’écriture, le spécialiste des contes Yorouba estime qu'‘il est souhaitable qu'un écrivain puisse évoluer sur plusieurs registres et ne s'enferme pas dans un genre, même s'il est normal d'avoir une prédilection’. Il pleut sur Saint-Louis sera présenté par le professeur de Lettres, Mwamba Cabakulu de l'Université Gaston Berger, qui en est aussi le préfacier. L'écrivain saint-louisien n'entend pas s'arrêter en si bon chemin, lui qui a clairement affirmé sa volonté d'étoffer son œuvre littéraire qu'il juge ‘des plus modestes’, même s'il lui reconnaît une originalité certaine.
Gabriel BARBIER
Source: walffad
(M)