Hamdou Rabby SY à Mantes la Jolie
A l'heure des célébrations du cinquantenaire des indépendances du continent africain, la Mauritanie est inscrite dans cet agenda historique ( 28 novembre 1960- 28 novembre 2010): c'est bien le cinquantenaire de l'indépendance de notre pays. J'ai bien dit agenda historique pour marquer le ton et l'orientation de mon propos s'inscrit dans un bilan autre, celui de l'agenda politique.
Je laisse aux historiens nous démontrer en quoi dans les faits, la Mauritanie actuelle a honoré et respecté cet agenda historique. Il y a un choc entre l'agenda historique et l'agenda politique, voire une opposition dont la conciliation est retardée par une volonté politique dont l'agir a structuré la difficulté de la construction d'une communauté nationale.
En 1960, dans le sillage de beaucoup de peuples colonisés, la France du Général De Gaulle a octroyé à la Mauritanie l'indépendance sans aucune forme de procès. La Mauritanie de l'époque n'était pas sur la liste des peuples leaders ni sur le plan politique, ni sur le plan militaire, encore moins sur le plan idéologique. Les peuples dont les élites à l'époque, ont soit fait parler les armes, ou agité les idées ou ont résisté par les armes idéologiques n'occupent pas la même place dans le concert des nations dans le continent et dans le monde.
Le bilan général sur le continent est plus que catastrophique dans la mesure où aucun pays africain n'est sorti de la pauvreté, de la misère et n'a, de manière indéniable franchi le cap de l'enracinement dans une tradition démocratique. On pourra débattre infiniment sur la démocratie, le rythme des peuples, les réalités culturelles et historiques, mais on peut admettre sans complexe que la démocratie est un principe, un ensemble de pratiques politiques et institutionnelles fondées sur l'adhésion à un contrat fondé en droit et auquel doivent se soumettre les peuples pour advenir à la citoyenneté républicaine et démocratique. L'invention du suffrage universel comme mode d'expression et de validation du gouvernement du peuple par le peuple et à travers ses représentants élus est loin d'être un luxe.
Une évaluation objective et un argumentaire exhaustif pourraient bien démontrer que des pas ont été franchis, des capitales ont été édifiées, telle capitale africaine n'était qu'un village, telle autre, s'est édifiée dans le désert, afin de justifier que les indépendances exigeaient des efforts immenses pour la mise en place des jeunes Etats.
Quelques pays sont inscrits dans cette logique, en dépit des réticences et des résistances; d'autres tentent de s'y essayer, mais il y a encore les grands retardataires, dont naturellement la Mauritanie. Il ne s'agit pas de procéder à l'énumération, mais de reconnaître que c'est un fait, notre continent brille par la violence, l'intolérance et le non-respect de la différence. La Mauritanie qui est notre pays n'a pas fait le choix d'accepter sa diversité. Elle a fait un choix autre, celui du déni de la présence d'une communauté noire africaine afin de construire une cohérence idéologique contraire à sa réalité géographique et socio-culturelle.
Ainsi la Mauritanie, à l'aube de son indépendance, a inscrit une politique de la dénégation qui a orienté une structuration radicalement particulariste de l'Etat. Une Mauritanie s'est présentée avec un choix artificiel, renier son appartenance à son bloc naturel. Construction artificielle dans son principe et dans son choix idéologique, la Mauritanie a mis en mouvement une vision de l'Etat qui n'a fait que se développer à travers les différentes péripéties de notre histoire. De par sa nature exclusiviste et raciste, l'Etat mauritanien a entretenu une ambiance d'hostilité et de rejet de la communauté africaine noire qui, a pris conscience dès 1966 que l'avenir était sombre de par les décisions politiques qui émanaient de la volonté de Moktar Ould Daddah, premier président de la Mauritanie indépendante.
Dans ce contexte, l'enjeu était clair, soit les élites africaines se pliaient en contribuant à une logique de la domination et de l'oppression de la communauté africaine, soit elles optaient pour la résistance contre ce choix négationniste. Entre aliénation et résistance, les élites africaines mauritaniennes ont vécu des moments difficiles durant cette période qui reste à clarifier pour nos générations.
Certes, l'environnement politique continental ne favorisait pas l'émergence de l'Etat démocratique, mais il n'invitait pas à une logique aussi étroite et tribale, préméditée, donc programmée. Occulter la responsabilité historique du premier président mauritanien et son gouvernement, c'est faire l'impasse sur un moment inaugural de notre histoire politique. L'exaltation des pratiques traditionnelles et la prise en compte des mentalités arriérées et conservatrices, notamment féodales et esclavagistes n'ont pas milité en faveur des ruptures fondamentales. Des enjeux opportunistes ont présidé à la construction de la Mauritanie indépendante sans aucune prise en compte de l'exigence du bien-être du peuple. Ce ratage révélateur de la conjonction d'un manque de volonté fédératrice des différentes composantes du pays et de la décision politique de donner une orientation particulariste de notre pays ont fini par inscrire dans le paysage politique national une pratique conservatrice et sectariste des institutions du pays.
En ne s'inspirant pas de la configuration sociologique réelle du pays dans la perspective de la construction d'une nation moderne et fraternelle, le régime du premier président a donné le ton d'une Mauritanie conservatrice, arriérée, terreau du racisme, de l'esclavage et du chauvinisme. Une mise en perspective du conformisme et du statu-quo a déterminé l'offre politique de cette première génération qui a pris en mains le destin de notre pays sans en mesurer les conséquences sur l'avenir.
Ce constat en effet n'excuse pas la responsabilité des successeurs de Ould Daddah, de Mustapha Ould Mohamed Saleck jusqu'à Ould Abdel Aziz en passant par les autres et particulièrement le sanguinaire Ould Taya dont la période fut marquée par la mise en oeuvre planifiée du génocide contre la communauté africaine de Mauritanie. Quelles que soient les précautions et les différences de caractérisation, le régime de Taya a culminé dans la continuité politique du système de négation, d'oppression et d'exclusion des populations noires africaines mauritaniennes. C'est dire que depuis le 28 novembre 1960, la Mauritanie a fait le choix d'un agenda politique aux conséquences idéologiques catastrophiques pour la communauté africaine mauritanienne.
On n'a pas longtemps attendu pour assister à un tournant radical par rapport à l'agenda historique et pour la mise en place d'un agenda politique, avec ses différentes périodes qui, quelle que soit leur variation, n'ont jamais remis en cause le principe fondateur de la République de Mauritanie qui n'est autre que la négation de l'appartenance de la composante africaine à son pays. Certes aucun de nos présidents n'est comparable à Ould Taya en termes de choix politique dans la radicalité de la volonté de l'anéantissement de la présence africaine noire dans notre pays. Cependant, d'un point de vue culturel, idéologique, économique et social, il n'y a pas eu une politique différente qui puisse redonner confiance et espoir aux opprimés de sortir d'un cauchemar qui ne fait que se poursuivre.
Ainsi la rupture avec l'agenda historique fut traumatique, tragique, présageant ainsi d'un avenir sombre pour la composante qui ne sera pas reconnue dans son appartenance à la Mauritanie historique. Dès une logique de falsification de l'histoire a pris le dessus sur des orientations politiques de construction d'une identité mauritanienne fédératrice des aspirations du peuple mauritanien historique à se reconnaître dans un Etat, certes émergeant, mais porteur d'avenir pour tous les mauritaniens au regard de ses ressources naturelles considérables, l'immensité de son territoire et de sa faible démographie.
Les différentes péripéties de l'histoire de notre pays sont marquées par cette volonté politique de la non prise en compte de la réalité fondamentale de la Mauritanie. De l'indépendance jusqu'à l'avènement de Ould Abdel Aziz, notre pays s'est inscrit dans une tradition politique de mise en place d'un système d'oppression, et d'exclusion de la communauté africaine mauritanienne.
Certes, il était difficile de gérer l'héritage colonial, pour toutes les élites qui ont vu leurs pays accéder à l'indépendance. En ce début de l'histoire des souverainetés nationales, l'exercice était exigeant, mais exaltant. Les attentes des peuples pour un avenir meilleur ont facilité l'adhésion à un rêve de construction d'une communauté nationale libérée de l'esclavage et de la servitude qui étaient le sort que les autorités coloniales avaient réservé à nos sociétés. L'éradication de ces pratiques, qui dans le cas de la société mauritanienne, étaient des pratiques ancestrales exigeaient un courage politique et une culture progressiste qui ne constituaient pas les forces de l'élite dirigeante.
En effet, la première gouvernance n'a pas été bonne à tous les niveaux, notamment par son choix idéologique. Une politique de l'arabisation pointait à l'horizon bloquant ainsi l'avenir de la Mauritanie dans le concert des nations africaines naissantes qui constituaient son environnement géographique, culturel, économique et culturel. Il est indéniable que la construction d'une nation mauritanienne prospère, juste et égalitaire s'est heurtée à l'option idéologique d'une Mauritanie arabe initiée par Moktar Ould Dadadh poursuivie et renforcée par ses successeurs jusuqu'à Ould Abdel Aziz sans oublier la longue et terrible période du règne de la terreur avec Ould Taya.
Quel bilan faut-il faire à l'occasion de ce cinquantenaire de l'indépendance de la Mauritanie?
A la lecture du processus engagé depuis novembre 1960 jusqu'à l'exécution des 28 soldats africains noirs mauritaniens le 28 novembre 1991, après l'exécution de trois officiers le 6 décembre 1987, il n'était plus possible de célébrer d'une même voix l'indépendance nationale devenue un symbole du négationnisme et de l'extermination de la communauté africaine mauritanienne: une autre vision de l'appartenance à une même nation est née. Désormais le 28 novembre est synonyme de deuil, de mort et de déni d'appartenance à une même nation et à un même drapeau. Les symboles sont significatifs et révélateurs du vouloir vivre ensemble. Politiquement et humainement, le refus du vivre ensemble a été illustré par une politique barbare et criminelle.
Ould Abdel Aziz a confirmé et consolidé la continuité radicale du système mis en place dans le pays dès 1960 dont l'initiateur est Moktar Ould Daddah et la colonne vertébrale est Ould Taya. Ce n'est pas un hasard si Ould Abdel Aziz a réaffirmé l'arabité radicale de la Mauritanie en poursuivant les réformes accomplies par Ould Taya.
La lecture de son discours nous invite à saisir le message de la continuité d'une politique qui porte selon lui la modernisation de « la Mauritanie islamique, arabe, africaine, démocratique et réconciliée avec elle-même ». La Mauritanie, dans sa prétention et par une vision décalée de l'histoire, du moins idéologiquement n'a jamais voulu accepter sa réalité africaine, mais son idéalisation de la nation arabe en payant le prix fort de l'extermination, de la déportation et des massacres des populations noires. Ainsi, le bilan pour la communauté africaine, c'est un processus de déni d'appartenance qui ne s'est embarrassé ni de la foi, ni de la loi, mais de sa volonté de se désolidariser d'un vivre ensemble fondé sur la reconnaissance de la citoyenneté des filles et des fils de la Mauritanie.
Nous savons que toute nation se construit sur des idéaux et des rêves. Dans le sens positif les idéaux tirent vers la grandeur de la nation et la promotion de la justice, de l'égalité et de la démocratie. La référence à ces valeurs fondatrices de la République est inexistante. C'est constamment à la prose sur les projets de développement que se livrent nos différents présidents qui ont toujours brillé par leur manque d'envergure, de vision de l'histoire et de projet pour le pays. Car une politique de la haine, de la division, de l'exclusion, de la marginalisation n'est pas un pro-jet. Vouer une composante humaine à la mort, à l'anéantissement n'est pas l'expression d'un projet, mais d'une option, d'un choix porté par la volonté du néant.
Le cinquantenaire de notre indépendance est la célébration de 50 ans de médiocrité politique, de vacuité institutionnelle, d'arbitraire, d'injustice sociale, de pauvreté économique, de misère de manque de perspectives d'avenir. Ould Abdel Aziz n'incarne pas une politique d'avenir, lui, qui a choisi comme alliés, le président iranien Mahmoud Ahmadinejad, le président soudanais Omar El Béchir, le président lybien Mouammar El Kadhafi.
Les malheurs de la Mauritanie, à l'instar de bon nombre de pays du continent ont pour cause l'irresponsabilité politique, l'incompétence et l'absence de volonté de bâtir une nation juste, égalitaire et démocratique. Les dirigeants mauritaniens n'ont pas gouverné dans le but d'offrir au pays un cadre viable, une sociabilité fraternelle et démocratique. Il a été question pour eux de promouvoir l'hégémonie maure sur la communauté noire mauritanienne, la suprématie d'une composante sur une autre. La seule politique qui a prévalu, c'est celle de la domination et non celle de la promotion de la dignité humaine des populations.
La Mauritanie à l'heure du cinquantenaire est une Mauritanie où la citoyenneté n'a aucune valeur; tout est fondé sur le particularisme, le clientélisme. Ould Adel Aziz et ses prédécesseurs ignorent ce qu'un peuple attend de ses dirigeants. Faut-il souligner à leur attention ces propos de Nelson Mandela: « Ce qui ancre tous mes rêves, c'est la sagesse collective de l'humanité. Je suis plus que jamais convaincu que l'équité sociale est la seule voie vers le bonheur humain... Mes pensées tournent autour de ces questions. Elles sont centrées sur les humains et les idées qui les dirigent; sur le nouveau monde qui émerge; la nouvelle génération qui déclare une guerre totale à toutes les formes de cruauté, qui se dresse contre un ordre social qui maintient les privilèges économiques d'une minorité et condamnent les masses populaires à la pauvreté, à la maladie, à l'analphabétisme et aux malheurs d'une société stratifiée. » ( Conversations avec moi-même, p. 200).
En plus des exactions commises sur la communauté africaine mauritanienne, des violations des droits humains, du génocide, les dirigeants mauritaniens n'ont jamais eu le souci de l'équité sociale. Ils considèrent les fonds publics comme leurs propres ressources, les dépensent à leur guise et construisent des villas dans le désert et se baladent dans les capitales de l'Europe en toute insouciance et impunité. L'Etat mauritanien a toujours été voyou sans scrupules manipulant la communauté internationale qui,sans être dupe, ne fait rien contre cette succession de régimes abonnés à la mal-gouvernance.
La politique de l'obscurantisme a culminé avec Ould Abdel Aziz qui veut faire croire à la communauté internationale que son gouvernement est à l'avant garde de la lutte contre le terrorisme islamiste et l'immigration clandestine, nouvelles trouvailles pour occulter le problème fondamental de la Mauritanie: le système raciste et génocidaire. Ould Abdel Aziz ne se prononce pas sur la vérité du système, lui qui avait promis de faire la lumière sur les exactions tout en s'entourant de ses amis qui ont exercé des responsabilités criminelles durant les années de Terreur. Sa position entretient un flou très symptomatique au regard du vide de son discours qui ne mentionne pas le génocide, l'impunité et l'exigence de justice que portent les associations de la défense des droits humains.
En effet à l'heure où la plainte déposée contre Ould Taya pour crime contre l'humanité et crime de génocide se poursuit dans les tribunaux belges, Ould Abdel Aziz a voulu occulter l'impératif de justice en affichant une position de mépris et d'indifférence à l'égard des victimes de toutes les violations par le régime de Ould Taya. Les listes n'ont pas encore cité Ould Abdel Aziz, toutefois la présence de certains généraux occupant des positions importantes à ses côtés constitue un phénomène troublant.
Lors de son discours à l'occasion du 28 novembre, Ould Abdel Aziz n'a pas souligné les conditions inhumaines dans lesquelles vivent dans des camps de fortune nos compatriotes rapatriés du Sénégal, redevenus réfugiés dans leur propre pays et ce, dans leur terroir. Aucune lueur d'espoir ne se dégage de ce discours n'offrant ni un bilan, ni une projection vers l'avenir traçant les lignes d'un vivre ensemble qui tienne compte de la période cruciale que traverse la Mauritanie. Un discours conformiste qui s'adresse à l'opinion internationale pour la rassurer en se présentant en président qui donne une image sécurisante de la Mauritanie. L'usurpateur du siège présidentiel par la légitimation de son coup de force ne nous a pas fourni une légitimité fondée sur un programme d'ouverture politique et de tournant dans les pratiques institutionnelles.
La Mauritanie au cours de cinq décennies d'indépendance a déployé une machine de guerre contre sa composante africaine sur tous les plans au point que les victimes se surprennent à douter de leur appartenance à une nation qui s'est officialisée et enracinée dans une construction identitaire d'exclusion et d'oppression. Ce doute n'a pas adouci les offensives de proclamation permanente de l'arabité officielle et idéologique de la Mauritanie. Ould Abdel Aziz n'a pas tardé de souscrire à une politique cinquantenaire dont le bilan est d'avoir édifié un Etat raciste qui a su entretenir l'oppression des africains noirs mauritaniens sans se sentir menacé après la fin de l'apartheid et les éclaircies démocratiques qui ont rythmé la vie politique régionale, sous-régionale et internationale. Le cinquantenaire de la Mauritanie manque de pertinence et de légitimité en termes de construction d'une nation « trait d'union entre l'Afrique noire et l'Afrique blanche », selon l'expression du premier président mauritanien Moktar Ould Daddah. Il s'est avéré que le choix politique du trait qui unit a prévalu sur le trait qui efface et sépare. Ainsi l'union avec l'Afrique blanche fut l'option du régime contre la proximité avec l'Afrique noire.
La Mauritanie officielle a occulté l'agenda historique favorisant ainsi l'agenda politique dont les chiffres sont écrits avec la misère, la souffrance, les larmes et le sang de la communauté africaine, humiliée, exilée et réfugiée dans son propre pays. Le cinquantenaire est un deuil pour les populations noires, parce qu'il a abouti à une logique négationniste et génocidaire. Aucune réalisation n'a symbolisé le respect de la dignité et des droits fondamentaux de la communauté africaine mauritanienne. L'Etat mauritanien a raté son rendez-vous avec l'histoire. Ce cinquantenaire ne peut être celui d'une nation réconciliée avec elle-même et fière de ses réalisations. Il reflète une option fondatrice d'un Etat reposant sur l'injustice, l'esclavage, le racisme et la négation de l'universalité de la dignité humaine et des droit humains les plus fondamentaux. Le défi de la Mauritanie indépendante n'était pas le développement, la santé, l'école, mais la construction d'un Etat qui impose un système inégalitaire, oppresseur, instaurant l'hégémonie d'une composante sur l'autre. Un apartheid qui ne pouvait pas se nommer comme tel a bien vu le jour.
Le discours de Ould Abdel Aziz en porte la signature. Mais il faut espérer que la vérité finira par éclater et le rétablissement de l'agenda historique reprendra son cours. Rien ne doit alors nous détourner du refus de l'injustice et de la résistance contre un système raciste, esclavagiste, sanguinaire et mensonger. Contre les illusions, l'engagement pour une exigence de justice, d'égalité et de liberté. Non au mensonge, oui au respect de la dignité, au devoir de mémoire et à l'exigence de justice. Le cinquantenaire de la Mauritanie indépendante ne conforte pas dans notre aspiration à vivre dans ce rêve raté d'une Mauritanie fière de sa diversité et promise à un rôle qui, pour le coup pouvait devenir réalité « trait de l'union entre l'Afrique noire et l'Afrique blanche » et non une Mauritanie raciste, chauvine et esclavagiste qui condamne une partie de ses enfants à la mort, à la misère et à l'exil.
Hamdou Rabby SY
*Conseiller de l'AVOMM
Je laisse aux historiens nous démontrer en quoi dans les faits, la Mauritanie actuelle a honoré et respecté cet agenda historique. Il y a un choc entre l'agenda historique et l'agenda politique, voire une opposition dont la conciliation est retardée par une volonté politique dont l'agir a structuré la difficulté de la construction d'une communauté nationale.
En 1960, dans le sillage de beaucoup de peuples colonisés, la France du Général De Gaulle a octroyé à la Mauritanie l'indépendance sans aucune forme de procès. La Mauritanie de l'époque n'était pas sur la liste des peuples leaders ni sur le plan politique, ni sur le plan militaire, encore moins sur le plan idéologique. Les peuples dont les élites à l'époque, ont soit fait parler les armes, ou agité les idées ou ont résisté par les armes idéologiques n'occupent pas la même place dans le concert des nations dans le continent et dans le monde.
Le bilan général sur le continent est plus que catastrophique dans la mesure où aucun pays africain n'est sorti de la pauvreté, de la misère et n'a, de manière indéniable franchi le cap de l'enracinement dans une tradition démocratique. On pourra débattre infiniment sur la démocratie, le rythme des peuples, les réalités culturelles et historiques, mais on peut admettre sans complexe que la démocratie est un principe, un ensemble de pratiques politiques et institutionnelles fondées sur l'adhésion à un contrat fondé en droit et auquel doivent se soumettre les peuples pour advenir à la citoyenneté républicaine et démocratique. L'invention du suffrage universel comme mode d'expression et de validation du gouvernement du peuple par le peuple et à travers ses représentants élus est loin d'être un luxe.
Une évaluation objective et un argumentaire exhaustif pourraient bien démontrer que des pas ont été franchis, des capitales ont été édifiées, telle capitale africaine n'était qu'un village, telle autre, s'est édifiée dans le désert, afin de justifier que les indépendances exigeaient des efforts immenses pour la mise en place des jeunes Etats.
Quelques pays sont inscrits dans cette logique, en dépit des réticences et des résistances; d'autres tentent de s'y essayer, mais il y a encore les grands retardataires, dont naturellement la Mauritanie. Il ne s'agit pas de procéder à l'énumération, mais de reconnaître que c'est un fait, notre continent brille par la violence, l'intolérance et le non-respect de la différence. La Mauritanie qui est notre pays n'a pas fait le choix d'accepter sa diversité. Elle a fait un choix autre, celui du déni de la présence d'une communauté noire africaine afin de construire une cohérence idéologique contraire à sa réalité géographique et socio-culturelle.
Ainsi la Mauritanie, à l'aube de son indépendance, a inscrit une politique de la dénégation qui a orienté une structuration radicalement particulariste de l'Etat. Une Mauritanie s'est présentée avec un choix artificiel, renier son appartenance à son bloc naturel. Construction artificielle dans son principe et dans son choix idéologique, la Mauritanie a mis en mouvement une vision de l'Etat qui n'a fait que se développer à travers les différentes péripéties de notre histoire. De par sa nature exclusiviste et raciste, l'Etat mauritanien a entretenu une ambiance d'hostilité et de rejet de la communauté africaine noire qui, a pris conscience dès 1966 que l'avenir était sombre de par les décisions politiques qui émanaient de la volonté de Moktar Ould Daddah, premier président de la Mauritanie indépendante.
Dans ce contexte, l'enjeu était clair, soit les élites africaines se pliaient en contribuant à une logique de la domination et de l'oppression de la communauté africaine, soit elles optaient pour la résistance contre ce choix négationniste. Entre aliénation et résistance, les élites africaines mauritaniennes ont vécu des moments difficiles durant cette période qui reste à clarifier pour nos générations.
Certes, l'environnement politique continental ne favorisait pas l'émergence de l'Etat démocratique, mais il n'invitait pas à une logique aussi étroite et tribale, préméditée, donc programmée. Occulter la responsabilité historique du premier président mauritanien et son gouvernement, c'est faire l'impasse sur un moment inaugural de notre histoire politique. L'exaltation des pratiques traditionnelles et la prise en compte des mentalités arriérées et conservatrices, notamment féodales et esclavagistes n'ont pas milité en faveur des ruptures fondamentales. Des enjeux opportunistes ont présidé à la construction de la Mauritanie indépendante sans aucune prise en compte de l'exigence du bien-être du peuple. Ce ratage révélateur de la conjonction d'un manque de volonté fédératrice des différentes composantes du pays et de la décision politique de donner une orientation particulariste de notre pays ont fini par inscrire dans le paysage politique national une pratique conservatrice et sectariste des institutions du pays.
En ne s'inspirant pas de la configuration sociologique réelle du pays dans la perspective de la construction d'une nation moderne et fraternelle, le régime du premier président a donné le ton d'une Mauritanie conservatrice, arriérée, terreau du racisme, de l'esclavage et du chauvinisme. Une mise en perspective du conformisme et du statu-quo a déterminé l'offre politique de cette première génération qui a pris en mains le destin de notre pays sans en mesurer les conséquences sur l'avenir.
Ce constat en effet n'excuse pas la responsabilité des successeurs de Ould Daddah, de Mustapha Ould Mohamed Saleck jusqu'à Ould Abdel Aziz en passant par les autres et particulièrement le sanguinaire Ould Taya dont la période fut marquée par la mise en oeuvre planifiée du génocide contre la communauté africaine de Mauritanie. Quelles que soient les précautions et les différences de caractérisation, le régime de Taya a culminé dans la continuité politique du système de négation, d'oppression et d'exclusion des populations noires africaines mauritaniennes. C'est dire que depuis le 28 novembre 1960, la Mauritanie a fait le choix d'un agenda politique aux conséquences idéologiques catastrophiques pour la communauté africaine mauritanienne.
On n'a pas longtemps attendu pour assister à un tournant radical par rapport à l'agenda historique et pour la mise en place d'un agenda politique, avec ses différentes périodes qui, quelle que soit leur variation, n'ont jamais remis en cause le principe fondateur de la République de Mauritanie qui n'est autre que la négation de l'appartenance de la composante africaine à son pays. Certes aucun de nos présidents n'est comparable à Ould Taya en termes de choix politique dans la radicalité de la volonté de l'anéantissement de la présence africaine noire dans notre pays. Cependant, d'un point de vue culturel, idéologique, économique et social, il n'y a pas eu une politique différente qui puisse redonner confiance et espoir aux opprimés de sortir d'un cauchemar qui ne fait que se poursuivre.
Ainsi la rupture avec l'agenda historique fut traumatique, tragique, présageant ainsi d'un avenir sombre pour la composante qui ne sera pas reconnue dans son appartenance à la Mauritanie historique. Dès une logique de falsification de l'histoire a pris le dessus sur des orientations politiques de construction d'une identité mauritanienne fédératrice des aspirations du peuple mauritanien historique à se reconnaître dans un Etat, certes émergeant, mais porteur d'avenir pour tous les mauritaniens au regard de ses ressources naturelles considérables, l'immensité de son territoire et de sa faible démographie.
Les différentes péripéties de l'histoire de notre pays sont marquées par cette volonté politique de la non prise en compte de la réalité fondamentale de la Mauritanie. De l'indépendance jusqu'à l'avènement de Ould Abdel Aziz, notre pays s'est inscrit dans une tradition politique de mise en place d'un système d'oppression, et d'exclusion de la communauté africaine mauritanienne.
Certes, il était difficile de gérer l'héritage colonial, pour toutes les élites qui ont vu leurs pays accéder à l'indépendance. En ce début de l'histoire des souverainetés nationales, l'exercice était exigeant, mais exaltant. Les attentes des peuples pour un avenir meilleur ont facilité l'adhésion à un rêve de construction d'une communauté nationale libérée de l'esclavage et de la servitude qui étaient le sort que les autorités coloniales avaient réservé à nos sociétés. L'éradication de ces pratiques, qui dans le cas de la société mauritanienne, étaient des pratiques ancestrales exigeaient un courage politique et une culture progressiste qui ne constituaient pas les forces de l'élite dirigeante.
En effet, la première gouvernance n'a pas été bonne à tous les niveaux, notamment par son choix idéologique. Une politique de l'arabisation pointait à l'horizon bloquant ainsi l'avenir de la Mauritanie dans le concert des nations africaines naissantes qui constituaient son environnement géographique, culturel, économique et culturel. Il est indéniable que la construction d'une nation mauritanienne prospère, juste et égalitaire s'est heurtée à l'option idéologique d'une Mauritanie arabe initiée par Moktar Ould Dadadh poursuivie et renforcée par ses successeurs jusuqu'à Ould Abdel Aziz sans oublier la longue et terrible période du règne de la terreur avec Ould Taya.
Quel bilan faut-il faire à l'occasion de ce cinquantenaire de l'indépendance de la Mauritanie?
A la lecture du processus engagé depuis novembre 1960 jusqu'à l'exécution des 28 soldats africains noirs mauritaniens le 28 novembre 1991, après l'exécution de trois officiers le 6 décembre 1987, il n'était plus possible de célébrer d'une même voix l'indépendance nationale devenue un symbole du négationnisme et de l'extermination de la communauté africaine mauritanienne: une autre vision de l'appartenance à une même nation est née. Désormais le 28 novembre est synonyme de deuil, de mort et de déni d'appartenance à une même nation et à un même drapeau. Les symboles sont significatifs et révélateurs du vouloir vivre ensemble. Politiquement et humainement, le refus du vivre ensemble a été illustré par une politique barbare et criminelle.
Ould Abdel Aziz a confirmé et consolidé la continuité radicale du système mis en place dans le pays dès 1960 dont l'initiateur est Moktar Ould Daddah et la colonne vertébrale est Ould Taya. Ce n'est pas un hasard si Ould Abdel Aziz a réaffirmé l'arabité radicale de la Mauritanie en poursuivant les réformes accomplies par Ould Taya.
La lecture de son discours nous invite à saisir le message de la continuité d'une politique qui porte selon lui la modernisation de « la Mauritanie islamique, arabe, africaine, démocratique et réconciliée avec elle-même ». La Mauritanie, dans sa prétention et par une vision décalée de l'histoire, du moins idéologiquement n'a jamais voulu accepter sa réalité africaine, mais son idéalisation de la nation arabe en payant le prix fort de l'extermination, de la déportation et des massacres des populations noires. Ainsi, le bilan pour la communauté africaine, c'est un processus de déni d'appartenance qui ne s'est embarrassé ni de la foi, ni de la loi, mais de sa volonté de se désolidariser d'un vivre ensemble fondé sur la reconnaissance de la citoyenneté des filles et des fils de la Mauritanie.
Nous savons que toute nation se construit sur des idéaux et des rêves. Dans le sens positif les idéaux tirent vers la grandeur de la nation et la promotion de la justice, de l'égalité et de la démocratie. La référence à ces valeurs fondatrices de la République est inexistante. C'est constamment à la prose sur les projets de développement que se livrent nos différents présidents qui ont toujours brillé par leur manque d'envergure, de vision de l'histoire et de projet pour le pays. Car une politique de la haine, de la division, de l'exclusion, de la marginalisation n'est pas un pro-jet. Vouer une composante humaine à la mort, à l'anéantissement n'est pas l'expression d'un projet, mais d'une option, d'un choix porté par la volonté du néant.
Le cinquantenaire de notre indépendance est la célébration de 50 ans de médiocrité politique, de vacuité institutionnelle, d'arbitraire, d'injustice sociale, de pauvreté économique, de misère de manque de perspectives d'avenir. Ould Abdel Aziz n'incarne pas une politique d'avenir, lui, qui a choisi comme alliés, le président iranien Mahmoud Ahmadinejad, le président soudanais Omar El Béchir, le président lybien Mouammar El Kadhafi.
Les malheurs de la Mauritanie, à l'instar de bon nombre de pays du continent ont pour cause l'irresponsabilité politique, l'incompétence et l'absence de volonté de bâtir une nation juste, égalitaire et démocratique. Les dirigeants mauritaniens n'ont pas gouverné dans le but d'offrir au pays un cadre viable, une sociabilité fraternelle et démocratique. Il a été question pour eux de promouvoir l'hégémonie maure sur la communauté noire mauritanienne, la suprématie d'une composante sur une autre. La seule politique qui a prévalu, c'est celle de la domination et non celle de la promotion de la dignité humaine des populations.
La Mauritanie à l'heure du cinquantenaire est une Mauritanie où la citoyenneté n'a aucune valeur; tout est fondé sur le particularisme, le clientélisme. Ould Adel Aziz et ses prédécesseurs ignorent ce qu'un peuple attend de ses dirigeants. Faut-il souligner à leur attention ces propos de Nelson Mandela: « Ce qui ancre tous mes rêves, c'est la sagesse collective de l'humanité. Je suis plus que jamais convaincu que l'équité sociale est la seule voie vers le bonheur humain... Mes pensées tournent autour de ces questions. Elles sont centrées sur les humains et les idées qui les dirigent; sur le nouveau monde qui émerge; la nouvelle génération qui déclare une guerre totale à toutes les formes de cruauté, qui se dresse contre un ordre social qui maintient les privilèges économiques d'une minorité et condamnent les masses populaires à la pauvreté, à la maladie, à l'analphabétisme et aux malheurs d'une société stratifiée. » ( Conversations avec moi-même, p. 200).
En plus des exactions commises sur la communauté africaine mauritanienne, des violations des droits humains, du génocide, les dirigeants mauritaniens n'ont jamais eu le souci de l'équité sociale. Ils considèrent les fonds publics comme leurs propres ressources, les dépensent à leur guise et construisent des villas dans le désert et se baladent dans les capitales de l'Europe en toute insouciance et impunité. L'Etat mauritanien a toujours été voyou sans scrupules manipulant la communauté internationale qui,sans être dupe, ne fait rien contre cette succession de régimes abonnés à la mal-gouvernance.
La politique de l'obscurantisme a culminé avec Ould Abdel Aziz qui veut faire croire à la communauté internationale que son gouvernement est à l'avant garde de la lutte contre le terrorisme islamiste et l'immigration clandestine, nouvelles trouvailles pour occulter le problème fondamental de la Mauritanie: le système raciste et génocidaire. Ould Abdel Aziz ne se prononce pas sur la vérité du système, lui qui avait promis de faire la lumière sur les exactions tout en s'entourant de ses amis qui ont exercé des responsabilités criminelles durant les années de Terreur. Sa position entretient un flou très symptomatique au regard du vide de son discours qui ne mentionne pas le génocide, l'impunité et l'exigence de justice que portent les associations de la défense des droits humains.
En effet à l'heure où la plainte déposée contre Ould Taya pour crime contre l'humanité et crime de génocide se poursuit dans les tribunaux belges, Ould Abdel Aziz a voulu occulter l'impératif de justice en affichant une position de mépris et d'indifférence à l'égard des victimes de toutes les violations par le régime de Ould Taya. Les listes n'ont pas encore cité Ould Abdel Aziz, toutefois la présence de certains généraux occupant des positions importantes à ses côtés constitue un phénomène troublant.
Lors de son discours à l'occasion du 28 novembre, Ould Abdel Aziz n'a pas souligné les conditions inhumaines dans lesquelles vivent dans des camps de fortune nos compatriotes rapatriés du Sénégal, redevenus réfugiés dans leur propre pays et ce, dans leur terroir. Aucune lueur d'espoir ne se dégage de ce discours n'offrant ni un bilan, ni une projection vers l'avenir traçant les lignes d'un vivre ensemble qui tienne compte de la période cruciale que traverse la Mauritanie. Un discours conformiste qui s'adresse à l'opinion internationale pour la rassurer en se présentant en président qui donne une image sécurisante de la Mauritanie. L'usurpateur du siège présidentiel par la légitimation de son coup de force ne nous a pas fourni une légitimité fondée sur un programme d'ouverture politique et de tournant dans les pratiques institutionnelles.
La Mauritanie au cours de cinq décennies d'indépendance a déployé une machine de guerre contre sa composante africaine sur tous les plans au point que les victimes se surprennent à douter de leur appartenance à une nation qui s'est officialisée et enracinée dans une construction identitaire d'exclusion et d'oppression. Ce doute n'a pas adouci les offensives de proclamation permanente de l'arabité officielle et idéologique de la Mauritanie. Ould Abdel Aziz n'a pas tardé de souscrire à une politique cinquantenaire dont le bilan est d'avoir édifié un Etat raciste qui a su entretenir l'oppression des africains noirs mauritaniens sans se sentir menacé après la fin de l'apartheid et les éclaircies démocratiques qui ont rythmé la vie politique régionale, sous-régionale et internationale. Le cinquantenaire de la Mauritanie manque de pertinence et de légitimité en termes de construction d'une nation « trait d'union entre l'Afrique noire et l'Afrique blanche », selon l'expression du premier président mauritanien Moktar Ould Daddah. Il s'est avéré que le choix politique du trait qui unit a prévalu sur le trait qui efface et sépare. Ainsi l'union avec l'Afrique blanche fut l'option du régime contre la proximité avec l'Afrique noire.
La Mauritanie officielle a occulté l'agenda historique favorisant ainsi l'agenda politique dont les chiffres sont écrits avec la misère, la souffrance, les larmes et le sang de la communauté africaine, humiliée, exilée et réfugiée dans son propre pays. Le cinquantenaire est un deuil pour les populations noires, parce qu'il a abouti à une logique négationniste et génocidaire. Aucune réalisation n'a symbolisé le respect de la dignité et des droits fondamentaux de la communauté africaine mauritanienne. L'Etat mauritanien a raté son rendez-vous avec l'histoire. Ce cinquantenaire ne peut être celui d'une nation réconciliée avec elle-même et fière de ses réalisations. Il reflète une option fondatrice d'un Etat reposant sur l'injustice, l'esclavage, le racisme et la négation de l'universalité de la dignité humaine et des droit humains les plus fondamentaux. Le défi de la Mauritanie indépendante n'était pas le développement, la santé, l'école, mais la construction d'un Etat qui impose un système inégalitaire, oppresseur, instaurant l'hégémonie d'une composante sur l'autre. Un apartheid qui ne pouvait pas se nommer comme tel a bien vu le jour.
Le discours de Ould Abdel Aziz en porte la signature. Mais il faut espérer que la vérité finira par éclater et le rétablissement de l'agenda historique reprendra son cours. Rien ne doit alors nous détourner du refus de l'injustice et de la résistance contre un système raciste, esclavagiste, sanguinaire et mensonger. Contre les illusions, l'engagement pour une exigence de justice, d'égalité et de liberté. Non au mensonge, oui au respect de la dignité, au devoir de mémoire et à l'exigence de justice. Le cinquantenaire de la Mauritanie indépendante ne conforte pas dans notre aspiration à vivre dans ce rêve raté d'une Mauritanie fière de sa diversité et promise à un rôle qui, pour le coup pouvait devenir réalité « trait de l'union entre l'Afrique noire et l'Afrique blanche » et non une Mauritanie raciste, chauvine et esclavagiste qui condamne une partie de ses enfants à la mort, à la misère et à l'exil.
Hamdou Rabby SY
*Conseiller de l'AVOMM