Le corps du jeune Hector Petersen, 13 ans transporté par un de ses camarades. Cette photo permis de faire comprendre à la communauté internationale les horreurs de l'apartheid
Lorsque les lycéens de Soweto manifestèrent au mois de juin 1976 réclamant de meilleures conditions pour mener leurs études et refusant la dernière mesure prise pour renforcer le "Bantu Education Act ", la police sud africaine répliqua en utilisant du gaz lacrymogène et en tirant à balles réelles. Des dizaines de lycéens sans défense furent tués ce jour, et des centaines d'autres personnes lors des émeutes qui éclatèrent par la suite à Soweto et dans le reste du pays pendant toute l’année 1976. Ces événements marquèrent un tournant dans la lutte contre le régime raciste sud africain.
En 1953, le gouvernement sud-africain mis en place le "Bantu Education Act", qui créait entre autres un département consacré à la formation estudiantine des noirs. Le rôle de ce département était de créer un programme scolaire répondant à "la nature et au besoin des étudiants noirs". L’auteur du programme, le Dr Henrik Verwoerd (pronazi convaincu pendant la seconde guerre mondiale, et qui devint par la suite premier ministre de la république sud-africaine) déclarait alors : "on doit enseigner aux noirs dès leur plus jeune âge que l’égalité avec les blancs ne leur convient pas". Les noirs ne devaient pas recevoir un apprentissage leur permettant d’atteindre des positions auxquelles ils n’avaient pas droit dans la société. Au lieu de cela, ils devaient recevoir une formation qui leur permettrait aux d’occuper des emplois subalternes et de répondre aux besoins en main d’œuvre de l’économie sud-africaine.
Dans les années 60 et jusqu’au milieu des années 70, le "Bantu Education Act" était toujours en vigueur et les conditions d’enseignement pour les masses noires de mauvaise qualité (classes surpeuplées, enseignants non qualifiés). En 1975, le gouvernement sud-africain dépensait 644 rands par an pour un élève blanc contre 42 rands pour un élève noir. Mais l’augmentation du nombre de jeunes noirs ayant accès à de études secondaires développa la prise de conscience politique chez les jeunes noirs lycéens. Le Black Conciousness Movement de Steve Biko aida également à cette prise de conscience.
Aussi en 1976, lorsque le département chargé de la formation estudiantine des noirs publia un décret indiquant que la nouvelle langue d’enseignement serait l’afrikaans, la situation était déjà explosive et les lycéens noirs refusèrent d’étudier dans la langue de l’oppresseur. Au mois de juin, quelques lycéens de Soweto décidèrent d’organiser un boycott. Le 13, une réunion regroupa 400 lycéens. Au cours de cette réunion, Tsietsi Mashinini, 19 ans et leader du South African Students Movement appela à une manifestation pacifique le 16 contre l’usage de l’afrikaans.
Le 16 juin, entre 15 000 et 20 000 étudiants se réunirent à Soweto pour défiler pacifiquement, et démontrer leur solidarité. Le Boss (Bureau of State Security) fut pris de surprise et envoya un escadron de police former un barrage devant la tête de la manifestation afin de la bloquer. Les policiers demandèrent à la foule de se disperser, celle-ci refusa. Des chiens policiers furent alors lâchés et du gaz lacrymogène employé contre les manifestants. Un policier sorti une arme et sans avertissement préalable tira dans le tas. Parmi les premiers morts figurait le jeune Hector Petersen, 13 ans. La photo prise par Samuel Nzima, montrant le corps transporté par Mbuyisa Makubu, un lycéen de 18 ans, deviendra un des symboles des horreurs du régime pro-apartheid raciste d’Afrique du Sud. L’autopsie pratiquée plus tard révéla que le jeune Hector avait bien été tué par une balle dirigée contre lui et non par une balle perdue comme le déclara plus tard la police.
La mort de jeunes lycéens fit dégénérer la manifestation. Les manifestants répondirent à la police en jetant des pierres et des bouteilles. Des bâtiments officiels, des voitures et les symboles officiels de l’apartheid furent brûlés. Des unités anti-terroristes et des hélicoptères furent envoyés en renfort. Les affrontements entre les lycéens et les policiers durèrent toute la nuit. Au matin du 17 juin, le bilan officiel faisait état de 23 morts. Mais les estimations varient entre 25 et 100 morts pour le nombre de lycéens tués par balle. Des centaines d’autres personnes avaient été blessées. Dans les jours qui suivirent, les émeutes se propagèrent dans d’autres villes, et durèrent tout le reste de l’année 1976, faisant des centaines d’autres victimes (575 personnes furent tuées au total lors des émeutes de l’année 1976).
Les émeutes de Soweto constituèrent un tournant dans la lutte anti-apartheid dans la mesure où une nouvelle génération opposée à l’apartheid avait fait entendre sa voix. Parmi les manifestants, beaucoup furent obligés de prendre les chemins de l’exil afin d’échapper à la persécution du régime de Pretoria.
Un musée commémorant les émeutes de Soweto a vu le jour cette année lors du "National Youth Day", jour consacré à la jeunesse et à la mémoire des victimes du 16 juin 1976. Un jour marquant dans l’histoire de l’Afrique du Sud.
En 1953, le gouvernement sud-africain mis en place le "Bantu Education Act", qui créait entre autres un département consacré à la formation estudiantine des noirs. Le rôle de ce département était de créer un programme scolaire répondant à "la nature et au besoin des étudiants noirs". L’auteur du programme, le Dr Henrik Verwoerd (pronazi convaincu pendant la seconde guerre mondiale, et qui devint par la suite premier ministre de la république sud-africaine) déclarait alors : "on doit enseigner aux noirs dès leur plus jeune âge que l’égalité avec les blancs ne leur convient pas". Les noirs ne devaient pas recevoir un apprentissage leur permettant d’atteindre des positions auxquelles ils n’avaient pas droit dans la société. Au lieu de cela, ils devaient recevoir une formation qui leur permettrait aux d’occuper des emplois subalternes et de répondre aux besoins en main d’œuvre de l’économie sud-africaine.
Dans les années 60 et jusqu’au milieu des années 70, le "Bantu Education Act" était toujours en vigueur et les conditions d’enseignement pour les masses noires de mauvaise qualité (classes surpeuplées, enseignants non qualifiés). En 1975, le gouvernement sud-africain dépensait 644 rands par an pour un élève blanc contre 42 rands pour un élève noir. Mais l’augmentation du nombre de jeunes noirs ayant accès à de études secondaires développa la prise de conscience politique chez les jeunes noirs lycéens. Le Black Conciousness Movement de Steve Biko aida également à cette prise de conscience.
Aussi en 1976, lorsque le département chargé de la formation estudiantine des noirs publia un décret indiquant que la nouvelle langue d’enseignement serait l’afrikaans, la situation était déjà explosive et les lycéens noirs refusèrent d’étudier dans la langue de l’oppresseur. Au mois de juin, quelques lycéens de Soweto décidèrent d’organiser un boycott. Le 13, une réunion regroupa 400 lycéens. Au cours de cette réunion, Tsietsi Mashinini, 19 ans et leader du South African Students Movement appela à une manifestation pacifique le 16 contre l’usage de l’afrikaans.
Le 16 juin, entre 15 000 et 20 000 étudiants se réunirent à Soweto pour défiler pacifiquement, et démontrer leur solidarité. Le Boss (Bureau of State Security) fut pris de surprise et envoya un escadron de police former un barrage devant la tête de la manifestation afin de la bloquer. Les policiers demandèrent à la foule de se disperser, celle-ci refusa. Des chiens policiers furent alors lâchés et du gaz lacrymogène employé contre les manifestants. Un policier sorti une arme et sans avertissement préalable tira dans le tas. Parmi les premiers morts figurait le jeune Hector Petersen, 13 ans. La photo prise par Samuel Nzima, montrant le corps transporté par Mbuyisa Makubu, un lycéen de 18 ans, deviendra un des symboles des horreurs du régime pro-apartheid raciste d’Afrique du Sud. L’autopsie pratiquée plus tard révéla que le jeune Hector avait bien été tué par une balle dirigée contre lui et non par une balle perdue comme le déclara plus tard la police.
La mort de jeunes lycéens fit dégénérer la manifestation. Les manifestants répondirent à la police en jetant des pierres et des bouteilles. Des bâtiments officiels, des voitures et les symboles officiels de l’apartheid furent brûlés. Des unités anti-terroristes et des hélicoptères furent envoyés en renfort. Les affrontements entre les lycéens et les policiers durèrent toute la nuit. Au matin du 17 juin, le bilan officiel faisait état de 23 morts. Mais les estimations varient entre 25 et 100 morts pour le nombre de lycéens tués par balle. Des centaines d’autres personnes avaient été blessées. Dans les jours qui suivirent, les émeutes se propagèrent dans d’autres villes, et durèrent tout le reste de l’année 1976, faisant des centaines d’autres victimes (575 personnes furent tuées au total lors des émeutes de l’année 1976).
Les émeutes de Soweto constituèrent un tournant dans la lutte anti-apartheid dans la mesure où une nouvelle génération opposée à l’apartheid avait fait entendre sa voix. Parmi les manifestants, beaucoup furent obligés de prendre les chemins de l’exil afin d’échapper à la persécution du régime de Pretoria.
Un musée commémorant les émeutes de Soweto a vu le jour cette année lors du "National Youth Day", jour consacré à la jeunesse et à la mémoire des victimes du 16 juin 1976. Un jour marquant dans l’histoire de l’Afrique du Sud.